Madame Tefal

À Villepinte
(Photo AFP)

La campagne électorale atteint maintenant son apogée ignominieux. Mme Le Pen peut dire ou faire n’importe quoi, tout lui réussit.

POUR COMMENCER, celle qui est poursuivie pour avoir détourné l’argent du contribuable européen, est visiblement à court d’idées, au point de plagier largement François Fillon dans son discours de Villepinte, un copier-coller éhonté sur la grandeur de la France, que ses subalternes présentent comme « un clin d’oeil » aux électeurs de droite. Ils estiment que « cela prouve qu’elle n’est pas sectaire ». On a connu de meilleures défenses que celle-ci, mais le délit est tellement flagrant que le Front national n’essaie pas de se disculper. Effectivement, ce n’est pas nécessaire. Rien des erreurs, voulues ou involontaires, de Mme Le Pen, rien de ses démêlés avec la justice, rien de son vaudeville avec Nicolas Dupont-Aignan, qui, pour devenir le Premier ministre d’une présidente hypothétique, celle-là même que le jour d’avant il vouait aux gémonies, a indigné ses électeurs de Yerres, rien des mensonges de la candidate, ni des procédés diffamatoires dont elle abuse au moment frénétique où elle se rend compte qu’elle ne sera sans doute pas élue, rien ne lui colle à la peau. Ses électeurs ne lui en voudront jamais. Ils pensent même qu’il y a dans le vice une justification, pourvu qu’il soit nourri par la conviction sectaire et pourvu que Macron grille en enfer.

Les errements de Mélenchon.

Les électeurs de Mélenchon en sont là eux aussi, même s’ils sont moins pardonnables que ceux du FN. Le chef de la France insoumise estime que « au moins » Mme Le Pen essaie de convaincre ses électeurs en leur donnant quelques gages, ce que M. Macron ne fait pas. Ce « au moins » est tout un programme, l’aveu qu’il existe entre deux formes de populisme, plus que des affinités, des points communs. Mais, attendez, Mélenchon n’est pas le suppôt de l’extrême droite, il est même magnanime avec le candidat d’En Marche! auquel il propose de renoncer à sa réforme du travail pour obtenir ses suffrages (après avoir dit qu’il n’en était pas le propriétaire). Bien entendu, Emmanuel Macron, dont le programme repose en partie sur cette réforme, a refusé aussitôt de se plier au diktat de l’homme qui, au populisme outrancier de Mme Le Pen, a ajouté le sien et a contribué à faire de cette campagne l’une des plus violentes et des plus absurdes de l’histoire de notre démocratie.

Degré zéro de la pensée.

Comme en témoignent les manifestations de jeunes dont le slogan était : « Ni Marine ni Macron, ni patrie ni patrons ». Splendide effet de la rime, degré zéro de la pensée. Après quoi, pourquoi ne pas se payer quelques flics et leur lancer des cocktails Molotov pour que l’un des six policiers blessés soit très gravement brûlé ? Le climat général de cette campagne est détestable. La déraison des syndicats qui refusent d’appeler à voter Macron, sauf la CFDT et l’UNSA, a produit un 1er-Mai célébré en ordre dispersé alors que l’incendie dévore la maison et qu’un mouvement autoritaire, xénophobe, encore plus malhonnête que les autres, frappe à la porte du pouvoir avec la ferme intention de mettre un terme à la « chienlit » syndicale. La pensée sommaire d’une partie de l’électorat, mue par la haine ou par la défense des droits acquis dans un pays où l’on compte six millions de chômeurs, rien de tout cela n’est très encourageant.
Les démocrates n’ont plus le luxe de critiquer M. Macron qui, quoi que l’on pense et dise de lui, est le seul aujourd’hui à faire barrage à la démagogie, au mensonge, à la trahison des principes qui constituent le socle de la république. C’est le seul des deux candidats qui nous promette au moins la défense tenace des libertés, le seul qui ne nous convie pas à une mésaventure européenne que nous paierions très cher pendant des années, le seul qui veuille en finir avec l’apathie et la complaisance qui nous ont conduits à l’impasse économique et sociale et ont produit un parti porteur d’un virus par lequel une bonne partie de l’électorat est maintenant contaminé.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Madame Tefal

  1. liberty8 dit :

    60/40. Macron tient et sera élu s’il ne s’emmêle pas les pinceaux demain et ne rentre pas dans le jeu de Le Pen, et encore, le front anti-FN est solide. Il s’effrite un peu selon certains sondages mais de 1 ou 2 point en une semaine.
    Ca va passer, ça doit passer !
    Sinon prochain round dans un mois, où, je l’espère, on va enfin parler de programme et pas de costume.

  2. Jean GERNEZ dit :

    Pour rester dans votre comparaison virale, je me permets un commentaire pour oser une comparaison entre épidémiologie et élections.
    En effet, on entend souvent que choisir entre Le Pen et Macron, c’est choisir entre la peste et le choléra.
    Alors, voci les taux de mortalité de chacune de ces 2 maladies (source OMS) :
    • La peste ? mortalité de 30 à 60% dans le meilleur des cas (la peste bubonique), et de 100% dans la forme pulmonaire.
    • Le choléra ? 1,6% à 11,0% (l’importance de la fourchette est due à une déclaration aléatoire des cas de maladies et des décès, qui surviennent souvent dans des zones déshéritées et lors de crises majeures)
    Vous trouvez toujours que ça se vaut ?
    Et en tant que médecin, je comparerai Macron plutôt à la grippe (mortalité non nulle, mais de 0,3 à 0,5%, toujours selon l’OMS !).
    Conclusion :
    La grippe ? On s’en remet.
    Le choléra ? Sérieux, mais on a ses chances.
    La peste ? Mon pauvre vieux ! (ou ma pauvre vieille !).

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