Le déclin de Sarkozy

Le doute ronge son camp (Photo AFP)

Le doute ronge son camp
(Photo AFP)

La droite sort du premier tour des régionales dans une forme encore plus mauvaise que la gauche. Elle ne rééditera pas son coup des départementales (elle avait privé la gauche d’un grand nombre de ses communes) et elle risque de n’emporter cette année que quatre ou cinq régions.

ELLE EST en outre divisée. Non sans magnanimité, la minorité des Républicains qui était favorable au front républicain (Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-Pierre Raffarin, Bruno Le Maire, etc.) a fini par céder devant l’autorité de Nicolas Sarkozy, avec le souci de ne pas faire de vagues entre les deux tours. Mais les concurrents de l’ancien président, Alain Juppé et François Fillon, voient bien qu’il est contesté (Éric Woerth et d’autres) et pensent sans doute que, après les élections, il sera temps de mettre cartes sur table et de dire si le parti va dans la bonne direction.

L’électeur fait ce qu’il veut.

Les déclarations de M. Sarkozy hier sur France 2 expliquaient sa décision de ne pas renvoyer l’ascenseur au parti socialiste bien que celui-ci ait ordonné aux listes PS dans trois régions de se retirer pour favoriser la victoire de la droite contre le Front national. M. Sarkozy n’a sûrement pas tort de dire que le programme de LR est tellement différent de celui de la gauche qu’une fusion des listes ou un désistement ne sauraient convaincre l’électorat. Il a même raison dans l’absolu : aucun candidat n’est propriétaire de ses voix et l’électeur orphelin du parti qu’il soutient peut voter pour qui bon lui semble. Bien entendu, l’opinion voit l’intransigeance de M. Sarkozy comme une forme achevée d’ostracisme. Et l’attitude qu’il a adoptée en a convaincu plus d’un, si l’en croit les micro-trottoirs des chaînes d’information, de refuser son suffrage à LR. Mais on est là dans le domaine des incertitudes. Normalement, des élections régionales ne devraient pas avoir tant d’importance. Le pouvoir des régions est plutôt limité et leurs élus n’ont pas une influence démesurée sur la vie politique du pays. Ce qui est nouveau et surprenant, c’est la dimension de la victoire du FN. Et c’est à ce sujet que les couteaux vont être tirés.

Ce que Sarkozy a réussi.

M. Sarkozy, depuis qu’il est revenu en politique, n’est pas resté inerte. Il a tout de même réussi à reprendre en main un parti divisé et très affaibli par les scandales et l’affrontement entre François Fillon et Jean-François Copé. Il a su également, ce qui laissait croire qu’il avait changé, donner assez de gages à l’UDI et au MoDem, les deux partis centristes, pour qu’ils fassent alliance avec les Républicains. La droite et le centre doivent à M. Sarkozy cette remise en ordre et cette unité. Malheureusement pour lui, le triomphe du Front, qui, bien sûr, est un coup pour la gauche au pouvoir, va aussi priver la droite, qui avait fait un score remarquable aux départementales, d’un succès de la même ampleur aux régionales. Dans ces cas-là, on cherche toujours un responsable et, dans le cas de M. Sarkozy, qui sait si bien se faire des ennemis en dehors de son camp et dans son camp, il est tout trouvé. En imposant sa stratégie au bureau politique de LR et à ses alliés, il a pris ses responsabilités. Si la conquête des régions se transforme en déroute, ce qui n’est pas impossible, ses « amis » lui demanderont des comptes.
Nicolas Sarkozy, dont les démêlés avec la justice sont loin d’être terminés et qui n’est pas à l’abri d’un procès avant les élections générales de 2017, n’est plus considéré comme le candidat unique de la droite. On s’en rendra compte au moment de la primaire. Mais il est contesté dès aujourd’hui au motif que, s’il n’est pas le bon candidat, il ferait mieux de se désister avant la primaire. La bataille va donc commencer entre les leaders de LR au lendemain des régionales, sauf si la droite et le centre font un carton, ce qui, pour le moment, semble improbable. De ce point de vue, Marine Le Pen a très bien travaillé : sa victoire au premier tour affaiblit en réalité plus la droite que la gauche. Mauvais présage pour le premier tour de la présidentielle en 2017. Il sera fort difficile de faire comprendre ce raisonnement à Nicolas Sarkozy, qui croit en son propre destin et l’a rappelé ces jours-ci. Il ne peut pas nier pour autant que les élections régionales risquent de lui porter un coup fatal.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Le déclin de Sarkozy

  1. Num dit :

    1. Attendons déjà les résultats de dimanche soir avant de tirer des conclusions hâtives: LR peut tout aussi bien gagner 10 ou 11 régions sur 13 et Sarkozy apparaître comme le grand vainqueur final.
    2. Dire que la victoire du FN affaiblit plus la droite que la gauche, c’est fort ! La gauche s’est auto-éliminée et aura 0 élu dans 2 ou 3 régions et va passer de 21 présidences de régions à 2 ou 3 ! Leur nombre de conseillers régionaux va être divisé par 3 et inférieur à celui du FN ! EELV et FDG ont des scores anecdotiques. Enfin le total gauche est inférieur à 35 %, plus bas historique qui ne laisse pas exactement présager des victoires futures.
    3. Enfin Sarkozy est loin d’être mort. D’abord parce qu’il demeure très populaire chez les militants et a de très fortes chances de gagner la primaire puis de réaliser un score élevé au 1er tour de 2017. Ensuite, parce que les résultats des régionales s’ils se reproduisent à la présidentielle (et on imagine mal qu’il puisse en être autrement), vont tourner à la berezina pour Hollande (éliminé du 1er tour) et pour le PS qui va perdre énormément d’élus aux législatives.
    À dimanche soir !

  2. Aussel dit :

    Il est important que les médecins ne soient soumis à aucune contrainte.
    Leur 7 ou 8 années d’enseignement plus s’ils souhaitent avoir une spécialité.
    Peu comprennent la responsabilité qu’ils ont par rapport à la vie des malades qui avec l’émergence
    des nouvelles maladies dues à la longévité d’une part, et à toutes ces nouvelles bactéries qui se
    développent. Ses bactéries prennent l’avion comme tout le monde !
    Ceux qui croient en faire des fonctionnaires ne comprennent rien à la charge qui pèse sur les médecins.

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