Trump cale au départ

Flynn : limogé
(Photo AFP)

Les trois premières semaines que Donald Trump a passées à la Maison Blanche n’auront pas été pour lui une partie de plaisir. Le nouveau président a rencontré, dans l’exercice du pouvoir, des obstacles qui risquent d’avoir un effet négatif durable.

LA PLUS GRAVE erreur de M. Trump a été de nommer le général Michael Flynn comme conseiller spécial. Tout le monde savait que Flynn, extrémiste surexcité, était incontrôlable. Il l’a prouvé. Il a pris contact avec les autorités russes, et notamment l’ambassadeur de Russie à Washington avant même que Barack Obama eût quitté ses fonctions. La Constitution n’empêche personne de prendre langue avec des officiels étrangers, mais elle interdit les discussions avec un ennemi. Or, pour le moment, la Russie, avec laquelle M. Trump souhaite lancer tant de projets, est considérée par Washington comme un pays hostile aux intérêts américains. Le pire, c’est que, écouté par le FBI, M. Flynn a d’abord nié avoir passé des coups de téléphone aux Russes. Face aux preuves du FBI (des enregistrements), il s’est effondré. Il a été limogé sèchement par M. Trump qui ne lui reproche pas ses contacts, mais le déficit de « confiance » que M. Flynn lui inspire désormais. Il a nommé un militaire pour assurer l’intérim en attendant de trouver le poids-lourd capable d’assumer les fonctions de conseiller spécial.

Les décisions d’un amateur.

Mais l’affaire n’est pas terminée parce que, jusqu’à présent, on ne sait même pas si Michael Flynn a informé son patron de ses agissements. On sait en revanche que Mike Pence, le vice-président, ne savait rien de ce qui se tramait. Le général Flynn est soupçonné d’avoir envisagé avec ses interlocuteurs russes la levée des sanctions américaines contre Moscou. Dans ce cas, le président lui-même pourrait être poursuivi : il n’avait aucun droit de faire une proposition diplomatique à un pays étranger avant d’accéder à ses fonctions.
L’histoire illustre l’amateurisme de la nouvelle administration. Le narcissisme de Donald Trump, sa conviction que ses pouvoirs sont illimités (ils ne le sont pas, il est tenu de rendre compte au Congrès et de respecter les règles) l’ont conduit à signer un florilège d’executive orders et de presidential memoranda qui n’ont pas tous été appliqués. Une autre grave erreur qu’il a commise concerne son interdiction d’entrée de ressortissants de pays sept pays à majorité musulmane, y compris ceux qui étaient munis d’un visa officiel, parfois d’un permis de séjour permanent, parfois même de la double nationalité. Cela revenait à désavouer rétroactivement une autorisation d’entrée dûment délivrée par les services officiels. Deux juges, consécutivement, ont décidé que la mesure était anti-constitutionnelle, ce qui va contraindre l’administration à se lancer dans une bataille judiciaire qui ira forcément jusqu’à la Cour suprême, laquelle, ne peut pas donner des dispositions constitutionnelles une interprétation contraire aux droits de l’homme.

L’Europe perplexe.

Dans d’autres domaines diplomatiques, la confusion est grande, pour la simple raison que les actions de Trump sont souvent démenties par des tweets rageurs en contradiction avec ce qui avait été promis. Exemple : on ne sait pas si Trump veut tenir la dragée haute à la Chine. Bien qu’il ait conversé avec le gouvernement de Taïwan, il a affirmé qu’il épousait le principe de la « Chine unique », sans doute parce que, face aux menées de la Corée du Nord, il est tout aussi impuissant que son prédécesseur et que la mise au pas de Pyong-Yang passe par Pékin. Ses envoyés spéciaux viennent de débarquer à Bruxelles où ils ont des discussions avec les dirigeants de l’Union européenne sur l’avenir du continent après le Brexit et de l’OTAN. Le problème qui se pose au sujet de Trump, c’est que nous ignorons quand il est sérieux et quand il ne l’est pas, s’il faut prendre ce qu’il dit pour argent comptant, s’il va se comporter ou non en tant qu’ennemi de l’UE, s’il va abandonner l’OTAN au moment où l’Europe a besoin du traité atlantique. Encore quatre ans d’irrationnel. Patience.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Trump cale au départ

  1. Liberty8 dit :

    Vous dites quatre ans … A moins qu’il ne change complètement, un impeachment l’attend, il fait beaucoup trop d’erreurs anticonstitutionnelles. Le risque c’est une Amérique révoltée et le soulèvement violent d’une moitié de la population pro-Trump. Mais le risque inverse est exactement le même pour la population anti-Trump. Nous sommes vraiment dans une époque charnière, celle de tous les dangers.
    Réponse
    Non. Les institutions américaines sont inébranlables. Trump ne sera pas empêché, il va devenir très impopulaire. Il a le temps de faire beaucoup de dégâts mais personne ne réclame sa démission, ni ses amis ni ses adversaires. Le plus probable est que son programme, pour autant qu’il en ait un, sera, pas à pas, modifié par le Congrès et surtout par la Cour suprême.
    R.L.

  2. Elie Arié dit :

    Les retours au réel et les rétropédalages de Trump se multiplient, en deux mois : sur la « Chine unique » et Taïwan, sur les sanctions contre la Russie, sur l’extension des colonies en Cisjordanie, sur le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem…

  3. Magnifiques La Fayette, Franklin, Kosciusko …

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