La riposte, c’est le vote

Le pouvoir au travail
(Photo AFP)

L’attentat des Champs-Élysées, comme celui qui été déjoué il y a quelques jours, n’avait qu’un objectif : perturber une consultation électorale et, si possible, affaiblir la démocratie française. La meilleure réponse est une participation massive aux quatre tours de scrutin.

CETTE NOUVELLE attaque contre les forces de l’ordre, en première ligne contre le terrorisme, augmente certes le sentiment d’insécurité. Elle ne doit pas augmenter le pourcentage des abstentions qui, cette année, devrait être élevé de toute façon (un sondage situe la participation à 71 %). La plupart des candidats, réunis sur France 2 hier pour une série d’entretiens, ont adopté une attitude digne, en évitant la moindre récupération politique. Cependant, ce n’est pas le cas de Marine Le Pen qui, distancée dans les sondages par Emmanuel Macron, n’a pas hésité à se servir d’une blessure douloureuse infligée au pays pour en faire, toute honte bue, le miel de sa campagne. Elle a prononcé ce matin un discours où elle a énuméré les nombreuses mesures anti-démocratiques qu’elle prendrait si elle était élue. Tous les moyens sont bons pour gagner cette élection, y compris les mensonges les plus énormes, comme celui-ci : « Depuis dix ans, sous les gouvernements de droite et de gauche, tout a été fait pour que nous perdions la guerre » contre le terrorisme. Mme Le Pen est la candidate du scandale, des contre-vérités et de la démagogie facile, ce qui ne l’empêche pas de vouloir gouverner le pays sur une série d’illusions programmatiques.

Le vote utile.

On n’a même pas envie de lui rappeler l’extraordinaire appareil sécuritaire qui a été mis en place pour combattre le terrorisme en France. Ni de lui citer le nombre d’attentats qui ont été déjoués grâce au travail et à la vigilance de nos services de renseignements et de sécurité. D’une certaine manière, la meilleure façon de dégonfler la baudruche serait de la laisser exercer le pouvoir. Elle aurait alors le temps de nous démontrer que la déchéance de nationalité, qui lui est si chère, et l’expulsion des fichés « S » n’empêcheraient pas les attentats. La peur de la violence peut jouer en sa faveur et, dans ce cas, le vote utile devrait consister à nous débarrasser d’elle, de son parti et de sa clique. L’attentat des Champs-Élysées ne modifiera pas, toutefois, la structure du vote. Les tout derniers sondages avant la pause forcée de samedi indiquent une bonne avance de deux à trois points d’Emmanuel Macron sur Marine Le Pen. François Fillon, à 19 ou à 20 %, a encore une chance de ravir la seconde place si convoitée à la candidate du FN (à 21,5 % dans un sondage).

Tout est possible.

On a pu entendre, avant l’émission de France 2, quelques déclarations qui valent leur pesant d’or, comme celle d’Anne Hidalgo, maire de Paris, qui a tenu à souligner que « Macron n’est pas de gauche », comme si l’unique enjeu électoral, pour un pays où l’on dénombre dix pour cent de chômeurs, se limitait au dilemme de Hamlet : être ou ne pas être (de gauche). Ou celle de Jean-Luc Mélenchon qui s’est défendu, avec la vigueur qu’on lui connaît, d’avoir jamais soutenu des dictateurs. On se souvient pourtant qu’il a encensé Hugo Chavez et Fidel Castro et qu’il n’a jamais eu des mots sévères pour Vladimir Poutine. Un refus de s’assumer lui-même qui va mal avec sa prétention à diriger le pays.
Le nombre encore élevé des indécis, la transhumance-éclair entre des candidats idéologiquement opposés, le trouble causé par le terrorisme, la surabondance des informations, qui se semble pas forger des argumentations solides dans la tête des électeurs, montrent que tout est possible, y compris une victoire de François Fillon ou une qualification de Jean-Luc Mélenchon. Il est sage désormais d’attendre et de voter. Dimanche soir, le résultat électoral sera d’autant plus décisif que l’on connaît à peu près le rapport des forces au sein des binômes issus du premier tour : par exemple, si les deux qualifiés étaient M. Macron et Mme Le Pen, l’ancien ministre de l’Économie battrait la candidate au second tour sans difficulté.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à La riposte, c’est le vote

  1. Suffran dit :

    Je lis depuis peu (à la retraite , qui permet d’éparpiller ses lectures) vos billets qui cherchent une objectivité me semble-t-il factuelle, qui me plaît. Celui-ci est dans le même jus, et va probablement déplaire aux convaincus, obtus, sectaires. Merci de continuer à élargir notre champ de jugement, ou de regarder par le bon bout de la lorgnette.

  2. Pr JL Wémeau dit :

    Votre parti pris répétitif pour M. Macron est pénible. La riposte sera peut-être le vote des Français.

    Réponse
    Faux. Je n’ai aucun parti-pris et vous ne savez pas pour qui je vote. Je me contente de faire un constat en fonction des paramètres qui nous sont fournis pour évaluer les chances de chacun des candidats. Une victoire de M. Fillon, comme je n’ai cessé de l’écrire, ne serait pas forcément une surprise, même si elle est, pour le moment, improbable. La différence entre vous et moi, c’est que je ne confonds pas désir et réalité.
    R.L.

    • Liberty8 dit :

      Les commentaires sur un éventuel parti pris sont un manque complet de la lecture complète du blog. Ce blog évolue selon l’actualité et c’est pour cela que je le lis avec beaucoup d’intérêt. Oui, mes désirs ne seront sûrement pas la réalité de ce soir et comme je l’ai déjà dit il ne sert à rien de tuer le messager.
      Ce blog reflète une pensée sur un instant donné par l’actualité et on ne peut soutenir que Fillon est favori à cette heure, à mon grand désespoir !

      Réponse
      Cher liberty8, je vous remercie de si bien me comprendre. Politiquement, je suis parfaitement en phase avec vous.
      R.L.

      • mathieu dit :

        La seule vraie surprise de ce premier tour est… l’absence de surprise. Tous les sondages de la dernière semaine rigoureusement confirmés. Une défaite de la droite très régulièrement annoncée ici (ce qui ne veut pas dire souhaitée), en particulier depuis le 6 mars, jour du retrait définitif de Juppé. Pas un seul sondage n’a pu donner Fillon au second tour depuis deux mois et demi. Il arrive que les choses se passent comme elles doivent se passer, n’en déplaise aux tenants du « vote caché », de la réserve de voix (aussi efficace que la vieille garde à Waterloo!), ou du sursaut des deux derniers jours.

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