Une gauche suicidaire

Mélenchon samedi à la fête de l'Huma (Photo AFP)

Mélenchon samedi à la fête de l’Huma
(Photo AFP)

Les frondeurs se sont réunis à la Rochelle pour réitérer leur hostilité à François Hollande. Conscients, cependant, que les divisions de la gauche conduisent l’actuelle majorité à la déconfiture, ils cherchent les conditions d’un rassemblement sans en définir les contours.

LE PREMIER secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, leur a signifié ce matin que leur appel à l’unité arrivait bien tard. Il aurait pu également souligner qu’il n’était pas clair : souhaitent-ils que François Hollande participe à une primaire de toute la gauche ? Mais non, ils ne veulent pas du président. Pourtant, si le chef de l’État veut se présenter pour un second mandat, il dispose de quelques soutiens et représente au moins 15 % de l’électorat, quand toute la gauche réunie ne parvient plus à obtenir que 35 % des suffrages. Elle est clairement minoritaire et ne peut espérer parvenir au second tour que si aucune voix ne manque à son candidat au premier tour.

Menacée d’une disparition durable.

Les frondeurs n’ignorent pas davantage que Jean-Luc Mélenchon fait, dans les sondages, un score comparable à celui du président. Ils lui demandent donc de participer à la primaire. Il ne veut rien savoir. Il veut tenter sa chance en dehors de la primaire de la gauche pour mieux s’assurer de la défaite de François Hollande, un peu comme François Bayrou s’apprête à détruire la candidature de M. Sarkozy. L’anti-hollandisme est devenu l’obsession de tous les dissidents de la gauche, mais il est suicidaire, car le président peut jouer le même jeu que ses rivaux du premier tour : maintenir sa candidature et casser la gauche en plusieurs morceaux, ce qui assurera sa disparition pour plusieurs années, et livrera la scène politique à une bataille homérique entre la droite et le Front national. Perspective qui, d’ailleurs, n’est pas saine pour le pays. On se demande à quoi riment ces stratégies électorales disparates qui, toutes, convergent vers une déroute historique, et comment les Montebourg, Hamon, Duflot, Mélenchon, le PC, l’extrême gauche, imaginent qu’ils s’orientent vers une clarification de leur démarche. Tout se passe comme si l’essentiel était d’être candidat, pas de l’emporter. Il s’agit de passer un bon moment médiatique avant le déluge. `
M. Cambadélis rappelle que, au début, il était favorable à une primaire de Macron à Mélenchon, ce qui laisse entendre qu’Emmanuel Macron n’aurait pas d’autre choix que de se présenter en tant que candidat de gauche, ce qu’il n’est pas vraiment dès lors qu’il a quitté un gouvernement socialiste parce qu’il proposait une politique libérale qui a été rejetée. Inutile de dire que, compte tenu de la taille insuffisante du gâteau, l’irruption de M. Macron dans la bataille post-primaire aggraverait l’émiettement de l’électorat, écartelé entre M. Mélenchon et l’ancien ministre de l’Économie, sans compter le candidat qui émergera de la primaire et pourrait bien être M. Hollande.

Si la droite perd, ce sera sa faute.

Pour la droite en tout cas, il n’y a pas de raison de s’inquiéter de ce qui se passe à gauche, parce que tout ce que font les socialistes, en ce moment, c’est creuser davantage les clivages de leur camp. La droite voit s’ouvrir devant elle un très large boulevard qui va de la confusion actuelle à la victoire au second tour de la présidentielle. Si elle échoue, elle ne pourra s’en prendre qu’à elle-même. Or les ingrédients de l’échec existent, par exemple, la volonté de certains candidats de raisonner en termes de carrière personnelle plutôt que dans le cadre de l’intérêt général. Nicolas Sarkozy en est le meilleur exemple, qui croit être invincible grâce à sa technique de conquête du pouvoir. Il est assurément capable de retourner une foule en sa faveur. Il a un talent oratoire plus grand que celui d’Alain Juppé. C’est pourtant l’ancien Premier ministre qui apparaît comme celui qui, au premier tour, peut arriver en tête et, au second, vaincre Marine Le Pen avec une marge plus élevée que celle des autres candidats, ce qui serait très important pour la suite.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Une gauche suicidaire

  1. Andre MAMOU dit :

    Et s’il remporte la primaire Nicolas Sarkozy ? Il devrait laisser sa place à Alain Juppé, favori des sondages?
    Tant que l’insécurité, le terrorisme, les islamistes- salafistes feront parler d’eux en prime time , tant que les problèmes de burkha, de burkini, de voiles islamiques seront à la une des quotidiens, tant que les musulmans n’accepteront pas de se montrer  » discrets » et envahiront les rues pour les 5 prières quotidiennes, le peuple de France se tournera vers le FN ou alors fera confiance à celui qui lui apparaîtra le plus apte à  » nettoyer au Karcher » les villes, les villages et les cités .
    Alain Juppé est perçu comme peu énergique , trop mou et peu enclin aux solutions radicales. S’il veut remporter la primaire il doit reprendre le discours sécuritaire et identitaire de Sarkozy sinon c’est ce dernier qui l’emportera.

  2. mXmF dit :

    Oui, contrairement à ce que l’on peut encore lire ici ou là, ce qui importe prioritairement aux électeurs aujourd’hui, ce n’est pas la situation économique, c’est l’islamisation de l’Europe et de la France. Il est commode de réprouver cette préoccupation, au besoin avec des épithètes peu flatteurs de « xénophobie », « racisme », « islamophobie » ou les termes de « frilosité », « repli sur soi », « haine », « réactionnaire », cependant de moins en moins convaincants à mesure que l’islam augmente son emprise (matérielle et symbolique ; guerrière et civile) sur la société française qui ne la souhaite pas. Et dont la quasi totalité n’est pas plus formée d’infâmes fascistes ou nazies que la population musulmane n’est formée de monstrueux salafistes. Il semble – aujourd’hui du moins – que là se tiendra le déterminant principal de cette élection présidentielle et des élections législatives subséquentes. Les opinions en présence ne sont pas méprisables quoi qu’en disent les extrémistes des deux parties.

  3. BCC dit :

    Pourtant c’est sur l’économie que devrait porter le projet de société du futur candidat, sur le partage et le travail pour tous. Cela éviterait aux esprits fragilisés par l’envie, l’isolement moral et matériel de sombrer dans les gouffres allant jusqu’au suicide des premiers gourous venus. Il y a eu des sectes isolées. Aujourd’hui ce sont des extrémistes islamistes.
    Les plus fragiles sont les 15-30 ans Qui n’ont pas de visibilité sur leur avenir.
    Donc c’est là qu’il faut agir. Un ado qui ne plus admirer et respecter les adultes qui l’entourent parce qu’ils tombent chaque jour plus bas dans la misère se tournera vers celui qui le convaincra qu’il est admirable .
    C’est contre la misère et les fossés qui se creusent qu’il faut travailler et non sur sa carrière ou son image.

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