Un job pour Mme Macron

La fonction crée l’emploi
(Photo AFP)

Emmanuel Macron qui, il y a quatre mois, envisageait un amendement à la Constitution pour créer la fonction de Première Dame, a préféré lundi accorder à son épouse Brigitte une sorte de statut qui ne vaut que pour son ou ses mandats.

IL S’AGIT de « clarifier et rendre publics tant la mission du conjoint du chef de l’État que les moyens alloués pour la remplir ». Le président de la République a tenu compte de l’opposition à son projet. Trois cent mille citoyens ont signé une pétition hostile à tout « changement de statut » de l’épouse du chef de l’État et un député insoumis a déposé un amendement pour que tout financement lui soit refusé. Les fonds consacrés au travail de Mme Macron, qui disposera de quatre collaborateurs, seraient inférieurs à cinq cent mille euros, sur un budget global de l’Élysée d’un montant d’une centaine de millions.

Travail sans salaire.

La rigueur exigerait que le produit des impôts n’aille jamais rémunérer une personne qui n’a pas été élue. Justement, Mme Macron ne touchera aucun salaire pour sa peine, mais il faudra bien verser des émoluments à ceux qui l’aideront dans la tâche. De même, l’idée que l’épouse d’un président bénéficie de tous les avantages liés à la fonction de son mari sans encourir le moindre inconvénient est complètement erronée : la curiosité populaire pour la « présidente » ne s’est jamais démentie dans toute l’histoire des Républiques. Certes, les médias jouent un rôle puissant dans le développement considérable de cette curiosité. Mais on peut affirmer sans se tromper que, dans la popularité d’un président, la présence de sa femme et l’impression qu’elle donne au peuple apportent leur contribution. De sorte qu’Emmanuel Macron ne se trompait guère quand il signalait, en avril dernier, « l’hypocrisie française » qui consiste à nier tout statut à la première dame et à s’intéresser néanmoins à tous ses faits et gestes. Selon les sondages, quelque 70 % des Français sont hostiles à ce qu’un rôle soit reconnu à l’épouse du président. Ce qui n’empêche pas épouses ou compagnes d’alimenter une presse affamée d’informations personnelles sur celle qui occupe le coeur du président et d’être souvent portées aux nues ou contestées avec la même passion que celle qui nourrit le débat politique.

Une femme très occupée.

D’autant que la première dame, qu’elle le veuille ou non, a forcément du travail. On peut même dire qu’elle a une fonction évidente, celle qu’a la reine en Grande-Bretagne. Elle représente la personne idéale pour un myriade d’événements protocolaires et elle est constamment sollicitée par des milliers de correspondants auxquels il faut bien qu’elle réponde. Elle décrit d’ailleurs fort bien son activité dans un entretien (le premier) qu’elle a accordé à « Elle » de la semaine dernière. À quoi il faut ajouter que Brigitte Macron est une femme cultivée dont les propos, discours ou commentaires publics ne peuvent que faire honneur au pays. La décision du président d’accorder à sa femme une fonction officielle dont il ne cherche pas à faire un précédent ou une nouvelle règle valable pour ses successeurs exprime, à n’en pas douter, l’affection et l’amour qu’il lui porte, mais elle propose aussi une solution à un problème qui n’est pas mineur dans la mesure où les Français seront toujours fascinés par le couple présidentiel et formeront nécessairement leur propre jugement, en bien ou en mal, sur Mme Macron. Ce couple, qui n’est pas banal, se compose de deux fortes personnalités. L’épouse, certes non élue, d’un président, ne doit pas être une étrangère pour le peuple. On ne sait pas à quoi ressemblera la prochaine première dame, expression récusée par Brigitte Macron, mais celle-ci est capable de jouer un rôle utile.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à Un job pour Mme Macron

  1. berthe dit :

    J’espère que le prochain président sera une femme.
    Se posera-t-on alors la question du rôle du premier « monsieur  » de France ?

    Réponse
    On ne se la posera pas. On trouvera Monsieur meilleur que Madame.
    E.L.

  2. Lechanteux dit :

    Son influence sur Macron est indiscutable.
    Le problème est que son image est omniprésente dans les médias.
    La voir habillée avec des vêtements plutôt chauds en plein été n’est pas naturel.
    De plus les cols montants, les épaules rembourées et les boutons rappellent curieusement les tsars et autres dictateurs chinois pas très sympathiques.

    Réponse
    Je me permets de vous rappeler que le sujet ne porte pas sur la mode.
    R.L.

  3. Lechanteux dit :

    Certes, mais le sujet apparaît plus sur la mode que la société, d’autant que Macron veut avant tout valider son propre choix en l’imposant alors que le rôle naturel d’une épouse est d’épauler son conjoint et donc qu’il n’est pas nécessaire de légiférer.

  4. mathieu dit :

    Les émoluments du président de la République, pas mirobolants mais néanmoins confortables pour un personnage dont tous les frais de fonctionnement sont par ailleurs pris en charge jusqu’au moindre centime, pourraient servir, par exemple à dédommager telle ou telle mission d’une « première dame »… qui officiellement n’a en a reçu aucune du peuple souverain! Il y a des ministres, couvrant toutes les sphères de la vie publique, des directeurs de cabinet, des porte-parole, des dircom, des agents, de l’ombre ou de la lumière… quelle nouvelle mission d’Etat peur encore requérir 4 ou 5 collaborateurs en plus de ceux du président ?
    Un président qui nous promettait, comme tous ses prédécesseurs, un gouvernement resserré à 15…et qui étaient, bien sûr, 30 sur la photo de famille sur le perron de l’Elysée (mais c’est un autre débat).
    Si la dame en question est omniprésente dans les médias, qu’elle leur vende son image, au profit d’un fonds associatif, qui remboursera ses frais…ou réduira l’augmentation de la CSG, si par miracle, Mme Macron se pique de bénévolat et se contente de son de son statut – dur et ingrat – de locataire des palais de la République!
    PS. Je suis tout sauf mélanchoniste!

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