Un front anti-Macron

Mélenchon aujourd’hui à Marseille
(Photo AFP)

L’opposition contre le président Macron et sa politique prend des formes à la fois diverses et incisives. À la fronde syndicale, caractérisée aujourd’hui par 184 manifestations dans toute la France, s’ajoute la tentative de discréditer la personne elle-même du chef de l’État.

EMMANUEL MACRON a quelque peu contribué à ses propres difficultés. Il n’a pas cru bon de freiner la chute de sa popularité en faisant provisoirement profil bas ou en tenant des propos feutrés. Au contraire, il s’exprime avec une liberté croissante, comme la semaine dernière, quand il s’est dressé contre « les fainéants, les cyniques et les extrêmes » qui sont vent debout contre ses réformes. Prononcée par un autre que lui, cette déclaration n’aurait eu aucune conséquence. Mais ceux qui le haïssent, notamment à l’extrême gauche, donnent à ses mots une interprétation qui les rend scandaleux. M. Macron s’en serait donc pris aux chômeurs qui n’ont pas besoin de la réforme parce qu’ils ne veulent pas travailler. Ce n’est pas ce qu’il a dit, mais qu’importe ? Sa liberté de ton, dans le contexte de guérilla que Jean-Luc Mélenchon veut créer, devient une maladresse insigne.

Formules vindicatives.

De la même manière, le chef de l’État n’a pas jugé nécessaire de laisser au peuple le temps de digérer une réforme, celle du code du travail, avant de parler des suivantes, parmi lesquelles l’abolition ou le réaménagement des régimes spéciaux dont bénéficient les cheminots, les employés d’EDF et ceux de la RATP qui, dans de nombreux cas, prennent leur retraite à 52 ans. Leur statut n’est pas seulement injuste, il est absurde. Mais parce qu’il l’est, la CGT s’y accroche comme au droit de respirer. C’est pourquoi les manifestations d’aujourd’hui et du 23 septembre ne s’adressent pas seulement au code du travail. Il s’agit de mener contre la réforme de la société française l’ultime bataille mais aussi la plus dure, la plus suicidaire. On a le sentiment que M. Macron, qui est trop intelligent pour ignorer les énormes difficultés de la tâche qu’il s’est assignée, espère, en ripostant du tac au tac aux « extrêmes », drainer l’opinion vers lui, se rendre sympathique en démontrant, que pour être président, on n’en est pas moins homme, et qu’il a le droit de parler avec des formules aussi vindicatives que celles qui lui sont adressées.
Aucun d’entre nous n’est le spectateur désintéressé de ce match de football américain entre le président et une partie du peuple. L’enjeu n’est pas le sort personnel de M. Macron qui peut bien brûler sur le bucher des réformes pour peu qu’il les impose en définitive à une France conservatrice et rebelle. La bataille, en vérité, est si rude que la totalité des nouveaux dispositifs que le président veut mettre en place risque, avant la fin de son mandat, de le rendre aussi insupportable que le fut naguère François Hollande. Tant pis, si c’est le prix du changement. Mais celui-ci peut-il être instauré par un chef d’État impopulaire, donc affaibli ?

La faute du président.

Chaque fois que le soleil se lève, un obstacle apparaît. On en veut à M. Macron parce qu’il a été élu, contre toute vraisemblance. On cherche à l’abattre parce qu’il a remporté l’élection « imperdable » que la droite a perdue. M. Mélenchon veut le détruire parce qu’il ne s’est pas qualifié pour le second tour. Mme Le Pen souhaite sa chute parce qu’il l’a ridiculisée dans un débat télévisé tragi-comique. Le président s’appuie sur sa forte majorité pour gouverner. Mais il doit mesurer l’épaisseur des haines qu’il a soulevées contre lui. Elles le rendent plus vulnérable et, si un cyclone de force 5 s’abat sur Saint-Martin et Saint Barthélémy, voyez ce qui se passe : c’est la faute du président, ce que croient dur comme fer la plupart des sinistrés qui couvrent M. Macron de leur mépris au moment où il se rend à leur chevet. Qu’il s’expose à son tour à la tempête des récriminations, quoi de plus naturel ? Mais son chemin est jonché de tant d’obstacles qu’il doit faire preuve de la plus grande prudence, dans ce qu’il dit et dans ce qu’il fait. S’il est vaincu un jour par l’indélébile morosité de ses concitoyens, ce n’est pas grave. Mais s’il s’en va sans avoir changé le pays, nous nous en mordrons les doigts.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à Un front anti-Macron

  1. Michel de Guibert dit :

    Vient de paraître : « Macron : miracle ou mirage ? » de Pierre-André Taguieff
    Editions de l’Observatoire

  2. GAUTER dit :

    Je suis désolé; trop désolé pour nos anciens.
    Eux, ayant travaillé toute leur vie en cotisant, se retrouvent à gagner moins qu’un migrant arrivant aujourd’hui en France.
    France, lève-toi. Tous, de droite, de gauche, d’extrême droite, extrême gauche, doivent se révolter. Donc, révolution. Et à bas tous les énarques qui gèrent la France depuis si longtemps. Français, levez-vous.

  3. Patrick dit :

    Je suis incroyablement surpris par la quantité de Français se ralliant à la macronie. Je ne vois depuis des jours qu’une bande de roquets agressifs a l’encontre du rassemblement national alors que le même rassemblement national diabolisé reste calme. Le diable qui est-il ? Comment peut-on se dire responsable et voter pour un président sortant qui n’est que la pâle descendance de 40 années de règne d’une caste qui n’a contribué qu’a placer la France au bord du fossé. Eh bien continuez le fossé est là qui nous attend. Et je ne parle pas d’un Jean-Louis Mélenchon qui a tout intérêt a voir la macronie reprendre son siège de roi soleil pour espérer mieux dans 5 ans. Car comment laisser un rassemblement national gérer la france avec un succès certain et espérer faire un tel score dans 5 ans. Continuons avec cette caste qui ne montre que du dédain et nous entraîne nous et nos enfants vers le grand rien !

    Réponse
    Je vous fais remarquer que votre argumentation ne s’appuie que sur des jugements de valeur dont vous ne prouvez par la substance. Roi soleil, grand rien, 40 ans, cause, tout ça on peut le dire de l’extrême droite et de Marine Le Pen, qui, elle nous entraîne vers le néant. En outre, vous commentez en 2022 un article de 2017. Je vous propose de prendre vous réveiller et de prendre un bon café avant de sévir.
    R.L.

    • Dominique S dit :

      Je ne pense pas que « Patrick » pense vraiment ce qu’il dit. Avec le Covid et la Macronie nous avons découvert à une grande échelle, des comportements complètement irrationnels. Quel est le but de ces discours qualifiés de « complotistes »? Est ce de la simple provocation? Est ce le plaisir de dire le contraire de ce que pensent les gens dits « normaux »? Nous avons tous dans notre entourage des profils « Patrick ». Sans grand espoir, je leur réponds régulièrement depuis 5 ans: « Mais quel président serait aujourd’hui meilleur que Macron? ». J’espère ne pas les rencontrer lundi prochain. Car je sais que le résultat probable de dimanche, ne changera rien à leur position.

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