Un geste d’Israël

Netanyahu : position intransigeante (Photo AFP)

Netanyahu : position intransigeante
(Photo AFP)

La municipalité de Jérusalem a renoncé, au moins provisoirement, à voter sur l’octroi de permis de construire pour 618 logements à Jérusalem-Est. La décision a été prise cinq jours à peine après un vote du Conseil de sécurité de l’ONU stigmatisant la colonisation israélienne en Cisjordanie.

TOUT LE MONDE pensait que le gouvernement de Benjamin Netanyahu, indigné par la résolution du Conseil de sécurité, s’emploierait à ne pas la respecter. Le vote municipal de Jérusalem était prévu et l’exécutif israélien aurait pu ignorer la mise en garde de l’ONU, qui a été adoptée parce que les Etats-Unis, pour la première fois depuis 1979, se sont abstenus. M. Netanyahu avait alors parlé d’un « coup anti-israélien honteux » porté par Barack Obama. Les deux hommes ne s’entendent guère et le président américain, à quelques jours de la fin de son mandat, a sans doute voulu signifier à Israël sa profonde opposition à la création de nouvelles implantations israéliennes en territoire cisjordanien. Il s’en est suivi une crise diplomatique, Israël demandant des explications à des pays, notamment le Sénégal et la Nouvelle-Zélande, fortement impliqués dans la résolution, au sujet de leur attitude.

Maintien de la politique de colonisation.

Dans un tel contexte, le renoncement d’Israël à lancer une procédure de construction de nouveaux logements ne peut être compris que comme la traduction du désir de ne pas jeter de l’huile sur le feu et, peut-être, d’attendre des jours meilleurs pour reprendre la colonisation. Rien, en effet, ne permet de croire que l’Etat hébreu soit tenté par un changement de politique. Tout en exerçant des pressions sur les pays qui ont voté la résolution onusienne, Israël subit lui-même des pressions, dont la plus sérieuse est la conférence internationale organisée par la France le 15 janvier à Paris et qui est censée rechercher les voies et moyens de relancer le processus de paix entre Israéliens et les Palestiniens. M. Netanyahu, qui préconise des discussions directes et sans préalable entre son gouvernement et l’Autorité palestinienne, n’a jamais caché son hostilité à cette initiative diplomatique de la France.
Pour comprendre à quoi correspond cette soudaine effervescence au sujet du problème palestinien, il faut d’abord constater que Barack Obama entend exercer ses pouvoirs présidentiels jusqu’au dernier jour de son second mandat. L’abstention imprévue des Etats-Unis au Conseil de sécurité exprime les frustrations d’une diplomatie américaine qui, sous la houlette de John Kerry, s’est heurtée à un mur chaque fois qu’elle a tenté de relancer le processus de paix. L’abstention ne signifie pas pour autant que l’Amérique a changé la nature de ses relations avec Israël. C’est l’administration Obama qui a conclu cette année un accord pour la livraison d’armes à l’Etat juif pour un montant de 38 milliards de dollars sur dix ans (Israël a déjà reçu ses premiers F-35, nec plus ultra de l’aviation militaire américaine). Ensuite, on remarque que François Hollande lui-même croit pouvoir jouer un rôle utile à moins de quatre mois de son départ.

Trump annulera la politique d’Obama.

La paix entre Israéliens et Palestiniens est souhaitable et il est difficile de condamner des efforts diplomatiques avant qu’ils n’aient produit un résultat. La position israélienne souffre de son intransigeance, ce que fait apparaître la décision de suspendre la construction de logements à Jérusalem-Est. Cela étant, on peut se poser des questions multiples sur l’opportunité d’une réanimation de la diplomatie par des gouvernements, français et américain par exemple, dont la durée de vie est plus courte que le temps nécessaire à une solution négociée. Le 15 janvier, c’est quatre jours avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Qui peut croire que le nouveau président des Etats-Unis se sentira lié par les décisions de Barack Obama ou par celles d’une conférence internationale ? Tout laisse penser au contraire (ses déclarations relatives au Proche-Orient, la nomination d’un ambassadeur en Israël favorable à la colonisation, la décision d’installer à Jérusalem l’ambassade des Etats-Unis) que l’abstention américaine lors du vote de Conseil de sécurité de l’ONU ne sera plus, dans quelque temps, qu’un mauvais souvenir pour M. Netanyahu.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Un geste d’Israël

  1. Elie Arié dit :

    À l’image de Poutine en Syrie et en Crimée, Israël joue, avec l’implantation illégale des colonies et l’annexion unilatérale du Golan, la stratégie du fait accompli – qui semble prendre le pas, de nos jours, sur celle de la négociation et du respect du droit international.

  2. admin dit :

    Tout à fait vrai, sauf que Israël, ce n’est pas la Russie et que faire l’amalgame entre un pays minuscule et la Russie, c’est se tromper d’analyse.
    R.L.

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