Le brouillard des primaires

Valls a toutes ses chances (Photo AFP)

Valls a toutes ses chances
(Photo AFP)

Pour autant qu’ils soient fiables, les tout derniers sondages sur les primaires de la gauche et de la droite annoncent une percée des outsiders qui pourrait chambouler de fond en comble le résultat de l’élection présidentielle de 2017.

À DROITE, deux sondages Ifop et Kantar-Sofres confirment l’ascension de François Fillon, respectivement à 20 % et 18 % (1). Cette tendance ne suffit pas à envisager une victoire de l’ancien Premier ministre, sauf si, dans les cinq jours qui nous séparent du premier tour, il gagne plusieurs points, affaiblissant du même coup ses principaux rivaux. Pour le moment, les suffrages recueillis par M. Fillon se font clairement au détriment d’Alain Juppé qui, selon Ifop, ne recueille plus que 33 % des suffrages contre 30 % à Nicolas Sarkozy (qui perd un point). Le plus surprenant, c’est l’attaque virulente de Jean-François Copé contre M. Fillon. Bien qu’il n’ait aucun espoir de figurer au second tour, il reprend quelques arguments éculés, comme la participation de l’ancien Premier ministre à toutes les actions de son président. « On ne peut pas être et avoir été », réaffirme M. Copé.

L’épais mystère des intentions de vote.

Ce genre de remarque téléguidée, qui n’a même pas le mérite d’être neuf, ne diminuera pas le score de M. Fillon. Le sondage Kantar-Sofres indique d’ailleurs que Nicolas Sarkozy lui aussi est en hausse, à 30 %, contre encore 36 % à Alain Juppé. Si M. Fillon continue sur sa lancée, il ne réussira, sauf miracle, qu’à donner la victoire à l’ancien président. Or tout se joue au premier tour. Même en imaginant une marge d’erreur de plusieurs points, tous les sondages accordent au maire de Bordeaux une victoire sans appel au second tour. Et, jusqu’à présent, la partie semblait jouée : même en arrivant second au premier tour, M. Juppé devait l’emporter au second. Ce que montrent les toutes récentes enquêtes d’opinion, c’est que personne, aujourd’hui; ne peut en être certain. Un suspense nouveau caractérise la campagne, d’autant que Juppé investi par la droite et par le centre, c’était dans l’esprit de beaucoup de gens, Juppé président.
L’incertitude profonde de la campagne de la droite et du centre a pour parallèle celle de la campagne de la gauche. Un sondage publié aujourd’hui par BVA montre que François Hollande, s’il était candidat, serait battu par Arnaud Montebourg au second tour dans un rapport 52/48. L’ancien ministre de l’Économie apparaît comme l’un des rares candidats de la gauche qui bénéficie d’une popularité considérable. Il ne reculerait que face à Emmanuel Macron, son symétrique, ce qui montre que, quelle que soit l’idéologie véhiculée par les candidats, l’opinion souhaite mettre un réformiste au pouvoir, à droite comme à gauche, d’où les bonnes positions de Macron, Fillon et Montebourg.

Place réservée.

Cependant, si M. Hollande se retrouvait au second tour, il l’emporterait de justesse contre M. Macron (un seul point d’écart, ce qui n’est pas significatif). Mais le président sera-t-il candidat s’il sait qu’il va au casse-pipe ? Il continue de croire en sa chance. Il devrait plutôt tenir compte de l’excellente tenue de Manuel Valls dans les sondages. Le Premier ministre s’imposerait au premier tour de la primaire, face à M. Montebourg et face aussi à M. Macron. Au second tour il triompherait contre l’un ou l’autre des deux hommes, avec, respectivement 57 et 58 % des voix. Tout cela signifie que le chef du gouvernement n’est pas le fusible du président et, inversement, que la désaffection à l’égard de M. Hollande ne se reporte pas sur M. Valls. Lui aussi a une réputation de réformiste, même si ses réformes ont été insuffisantes. Le plus intéressant, c’est que Macron qui, au fond, lui dispute le même électorat, ne semble pas en mesure de la vaincre. La bonne question est la suivante : à la présidentielle, contre Manuel Valls, qui est le mieux armé, sachant que Marine Le Pen a sa place réservée au second tour : Sarkozy, Juppé ou Fillon ?

RICHARD LISCIA
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3 réponses à Le brouillard des primaires

  1. Andre MAMOU dit :

    Mais il y aura à la présidentielle un candidat écologiste, un candidat communiste, Mélenchon et Macron plus Hollande ou Montebourg ou Valls, donc dispersion des voix de gauche et il est difficile de penser qu’un de ces candidats puisse être premier ou second des candidats FN ou LR . Il est raisonnable de penser que le second tour de la présidentielle opposera MLP à Fillon-Juppé-Sarkozy. Au premier tour, Macron affaiblit Juppé qui pourrait être distancé par un candidat socialiste ou par Macron. Sarkozy, la droite bonapartiste, tiendrait mieux le choc que Juppé de la droite orléaniste.

  2. Num dit :

    Fillon va gagner la primaire, croyez-moi
    RDV lundi

  3. liberty8 dit :

    Les sondages pour une primaire n’ont aucune valeur.
    Un des derniers donne une forte remontée pour M. Fillon mais seulement 9 % des dits sondés disent aller voter à la primaire de la droite. Ces sondages sont trop confus.
    Mon pronostic : Juppé / Fillon . Victoire Fillon

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