À QUOI BON dénoncer ce qui est évident depuis que la jeunesse est descendue dans la rue, ce qui suffit à donner des sueurs froides au gouvernement ? Sevrée au lait socialiste, l’UNEF a pris la réforme pour un complot capitaliste destiné à priver les jeunes de leurs droits. L’idée première de la réforme consistait à ouvrir le marché des CDI (contrats à durée indéterminée) aux primo-accédants. Les jeunes ne l’ont pas compris de cette manière, pas plus qu’ils n’ont compris le plafonnement des indemnités de licenciement. Tout le sens de la réforme était de favoriser les premières embauches. Ce n’est plus ça du tout. M. Valls a annoncé onze mesures d’aides aux étudiants et il a consenti à taxer les CDD, contrats courts, dans l’espoir de dissuader les petites entreprises d’utiliser cette forme d’embauche. Le résultat ne fait aucun doute : le recrutement ne se fera ni en CDI ni en CDD et le taux de chômage augmentera.
Une pantalonnade.
Mais au moins retrouvera-t-on, examens et vacances aidant, la paix sociale ! Toute l’affaire se résume à une grotesque pantalonnade : le gouvernement a proposé une réforme sérieuse, il s’est heurté aux frondeurs, puis à toute la gauche, puis aux jeunes, ce qui le terrorise particulièrement. Non seulement il a renoncé à sa réforme initiale, mais il s’oriente vers un texte dont le contenu est de nature à aggraver le chômage. Car l’enjeu a changé : il ne s’agit plus de s’attaquer avec courage à un système qui a créé 6 millions de chômeurs, il s’agit d’apaiser ceux qui crient, qui manifestent ou passent la nuit debout sans très bien savoir ce qu’ils veulent, sans que leurs palabres aboutissent au moindre résultat utile, comme si la meilleure façon de lutter contre le chômage consistait à en parler. Pire : voilà les orateurs de « Nuit debout » lancés dans la recherche d’un monde meilleur, de relations sociales améliorées, du « vivre ensemble » alors même que le terrorisme rôde et risque de s’en prendre à ces rassemblements que rien ne protège. Le pouvoir est pris au piège. Il n’a plus que le souci de sa réputation. Il se dit que s’il s’appuie sur l’argument de l’insécurité, il sera cloué au pilori. Donc, il ne dit rien. Puis les casseurs, et non les terroristes, démolissent quelques vitrines et les CRS sont obligés d’intervenir. Ils veillent à leur manière sur les manifestants.
Folles promesses.
Quelle fin de mandat ! La loi travail sera la Berezina de François Hollande, la défaite majeure de son mandat, qui en compte d’autres. C’est la preuve d’une contradiction totale entre de folles promesses électorales et la réalité sociale du pays ; c’est l’impuissance à laquelle ces promesses, en créant un espoir démesuré, ont condamné l’exécutif ; c’est la certitude que le pays n’avancera pas avec ce gouvernement et que la dernière année du quinquennat n’apportera que déboires à la majorité ; c’est enfin l’amateurisme avec lequel toute cette séquence a été engagée : l’échec de M. Valls est principalement celui de la communication. Il fallait commencer par informer les syndicats, présenter d’emblée des points positifs à leurs yeux, montrer que la réforme était animée par un souci de justice, celle qui aurait donné aux chômeurs une chance de plus d’entrer dans le marché de l’emploi tandis que les détenteurs d’un CDI auraient eu une position moins confortable. À vouloir passer en force, le gouvernement se voit contraint de faire des concessions qui dénaturent la réforme. Quelle importance? L’essentiel, c’est le retour au calme. Lequel n’est pas assuré.
RICHARD LISCIA
Analyse juste.
La gauche ne sera pas au 2e tour en 2017, c’est maintenant certain. Ces renoncements permanents sont non seulement désastreux sur le fond mais également sur la forme quant à la cohérence de la politique gouvernementale.
Et Le Pen dépassera les 30%.
Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux que Hollande démissionne maintenant dans un ultime sursaut. Quoi qu’il en soit, l’année qui s’annonce va être très très longue et malheureusement une année de perdue pour la France.