La gauche explose

Hamon distance Valls et élimine Montebourg
(Photo AFP)

L’arrivée en tête de Benoît Hamon au premier tour de la primaire de la gauche n’est nullement surprenante : dans le monde entier, les électeurs choisissent désormais les candidats les plus atypiques. M. Hamon n’est certes pas M. Trump. Il est sincère. Il représente néanmoins une aventure et son électorat préfère le rêve à la réalité.

LA PRIMAIRE de la gauche n’est pas un succès. Le nombre de votants qu’elle a rassemblés (un million six cent mille) est largement inférieur (presque trois fois moins) au nombre des électeurs de la primaire de la droite et inférieur aussi à celui de la primaire de la gauche en 2012. Les chances de Manuel Valls de l’emporter au second tour sont très minces. Arnaud Montebourg, arrivé troisième au premier tour, a aussitôt apporté ses 18 % de suffrages à Benoît Hamon qui mène le bal avec 35 % tandis que Manuel Valls, arrivé deuxième avec 31 %, ne dispose pas vraiment de réserves de voix. La tentative de l’ex-Premier ministre d’imposer au PS une ligne sociale-démocrate est en train d’échouer. M. Hamon a sorti un lapin de son chapeau, le revenu universel, qui n’est pas à proprement parler une hallucination, ni même une proposition d’extrême gauche, mais qui, logiquement, aurait dû rebuter les électeurs rationnels. S’il y en a, ils ne sont pas majoritaires. En revanche, M. Hamon a réussi à éliminer M. Montebourg et à faire de M. Valls un challenger désespéré.

La défaite de Valls.

La défaite de Manuel Valls s’explique aisément : il a fait une mauvaise campagne. Dans son désir de rassembler, il a cessé d’être lui-même. Il peut aussi méditer sur l’OPA qu’il a lancée à la fin de l’année dernière en forçant François Hollande à renoncer et en surestimant sa propre popularité, qui n’a pas résisté aux assauts des frondeurs, à son engagement pour la déchéance de nationalité, piège mortel, et au recours au 49-3 dont il était, il est vrai, difficile de deviner qu’il serait si mal vécu par les élus socialistes. De plus, la candidature de Vincent Peillon, qui a recueilli 6 % des voix n’a servi qu’à priver M. Valls de la pole position. Pour lui, le comble de l’humiliation serait de perdre au second tour, ce qui ouvrirait une voie royale à un homme qu’il ne porte pas dans son coeur : Emmanuel Macron. Le PS refusant obstinément de se moderniser, M. Macron va faire à sa place le travail que les socialistes n’ont pas su accomplir, en engageant ses soutiens et ses électeurs dans un projet de réforme profonde, qui ne se limitera pas à la lutte contre le chômage et contre les déséquilibres de notre économie. M. Macron est devenu, depuis dimanche soir, le seul espoir de créer enfin une gauche moderne et dynamique. Une gauche en dehors de la gauche rétrograde.

Responsabilité de la gauche.

Il ne faut pas se réjouir de l’agonie de la gauche. Elle favorise les extrêmes, de droite et de gauche, elle fait le bonheur de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen. Le désordre provoqué par ses convulsions lui confère une responsabilité énorme. François Hollande n’a jamais réussi à adopter une ligne de gouvernement claire et compréhensible pour tous. En tergiversant, il a accompagné la chute de notre industrie. Le procès qui lui a été fait par ses amis, assez naïfs pour croire qu’il pouvait tenir ses promesses de campagne, a transformé le pouvoir en une volière assourdissante, pendant que ceux qui nous gouvernaient ne voyaient même pas venir (ou refusaient de voir) la montée des populistes et des démagogues en France et dans le monde.
Le coup du revenu universel participe du déni de réalité qui a animé la fronde des élus socialistes. On estime qu’il n’est plus possible de créer de nouveaux postes de travail, donc on renonce au travail, alors que les gisements d’emplois non dé-localisables existent et ne sont pas exploités, alors que le fond de l’affaire, c’est l’échec de la formation professionnelle, qui nous coûte quelque 25 milliards par an et n’est pas adaptée aux emplois de demain. M. Hamon voit les robots arriver, il veut les taxer. Taxer, dépenser, c’est le slogan obsolète du PS. L’impôt suffocant, vilipendé par les économistes, revient en boucle dans ces multiples projets que nous proposent de multiples candidats. Ce n’est pas sérieux, c’est grave, et la dérive continue.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à La gauche explose


  1. Chez Emmanuel Macron, la valeur travail est très importante.

    Vous avez lu ses idées sur le site « En Marche! » ?

    Séduisant …

    Tout le monde en a un peu assez du clivage gauche-droite. On avance ? 🙂

    • Michel de Guibert dit :

      @ Agnès Gouinguenet
      Ah, il a des idées ?
      Il ne suffit pas de marcher, il faut savoir vers quoi !
      Vous faites l’éloge du vide de la pensée politique… à quand son programme ?

  2. Ojj dit :

    Il est vrai que lorsque les médias ont choisi un candidat, les jeux sont faits en général.
    Maintenant, voyons ce que va donner cette campagne électorale qui met en présence à gauche un candidat légitimé par une primaire non représentative en raison de deux candidats qui l’ont pas voulu y participer, et à droite un candidat légitimement sorti de la primaire mais qui a du plomb dans l’aile avec cette affaire concernant sa femme et qui pourrait bien ne pas se présenter. Dans ce cas, les jeux sont ouverts même si l’on peut penser que ce sera E Macron qui l’emportera.

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