Droite : arrêtez le massacre !

Rachida doit choisir
(Photo AFP)

Nous aurons tout le temps de juger des médiocres débats de la gauche et de leur influence sur le résultat dimanche du premier tour de la primaire. Nous aurons tout le temps d’évaluer la politique que Donald Trump, investi aujourd’hui dans ses fonctions. Je préfère revenir sur la situation de la droite à quelques encablures du démarrage de la campagne présidentielle.

RACHIDA DATI était ce matin l’invitée de France Info. Elle donne des interviews où elle ne mâche pas ses mots, ce qui n’est pas désagréable, et où elle ne manque pas du sens de la répartie. Elle a souvent, comme ce matin, une sorte de fraîcheur qui nous change des propos trop prudents des hommes politiques. Mais sa transparence ne nous cache rien de ses intentions très personnelles. Il suffit de l’écouter pour comprendre ce qui l’anime, c’est-à dire la vengeance plutôt que l’unité de son camp. Sous prétexte de se hisser vers les hauteurs de l’analyse, elle règle des comptes et Dieu sait qu’elle en a à régler. Elle n’aime guère François Fillon qui, lorsqu’il était menacé dans la Sarthe, a décidé de se faire élire député de Paris, écartant d’une pichenette quelques ambitieux dont Mme Dati, par ailleurs maire du VIIème arrondissement de la capitale et députée européenne. Elle déteste Nathalie Kosciusko-Morizet, notamment depuis que le même Fillon a autorisé celle-ci à se présenter elle aussi à Paris lors des législatives du printemps prochain. Elle les a démolis tous les deux avec une hargne rare.

Un tableau sinistre.

Peu importent les différends qui opposent deux femmes de droite ayant accompli des parcours très différents. En revanche, après avoir répété je ne sais combien de fois qu’elle voulait que la droite gagne, Mme Dati a dressé du programme et du caractère de François Fillon un tableau si sinistre qu’elle n’encourageait guère l’auditeur à voter pour lui. Elle a accusé NKM de « trahison » à plusieurs reprises, mais elle-même s’est évertuée à saper la candidature de M. Fillon, et qu’est-ce c’est, sinon une trahison ? En outre, si Rachida Dati est une bonne communicante, elle n’a pas vraiment les idées claires dès lors qu’elle reprend point par point les critiques que la gauche adresse au candidat de la droite. Elle s’est élevée contre une hausse de la TVA de 2 % en prenant la défense ardente de tous ces malheureux Français qui ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois. Elle est hostile à la réduction du nombre de fonctionnaires. Des économies sur les dépenses sociales et notamment d’assurance-maladie lui semblent révoltantes. Dans ce cas, pourquoi ne milite-t-elle pas à gauche pour autant que la gauche ait besoin de ses lumières ?
François Fillon aujourd’hui est en moins bonne forme qu’au lendemain de sa victoire à la primaire. Dans les enquêtes d’opinion, il a cédé la première place à Marine Le Pen. Son programme, effectivement, a donné lieu à des débats intenses dans son propre camp. La candidature d’Emamnuel Macron le menace. Il lui faut rapidement remonter la pente. Mais le programme est le programme. M. Fillon peut en arrondir les angles, il ne peut pas y renoncer, car le renoncement le ruinerait et ferait perdre l’espoir d’une réforme profonde que nourrit une très grande partie de la population.

Attention aux polémiques délétères.

Mme Dati ne peut pas dire qu’il faut abaisser le coût du travail, bien sûr, sans admettre qu’une telle mesure implique une autre source de financement des dépenses sociales. Et d’ailleurs, elle ne peut pas combattre des mesures d’économie et prétendre soutenir la réforme. La hausse de la TVA est un tabou que Mme Dati, cette femme si libre, devrait approuver ne serait-ce que parce qu’il est temps de briser tous les tabous. Ce ne serait pas du tout une catastrophe. Après deux ans de quasi-déflation, les prix recommencent à monter, mais une inflation contenue à 2 % aurait de multiples avantages, par exemple la diminution mécanique de notre énorme dette. Comment ne pas voir par ailleurs que nous devons tendre à l’équilibre budgétaire et que nous n’y parviendrons qu’en faisant des économies ?
Mme Dati reproche à M. Fillon de suivre son chemin sans écouter personne. Mais si les suggestions qui lui sont faites sont de la même eau que les critiques de Mme Dati, on comprend aisément son entêtement. On dira ce qu’on voudra mais il a écrasé ses concurrents à la primaire sur la base de son programme, qui est le plus abouti de tous ceux qui nous ont été présentés dans l’ensemble du spectre politique. M. Fillon souffre peut-être de sa communication, des difficultés qu’il éprouve à rassembler des sarkozystes, des juppéistes, des lemairistes et des fillonistes, de quelques vents contraires qui s’appellent Macron ou Le Pen, mais le pire qui puisse se produire pour la droite, c’est qu’elle se déchire sur le programme au lieu de partir unie à la bataille.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à Droite : arrêtez le massacre !

  1. Andre MAMOU dit :

    Rachida Dati : ses propos sont sans importance. Elle ne fait pas de politique mais consolide sa carrière de femme politique starisée . Elle dit ce qu’elle veut, pourquoi l’écouter, pourquoi rapporter ses déclarations incohérentes ? Elle est jalouse de NKM, agressive à l’égard de Fillon qui l’ignore.
    Elle ne mérite pas que Richard Liscia fasse un article à son sujet.

    Réponse.
    Il ne s’agissait nullement d’un article sur Rachida Dati, mais d’un article sur les divisions de la droite. Elles existent et font peser une menace sur la candidature de François Fillon. Mais surtout j’insiste sur l’importance du contenu du programme de M. Fillon.
    R.L.

    • Num dit :

      J’allais dire la même chose: Rachida Dati ne mérite pas une de vos chroniques.
      « Tout ce qui est excessif est insignifiant ». Beaumarchais.

      Pour le reste, vous avez raison. Mais Mme Dati ne représente qu’elle même.

      Réponse.
      1) Je suis surpris de ce genre de réaction. La question n’est pas de savoir ce que vaut Mme Dati. Il n’y a rien de mieux pour comprendre ce qui se passe que de se référer de temps en temps à une anecdote.
      2) J’ai fait une analyse sous forme de récit. Le sujet, pour ceux de mes excellent lecteurs qui commentent à peu près tout, c’était la nécessité de la réforme en France et comment, au sein du même parti on en arrive à nier cette nécessité juste pour se rendre intéressant. Il me semble en avoir administré la preuve.
      3) Puis-je revendiquer ma liberté d’expression ?
      En toute amitié.
      R.L.

  2. Scalex dit :

    J’apprécie depuis toujours la pertinence de vos commentaires.
    Celui ci en fait partie.

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