Gauche : Valls en tête

Valls en campagne (Photo AFP)

Valls en campagne
(Photo AFP)

Un sondage Harris Interactive diffusé ce matin par France-Télévisions confirme l’avance de Manuel Valls sur ses concurrents dans la primaire de la gauche qui aura lieu les 22 et 29 janvier. Quoi qu’on ait dit du démarrage de la campagne de l’ancien Premier ministre, sa stratégie semble fonctionner.

CHACUN SAIT désormais qu’il faut prendre les sondages avec des pincettes et qu’un retournement de tendance, comme dans le cas du rapport de forces Juppé-Fillon, est toujours possible, même à la dernière minute. Mais l’avance de M. Valls dans le sondage Harris Interactive est tout de même substantielle : à 17 jours à peine du premier tour de la primaire, il réunirait 43 % des suffrages et devancerait ainsi de 18 points Arnaud Montebourg, qui obtiendrait 25 % des voix, tandis que Benoît Hamon recueillerait 22 % des suffrages, en hausse de 11 points, ce qui n’est pas une surprise, car son ascension était sensible dans des sondages précédents. M. Hamon est peut-être la révélation de cette primaire et il semble en mesure d’arriver deuxième au premier tour. Cependant, au second tour, M. Valls l’emporterait plus facilement contre M. Hamon (57 %) que contre M. Montebourg (55 %). Il ne lui reste plus qu’à confirmer sa supériorité dans les deux semaines qui viennent pour franchir allègrement le cap de la primaire.

Une candidature crédible.

L’ancien Premier ministre s’est montré très combatif, parfois frénétique, quand il s’est agi de sommer le président Hollande d’annoncer le plus vite possible qu’il serait ou non candidat. Ce que le chef de l’État a fait promptement dès le 1er décembre en se retirant d’une course où ses chances étaient réduites, sinon nulles. Dans la « traîtrise » de M. Valls, il y avait certes une fébrilité presque indécente, mais en même temps, il n’avait pas tort de considérer que le temps imparti aux socialistes était très court, de sorte que, aujourd’hui encore, le programme de l’ancien chef de gouvernement, contient des lacunes sur des points parfois essentiels. Il ne réussit donc dans les sondages que sur sa bonne mine ou sa réputation, l’essentiel étant qu’il n’a pas saccagé pour rien les derniers espoirs de M. Hollande et qu’il est en train de faire ce qu’il a promis, construire une candidature de gauche qui soit assez crédible pour que l’inévitable duel Fillon-Le Pen au second tour de la présidentielle soit un peu moins certain qu’aujourd’hui.
M. Valls triomphe en outre de quelques manoeuvres engagées pour lui nuire, comme la candidature de Vincent Peillon qui n’a de sens que si elle écarte l’ancien Premier ministre de la course. M. Peillon, toutefois, ne recueille que 7 % des suffrages, prouvant ainsi que le plus faible des deux hommes, c’est lui et qu’il aurait dû éviter de se livrer à une opération qui a l’odeur du complot. À n’en pas douter, la popularité apparente de M. Valls semble indiquer que les Français veulent un homme fort comme président et qu’ils rejettent désormais un programme d’inspiration keynésienne fondé sur la demande. Concurrents sérieux, mais très représentatifs des frondeurs socialistes, MM. Montebourg et Hamon s’acharnent, au mépris de l’expérience tragique vécue par M. Hollande, à proposer des solutions dangereuses à la crise. M. Hamon nourrit des idées utopiques, comme le revenu universel, et M. Montebourg, contre l’évidence, continue à dénoncer l’austérité en Europe (« Nous sommes dans l’ilôt des fous du monde ») , alors qu’il n’existe aucune austérité, que les déficits flambent, en Italie notamment, mais surtout en France, où nous serons bien pris au dépourvu si les taux d’intérêt s’élèvent, ce qu’ils ne vont pas manquer de faire dans les mois qui viennent. Parler d’austérité quand les dépenses publiques atteignent 57 % du PIB, c’est pour le moins agaçant.

