Tension entre Hollande et Valls

Deux projets différents (Photo AFP)

Deux projets différents
(Photo AFP)

Un sondage YouGov publié ce matin situe la popularité du chef de l’État à 15 % et celle du Premier ministre à 20 %. Non seulement Manuel Valls ne sert pas de fusible au président, comme on le constate historiquement dans le fonctionnement de la Vè République, mais les difficultés politiques entraînent vers le fond les deux têtes de l’exécutif. D’où des tensions entre les deux hommes.

MM. HOLLANDE ET VALLS ne sont pas sur la même longueur d’onde. Le premier veut réformer tout en associant la majorité à son action politique, ce qui est logique puisqu’il ne peut pas en changer. Le second veut réformer contre la majorité s’il le faut. Le problème, c’est que M. Hollande a été élu sur un autre programme que celui qu’il entend aujourd’hui mettre en oeuvre. Il espère encore trouver grâce auprès de l’opinion en obtenant, d’ici à l’élection présidentielle, des résultats sur les plans économique et social. N’importe qui peut lui dire qu’il se trompe, mais il n’a pas vraiment le choix. Il n’aurait pas été élu s’il n’avait fait miroiter des mesures certes inspirées par l’équité mais à contre-courant du fonctionnement de la machine économique et de la nécessité de trouver des parades aux conséquences néfastes de la mondialisation. Il aurait échoué encore plus vite s’il s’était contenté de tenir ses promesses.

La partie est perdue.

M. Valls, de son côté, est conscient que la partie électorale est perdue. Il sait que, si les réformes sont menées à leur terme, le gouvernement sera conspué quand même. Il ne recherche donc qu’un succès d’estime qui lui permettrait plus tard de briguer la magistrature suprême. Il ne dit pas, mais sans doute le croit-il, que François Hollande, dans le processus, doit se sacrifier pour que les réformes soient adoptées. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que le président de la République ne l’entend pas de cette oreille. D’où ses valses-hésitations. Il veut bien réformer mais pas en aggravant l’horrible réputation que lui font diverses gauches, qui éprouvent pour lui de l’aversion parce qu’il les a trompées et exècrent Manuel Valls parce qu’il veut passer en force. Le vrai débat sur la réforme du travail n’est pas entre le pouvoir et sa majorité, ni entre le pouvoir et les syndicats. Il se situe entre MM. Hollande et Valls et il porte sur les aménagements à la réforme qui permettraient de calmer le jeu politique.

Résultat : on renonce.

Mais on devine où cette confusion nous conduit : à des renoncements. Si on fait la réforme souhaitée par les syndicats, elle n’aura aucun impact sur l’emploi. Inutile de dire que le chef de l’État aura le dernier mot. Les journaux laissent entendre que M. Valls aurait informé le président qu’il démissionnerait si la réforme était adoucie au point de ne rien changer de fondamental dans les relations entre les entreprises et les salariés. Il y va en effet de sa crédibilité. Dans tous les cas de figure, son départ l’arracherait à la plongée vers les abimes où l’entraîne l’impopularité de M. Hollande. Mais bien entendu, il se couperait définitivement de la gauche, sans avoir de force politique de rechange. Ce à quoi il pense probablement, c’est à une recomposition des formations politiques et à créer une nouvelle force qui additionnerait tous les réformistes du centre et de la gauche. Bon courage. Simultanément, il ne peut pas écarter l’hypothèse d’un renoncement de François Hollande à se présenter pour un second mandat. Dans ce cas, il voudrait lui-même se présenter en 2017, mais avec quels soutiens ?

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Tension entre Hollande et Valls

  1. Stoloff dit :

    Valls ne peut s’en sortir que si Hollande est éliminé au premier tour et qu’en suite le PS s’effondre électoralement. C’est alors seulement qu’il pourra proposer une mutation profonde de ce parti en l’élargissant à sa base électorale qui le suit plus que les militants et en se présentant comme le seul ayant un projet susceptible un jour de ramener cette gauche rénovée au pouvoir. C’est par là qu’il aurait fallu commencer dès les années Rocard plutôt que se faire élire sur une politique soi-disant de gauche pour très vite virer vers le social-libéralisme

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