Sarkozy rattrapé par la justice

Sarkozy à la Baule avec Luc Chatel (Photo AFP)

Sarkozy à la Baule avec Luc Chatel
(Photo AFP)

Le parquet de Paris a requis le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy et de treize autres personnes pour le délit de financement illégal de la campagne présidentielle de 2012. L’ancien président risque d’être gêné dans sa campagne actuelle pour l’investiture de la droite.

C’EST L’AFFAIRE Bygmalion qui vient, comme il était aisé de le prévoir, perturber les projets de M. Sarkozy. En effet, les juges d’instruction ont un mois pour donner suite (ou non) aux réquisitions du parquet et M. Sarkozy risque de se retrouver au tribunal avant même que n’ait commencé la primaire, prévue pour les 20 et 27 novembre. M. Sarkozy, il est important de le préciser, n’est pas accusé d’avoir eu connaissance d’un système de fausses factures qui consistait, grosso modo, à doubler le prix des prestations que Bygmalion faisait payer à l’UMP, mais d’avoir dépassé le plafond des dépenses électorales qu’un candidat doit respecter. En l’occurrence, ce plafond est de 22 millions d’euros et le candidat de la droite en 2012 en aurait dépensé plus du double. Il n’a cessé de contester le dérapage de ses dépenses, bien qu’il ait commandé de nouveaux meetings alors qu’il avait été informé du montant excessif des dépenses du parti.

Un satisfecit pour Fillon.

Malgré un effort des autres candidats pour apaiser le climat de la primaire à droite, en évitant les accusations ad hominem qui ne cessent d’émailler la campagne, l’ancien Premier ministre, François Fillon, a refusé de retirer ses propos sur la mise en examen de Nicolas Sarkozy, selon lui incompatible avec sa candidature. La décision du parquet lui apporte une sorte de satisfecit dans la mesure où elle confirme que l’action politique de M. Sarkozy dépend étroitement d’une séquence judiciaire qui risque de ruiner ses espoirs avant même de solliciter et a fortiori d’obtenir les suffrages populaires. Les autres candidats de la droite ne diront rien des difficultés de M. Sarkozy ; ils n’en seraient pas moins soulagés si la justice les débarrassait de cet remuant rival. Mais ils ne doivent pas vendre la peau de l’ours : M. Sarkozy retardera par tous les moyens que trouveront ses avocats sa comparution devant un tribunal et pourrait arriver indemne jusqu’à la présidentielle, étant entendu que, s’il est élu, l’action de la justice sera différée jusqu’à la fin de son mandat. Ses détracteurs sont d’ailleurs convaincus qu’il ne veut être élu que pour échapper à la justice en bénéficiant de l’immunité présidentielle.

Une accusation sérieuse.

Le dossier de l’affaire Bygmalion, bien plus que l’affaire Bettencourt, où M. Sarkozy n’a même pas pu être égratigné par la justice, est toutefois lourd de menaces pour lui. Il aura, en effet, beaucoup de mal à expliquer que l’importance de l’enjeu de la présidentielle de 2012 l’a rendu aveugle et sourd aux préoccupations de ses collaborateurs face à des dépenses qui avaient explosé. Bref, à affirmer devant une cour qu’il ne savait rien du fameux dépassement du plafond. Le pire, peut-être, c’est que l’affaire ramène M. Sarkozy dans cet étrange cycle politico-financier auquel il n’a cessé, depuis quatre ans, de tenter de s’arracher. Sachant que les sondages indiquent que les Français ne souhaitent pas qu’il se présente de nouveau (pas plus qu’ils ne veulent d’une candidature du président Hollande), il est persuadé qu’il peut les faire changer d’avis grâce à une campagne fulgurante qui, il faut le dire, lui apporte déjà une dynamique plus forte que celle de ses concurrents. L’ombre de la justice pourrait donc ralentir ce mouvement qu’il tente d’imprimer à son action et encourager ses rivaux à rappeler que, pour ce qui les concerne, ils ne risquent pas d’être désavoués avant ou après avoir été élus.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Sarkozy rattrapé par la justice

  1. chamouard dit :

    Vous allez bien vite en besogne ! Nicolas Sarkozy n’est pas mis en examen …et cette affaire ressurgit au même moment que le dossier Cahuzac…bizarre.

    Réponse.
    Nicolas Sarkozy est mis en examen dans deux affaires. Avant de vous indigner, lisez plus attentivement.
    RL

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