Deux concurrents post-primaire.

On en conclut donc que le temps des solutions d’inspiration social-démocrate est passé, ce qui explique que la candidature précipitée et confuse de M. Valls vaut plus par la confiance qu’inspire le personnage que par la clarté de ses projets. Mais, pour lui, le problème est ailleurs. Les forces qu’il aura éventuellement vaincues à la primaire, il risque de les retrouver lors de la présidentielle quand il devra affronter Jean-Luc Mélenchon qui incarnera seul la gauche nostalgique (et la démagogie) et Emmanuel Macron qui, dans une aventure fulgurante, a trahi MM. Hollande et Valls à la fois avant que M. Valls, à son tour, ne se sépare du président. L’ancien Premier ministre trouvera donc, face à lui, au premier tour de la présidentielle un rival plus à gauche que lui et un autre rival plus réformiste que lui. On peut toujours se tromper, mais je ne crois pas que M. Mélenchon ait la moindre chance de se retrouver au second tour. Ce qui n’est pas le cas de M. Macron, dont le potentiel va de la gauche à la droite, avec une forte séduction exercée sur le centre.

RICHARD LISCIA

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5 réponses à Gauche : Valls en tête

  1. Elie Arié dit :

    L’expérience des primaires de la droite m’amène à être très sceptique sur les sondages des primaires en général, dans lesquelles les instituts ne peuvent constituer un échantillon représentatif d’un électorat dont ils ignorent tout : sa composition, le nombre de gens qui iront voter, etc.

  2. Agnès Gouinguenet dit :


    Les primaires amusent ceux qui ont du temps à perdre. Elles renflouent un parti politique, nous l’avons vu en 2016. Donc 2017 sera identique. Pas très engageant.

    Les candidats hors primaires semblent plus « sérieux » aux yeux des Français car peut-être moins « trafiqués », plus courageux. Qui sait ?

    La France se méfie d’elle-même, car en décapitant son roi, elle a mis sur le trône un empereur qui a rétabli l’esclavage négrier. Quel résultat !

    En préférant Florian Phillipot à son père, MLP se fait moins paniquante (mais sortir de l’Europe, c’est franchement l’aventure); François Fillon n’est plus crédible avec sa folie d’insécurité sociale pour les autres alors qu’il mène une vie personnelle de châtelain; JLM est un excellent tribun mais la France n’en veut pas; Manuel Valls a fait l’erreur de sa vie en allant soutenir une équipe de foot qui n’était même pas celle de France en Falcon de la République; reste Emmanuel Macron, qui ne ment à personne. C’est assez reposant pour des électeurs.

    À suivre.

    • mXmF dit :

      Macron ? Alors ça, c’est la pire de hypothèses, de loin et à tous les points de vue !
      Mais c’est le candidat que la presse et des instituts de sondages qui sont en train de le faire monter savamment en même temps qu’ils orchestrent la baisse de Fillon.
      Et il sera probablement élu à la grande satisfaction des mondialistes actifs (banque, institutions financières, CAC 40, etc.) et des mondialistes béats (politico-médiatiques), qui auront tout fait pour ça.
      Parce que la droite républicaine, toujours soumise à la pensée et apeurée par les jugements de l’idéologie et surtout de la « morale » de la gauche ne votera pas massivement pour Marine Le Pen…
      Et c’est ainsi que sera président une sorte de nouveau Giscard ou Hollande… pour rien…

      • Num dit :

        Macron ne sera jamais élu, ne vous inquiétez pas.
        C’est une bulle entretenue par les médias qui se reportent sur lui après la défaite de Juppé. La vraie campagne ne commencera qu’en mars et tout se jouera en avril. D’ici là, Macron aura explosé en vol.
        Quant à Fillon, il suscite les mêmes commentaires que cet été quand les observateurs disaient qu’on ne le voyait pas et qu’il faisait une mauvaise campagne. En novembre, les mêmes se contredisaient en affirmant qu’il avait eu la meilleure tactique. Ça sera pareil en avril-mai.

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