La séquence des bonnes nouvelles

M. "ça va mieux" a peut-être raison (Photo AFP)

M. « ça va mieux » a peut-être raison
(Photo AFP)

Le chômage a diminué de 1,7 % au mois de mars, ce qui veut dire que la France a créé dans la même période 60 000 emplois. Le phénomène est exceptionnel, il ne s’était pas produit depuis 15 ans. Il se peut bien sûr que l’embellie soit de courte durée mais sur l’ensemble du premier trimestre, on note une bonne progression de l’emploi.

IL FAUT s’en réjouir, toutes convictions politiques confondues, car les chômeurs (encore trois millions et demi de personnes sans emploi) ont besoin d’un espoir. Et il faut se garder de faire la fine bouche : pour des raisons purement électorales, l’opposition tente, depuis hier soir, de résister à l’enthousiasme, de trouver bien des inconvénients à ce recul du chômage (et que dirait-on alors s’il avait progressé encore ?), de dénigrer une fois de plus l’action du gouvernement. C’est peut-être l’exécutif lui-même qui est le plus surpris par la bonne nouvelle, laquelle succède à celle de mardi matin, le contrat du siècle passé avec l’Australie. Peut-on enfin, dans tous les camps, respecter la vérité et reconnaître les faits ? Il est indispensable, pour tous ceux qui font métier de harceler le gouvernement, de montrer un peu d’équité à son égard : quand la critique cède à la mauvaise foi, celle qui est justifiée perd sa crédibilité.

Le mieux, ennemi du mal.

On n’a certes pas le droit de rêver, on doit attendre que l’amélioration soit confirmée, on doit écouter les spécialistes qui nous mettent en garde contre une satisfaction prématurée, mais il y a en l’occurrence une réalité irréfragable : dans tous les cas de figure et quoi qu’en pensent les experts, quand le chômage baisse, c’est mieux que lorsqu’il augmente. Cela ne change rien au débat qui oppose les partisans des réformes et ceux qui freinent des quatre fers. Il est plus probable que les 60 000 emplois créés en mars résultent d’un cycle naturel de l’économie, celui auquel François Hollande croyait à portée de la main dès 2012, qui n’a pas eu lieu à cause des blocages françaises, mais qui a fini par arriver, sous le triple effet des taux d’intérêt historiquement bas, de l’effondrement du prix de l’énergie et des matières premières et d’un rapport qui nous est plus favorable entre la valeur de l’euro et celle du dollar. De réforme, encore une fois, il n’y a point et ce n’est pas la loi travail revisitée par tous les tabous français qui y changera quoi que ce soit.

La baraka de Hollande.

On peut donc se féliciter d’un redémarrage apparent de notre économie sans tomber dans l’adulation du gouvernement. Et si, soudain, M. Hollande a de la chance, si, au terme de son mandat, il peut exciper de quelques résultats encourageants, s’il retrouve la baraka qui, en 2012, l’a conduit d’une popularité de 3 % à la victoire électorale, cela veut dire seulement qu’il doit être combattu sur la base de ce qu’il n’a pas fait et qu’il est urgent de faire, d’une offre politique enfin originale, et d’une rupture avec des habitudes qui nous ont terriblement affaiblis. Il ne faut jamais confondre les enquêtes d’opinion et l’action politique. Pour la campagne électorale qui a déjà pratiquement commencé, il existe un discours à tenir qui n’a rien à voir avec les statistiques fugaces du chômage. Il s’agit de rassembler les forces vives de la nation pour faire face à la décrépitude du pays, de tenir compte des effets de la mondialisation et de mettre au point les moyens de lutter contre eux, de rajeunir nos structures de production en favorisant les technologies nouvelles et la formation, et, surtout, de ne plus jamais croire que les choses se feront d’elles-mêmes, qu’un président a le pouvoir de réenchanter le rêve français, et que l’économie est un monstre endormi dont on attend le réveil.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à La séquence des bonnes nouvelles

  1. DANTEC dit :

    60 000 chômeurs en moins , ça ne veut pas dire 60 000 emplois créés.

    Réponse
    Ah bon ? Voulez-vous m’expliquer comment 60 000 personnes sont passées du statut de chômeur à celui de non-chômeur sans avoir trouvé un emploi ? Est-ce qu’elles sont toutes passées de vie à trépas ou toutes passées à la retraite ou ont toutes été rayées des registres ?
    R.L.

    • Michel de Guibert dit :

      C’est simple si les demandeurs d’emploi de catégorie A (sans emploi) sont passés en demandeurs d’emploi de catégorie B (activité réduite courte de moins de 78 heures au cours du mois) ou en demandeurs d’emploi de catégorie C (activité réduite longue de plus de 78 heures au cours du mois), cela fait baisser le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A… le seul qui ait baissé au mois de mars !

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