Trump : stratégie du chaos

Trump en Caroline du Nord le 26 octobre (Photo AFP)

Trump en Caroline du Nord le 26 octobre
(Photo AFP)

Depuis la diffusion de la video dans laquelle Donald Trump se présente lui-même comme un machiste invétéré qui pratique le harcèlement sexuel, la campagne électorale aux États-Unis est moins passionnée. Hillary Clinton dispose depuis deux semaines d’une avance moyenne de six points dans les sondages, ce qui semble lui assurer la majorité absolue en voix des grands électeurs (environ 330 contre moins de 200 pour Trump) et en suffrages populaires.

DONALD TRUMP n’ignore pas que, sauf improbable coup de théâtre, il a perdu la partie. Même lorsqu’il avait une chance raisonnable de gagner, il a refusé de se plier à la discipline électorale que lui suggéraient ses conseillers. Hier encore, il s’est rendu à Washington pour y inaugurer un palace qu’il vient de construire et pour faire son traditionnel discours auto-satisfait sur sa capacité à brasser des milliards. Alors qu’il aurait été plus approprié qu’il défendît sa candidature dans l’un de ces swing states, les États indécis, où il peut encore gagner. Qu’est-ce qui explique son attitude ? La certitude que, de toutes les façons, il est le meilleur. Il n’arrête pas de dire que, s’il est vaincu, c’est que l’élection aura été truquée. Ce qui ne l’empêche pas d’ajouter, dans le même souffle, qu’il remportera une victoire écrasante.

Le lendemain du 8 novembre.

Cette contradiction signifie que Trump prépare le lendemain du 8 novembre. Selon certains analystes, il tirera de sa popularité un avantage financier, c’est-à-dire qu’il la mettra au service de la bonne marche de ses affaires. C’est la théorie la plus optimiste, parce que, à mon sens, il est préférable qu’il abandonne la politique. L’autre projet possible pour Trump, c’est d’investir le parti républicain, en éliminer ou mettre en minorité tous ceux de ses leaders qui se sont opposés à lui et en faire une machine de guerre pour 2020. Mais cette éventualité n’est pas la pire. Dans la nuit du 8 au 9 novembre, s’il perd, il hurlera à la falsification des résultats, il contestera la victoire d’Hillary Clinton, et il portera l’affaire devant la Cour suprême si le parti républicain ne s’empresse pas de le faire taire et de concéder sa défaite à sa place. Il n’exclut nullement la possibilité de faire un tel raffut qu’une fraction du peuple américain, celle qui continue à le soutenir contre vents et marées, pensera qu’elle a été privée de sa victoire.

Un coup porté à la démocratie.

Je crains qu’il porte un nouveau coup à la démocratie américaine parce que l’idée d’un échec lui est intolérable. Déjà, dans un certain nombre d’États du Sud, on parle de groupes qui viendraient sur les lieux de vote pour intimider les Noirs et les Latinos et exiger qu’ils prouvent leur nationalité. S’il y a trucage électoral, il viendra de la campagne de Trump, pas du parti démocrate. Trump n’est pas que l’ennemi des démocrates ou des progressistes, il est celui de l’Establishment, donc de son propre parti. Le seul moyen pour en finir avec ces manigances, c’est que l’élection éventuelle de Mme Clinton soit un triomphe qui élimine par la force des chiffres à la fois la notion mensongère d’un trucage et l’espoir de Trump de continuer à faire de la politique.
M. Trump a apporté à la démocratie américaine un élément d’instabilité qui n’a jamais existé auparavant. Il est même paradoxal qu’il soit jugé presque uniquement sur son caractère et sa moralité alors qu’il représente un danger institutionnel en inventant des règles inédites qui ne figurent ni dans la Constitution ni dans les lois. Sa candidature est devenue une nuisance majeure. Sa manière de diriger son entreprise lui a valu plus de 3 500 procès civils et il n’y a pratiquement pas de jour qu’une procédure ne soit pas intentée contre l’une de ses sociétés. Le seul moyen de le circonvenir, c’est de le mettre sur la défensive. La justice de l’État de New York, habituellement implacable pour les délinquants sexuels et les fraudeurs du fisc, devrait apporter une suite légale à ce que la campagne électorale nous a enseigné sur ses méthodes.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Trump : stratégie du chaos

  1. ojj dit :

    Il est né avec la cuillère en argent dans la bouche. Tout lui réussi en affaires, il est sans limite. Dans le cas présent il investit le champ de la politique. On pourrait penser que c’est son nouveau terrain de jeu. Il veut gagner et il est certainement mauvais perdant. Mais veut-il vraiment gouverner, je n’en suis pas sûr, car il me semble que si cela avait été le cas, il n’aurait pas fait ces saillies destructrices de sa propre image. Il ressemble à un clown diabolique et dangereux pour la concorde nationale.

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