Europe : signaux contradictoires

Joué et perdu (Photo AFP)

Joué et perdu
(Photo AFP)

On ne sait pas trop ce qu’il faut retenir de ce week end tourmenté en Europe, de la défaite du populisme en Autriche ou de celle de Matteo Renzi, président du Conseil italien, battu à plate couture à l’occasion d’un référendum sur la réforme de l’Etat et passé subitement du statut d’homme fort à celui de grand perdant.

EN AUTRICHE, il s’agit plutôt d’un répit accordé à une démocratie manifestement tentée par l’extrême droite, elle-même incarnée par un candidat à la présidence auquel les Autrichiens ont tout de même accordé 47 % de leurs suffrages. On ne boudera pas pour autant son plaisir, tant une prise du pouvoir, même sous la forme d’un poste plutôt protocolaire, par les populistes aurait sonné le glas européen des partis de gouvernement traditionnels. Mais qui sait ce que donneront plus tard des élections législatives dans un pays où l’extrême droite parvient à de tels scores ?

La chute de Matteo Renzi.

En Italie, la situation est complètement différente. C’est une coalition d’intérêts divergents qui a abattu Matteo Renzi, le séduisant quadragénaire qui, en deux ans, a beaucoup bousculé son pays, les partis politiques et quelques habitudes ancestrales jusqu’au moment où il a décidé de passer en force avec son référendum. On ne dira jamais assez combien M. Renzi a manqué de prudence et combien ce genre de consultation est un instrument dangereux pour celui qui y recourt. Il est anormal que des électeurs de son propre parti, le Parti démocrate (PD), aient voté avec ceux du Mouvement Cinque Stelle, de Beppe Grillo, de Silvio Berlusconi et de la Ligue du Nord, parti néo-fasciste et séparatiste. En annonçant, avec plus de témérité que de courage, qu’il démissionnerait si le non l’emportait, M. Renzi a fait du référendum ce qu’il ne doit jamais être mais devient inévitablement, un plébiscite sur sa personne. Avec 60 % de non, le verdict est accablant pour lui et il en a tiré aussitôt la leçon en démissionnant, ce qui ne veut pas dire d’ailleurs qu’il va quitter le pouvoir aussi vite qu’il le prétend. Le président de la République, Sergio Matarella, lui demandera sans doute de continuer à gouverner car de nouvelles élections législatives ne peuvent avoir lieu si la loi électorale n’est pas d’abord réformée.

La hâte de l’ambitieux.

Matteo Renzi proposait de mettre un terme au bicamérisme parfait en réduisant le nombre de sénateurs et les pouvoirs du sénat. Il s’agissait d’assurer la stabilité politique de l’Italie en préservant la longévité des gouvernements, dans un pays ressemblant à notre IIIè République, avec des coalitions d’intérêts sans rapport avec les lignes politiques et des présidents du Conseil qui ne duraient pas plus que quelques mois. M. Renzi lui-même a tenu deux ans et il n’est pas resté sans rien faire. Toutes ses réformes n’ont pas forcément produit des résultats positifs, notamment au niveau de l’emploi, mais elles allaient dans le bon sens. Cependant, sa façon de conquérir le pouvoir en écartant brutalement l’ancien président du Conseil Enrico Letta qui, pourtant faisait du bon travail et appartenait au même parti, et en bousculant ses amis de la gauche social-démocrate, Massimo d’Alema, ancien chef du gouvernement et Walter Veltroni, ancien maire de Rome, semblait indiquer une absence de scrupules et une hâte dictée par l’ambition. Puis, M. Renzi s’est attelé à la lourde tâche de recentrer le pouvoir à Rome en contournant la corruption dans les régions et a fait adopter le Jobs Act, une loi qui « libérait » le travail. Il s’est également dressé avant l’heure contre les politiques d’austérité dictées par Angela Merkel à toute l’Europe. Aujourd’hui, un consensus est en train de se former entre les Banques centrales, l’Europe et le Fonds monétaire international autour d’une politique active d’investissements pour relancer la croissance en Occident.
L’Italie avait d’abord besoin de contenir sa dette (130 % du PIB) et de créer des emplois. La réforme de l’Etat pouvait attendre et ne méritait pas le sacrifice de M. Renzi. Il manquera aux Italiens, même s’ils ne s’en rendent pas compte et si les partis ont manipulé leurs électeurs pour abattre un homme dont ils étaient jaloux. Renzi allait trop vite. Trop vite pour accaparer le pouvoir, trop vite pour les caciques pleins de componction qui dirigent l’Italie et ne sont jamais à l’abri de quelques compromissions, trop vite pour partir avant d’avoir réussi. Son tempérament est proche de celui de Manuel Valls. Ce sont deux Premiers ministres qui voudraient bien faire, mais ne savent pas ménager les susceptibilités d’une classe politique qui, malgré toutes ses erreurs, exige encore le respect.

RICHARD LISCIA

PS- Juste un mot pour dire que les déclarations de Ségolène Royal au sujet de l’absence de répression à Cuba constituent une ahurissante imposture. La ministre, qui obtint 47 % des suffrages lors de l’élection présidentielle de 2007, nous prend tous pour des imbéciles. Il y a un moment où le fol engouement des la gauche pour le castrisme devient tout simplement odieux.

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Une réponse à Europe : signaux contradictoires

  1. Chambouleyron dit :

    Comme une panacée démocratique le référendum nous piege en embuscade à chaque coin de rue des populismes de tous bord. Avec Maastricht, le brexit, Matteo Renzi …. La réserve que nous devrions avoir sur l’engouement d’un tel Appel au peuple de Madame Marion Anne Perrine Le Pen dite Marine devrait inciter à l’éviter mais elle fait florès même à gauche. Le programme uniquement comptable de Monsieur Fillon : Nous l’appréhendons . Croyez vous qu’il nous rendra heureux? Pour lui Alep c’est simplement une guerre civile. Bien évidemment avec des morts c’est ennuyeux. La diplomatie avec tout le monde oui mais copiner avec Poutine non depuis la Tchétchénie. Enfin de tous temps Fidel Castro caché derrière le SOCIALISME à fasciné le peuple de gauche alors que Ségolène y mette une touche finale, c’est dans le sens de l’histoire.

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