Calais : le retour de l’État

Les premiers départs au petit matin (Photo AFP)

Les premiers départs au petit matin
(Photo AFP)

L’évacuation de la « jungle » de Calais a commencé ce matin, elle prendra plusieurs jours et elle ne sera pas facile. Elle correspond à la deuxième et dernière phase d’une opération qui a déjà permis le transfert de près de la moitié des migrants dans diverses villes d’accueil.

IL EST injuste de critiquer le gouvernement pour une action qui l’honore, même si, forcément, le départ de plus de 6 000 migrants vers d’autres horizons ne peut pas se dérouler dans une harmonie absolue. Les pouvoirs publics ont compris le problème posé par l’arrivée spontanée et anarchique de milliers de personnes pour qui, jusqu’à présent le terminus est l’Angleterre, pas la France. Ils ont compris que la simple répression, pour des personnes qui n’ont commis aucun acte délictueux sinon celui de passer la frontière sans visa, n’est pas possible. Ils ont compris que les traiter par le seul rejet était indigne pour la France et pour les migrants. Ils ont compris que même leur transfert et surtout leur transfert nécessitait de très nombreuses précautions et une organisation sans failles.

Il n’y a pas de solution parfaite.

Ils sont parvenus à un résultat : ils ont réussi à faire passer au Royaume-Uni un faible nombre de clandestins au titre du rassemblement familial. Ils ont donné à chaque individu le moyen de s’exprimer, d’expliquer ses objectifs et même de choisir l’endroit où il souhaite aller dès lors qu’il ne peut franchir la frontière britannique. Le gouvernement a travaillé avec la coopération des associations, qui lui apportent une aide précieuse. Bien sûr, il y a des récalcitrants, des personnes qui ne renoncent pas à leur rêve anglais, des gens qui se posent mille questions angoissées sur leur avenir dans un coin de France qu’ils ne connaissent pas. Il n’y a pas de solution parfaite, mais il y a une volonté de dignité chez nos dirigeants qui les honore. Ceux qui continuent à tirer à boulets rouges sur le gouvernement au sujet de Calais sont en parfaite contradiction avec eux-mêmes : ce sont les mêmes qui jugeaient intolérable la présence de cet immense bidonville à deux pas du centre-ville. S’il est vrai que le ministre de l’Intérieur et ses services tirent une certaine satisfaction de ce qu’ils sont parvenus à accomplir, s’il est vrai que la maire de Calais n’est toujours pas rassurée, si des incidents peuvent encore se produire, il reste que le gouvernement a traité le sujet avec des moyens plutôt considérables et que, en définitive, il n’existait pas de méthode différente.

Le risque des nouvelles arrivées.

On comprend d’ailleurs que les villes ou villages où les migrants sont transférés ne les accueillent pas de gaieté de coeur. On comprend que, pour qu’ils apprennent le français, trouvent un travail et commencent à devenir indépendants, il faudra beaucoup de temps et beaucoup d’efforts. Mais qu’aurait-on dit si nos dirigeants avaient négligé le problème, laissé Calais dépérir économiquement, s’ils étaient restés indifférents au sort de ces malheureux et les avaient abandonnés à la misère et à l’inévitable violence qu’elle engendre? Gouverner, c’est faire des choix imparfaits, ceux qui guérissent la douleur la plus forte, quitte à soigner ensuite les séquelles de la maladie. Tout le monde s’interroge: l’évacuation de Calais est-elle définitive ? D’autres migrants ne vont-ils pas revenir ? Le risque existe. L’évacuation de la moitié de la « jungle » n’a pas empêché la seconde moitié de se développer. Et, certes, l’abcès de Calais ne fait que traduire l’un des aspects d’une crise plus vaste et plus complexe, celle de l’immigration non contrôlée. Pour le moment, la France fait au mieux avec les moyens dont elle dispose.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Calais : le retour de l’État

  1. Andre MAMOU dit :

    Bravo Richard Liscia ! Un bien bel article : vrai , juste !

  2. JMB dit :

    Tout à fait dans la ligne du commentaire précédent.

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