Macron imperturbable

Macron hier soir
(Photo AFP)

Dans son entretien télévisé d’hier soir, Emmanuel Macron a défendu son comportement et son programme, sans vouloir en atténuer les effets. Il a offert une vision large et cohérente de l’action de son gouvernement, mais il n’a pas eu les mots pour convaincre les téléspectateurs.

LE PUBLIC a d’ailleurs exprimé son insatisfaction à l’occasion d’un sondage selon lequel, si 9,5 millions de personnes ont regardé l’entretien, 61 % des personnes interrogées n’ont pas été convaincues par ses propos. Il ne faut pas s’en étonner. Car le président de la République ne pouvait pas nier les expressions qui lui ont été reprochées. Il n’a pas voulu non plus en affaiblir le sens, sinon en disant qu’elles avaient été sorties de leur contexte. Mais peu importe : le message est simple, on ne fait pas une omelette sans casser des oeufs. Dans ces conditions, si l’objectif de sa première grand-messe télévisée était de rapprocher le peuple du président, c’est raté.

Une crête très étroite.

Or il est important que le chef de l’État reçoive l’approbation de cette partie de l’opinion qui se situe actuellement dans l’opposition. On admettra qu’il lui est malaisé de courir sur cette crête très étroite où il s’efforce de ne tomber ni à droite ni à gauche. Sa seule chance, dans le contexte actuel, c’est que la vigueur des critiques est artificielle. La droite et la gauche ne peuvent pas se rejoindre dans le même anathème. Si la gauche, classique ou extrême, a toujours les mêmes mots à la bouche, comme « président des milliardaires » (Philippe Martinez, CGT), la droite ne peut lui en vouloir parce qu’il applique un programme socio-économique qu’elle pourrait revendiquer. Cette volonté, dans l’opposition, de ne rien céder à M. Macron, serait de bonne guerre si elle espérait influencer le pouvoir pour qu’il module ses décisions. Il n’en est rien. On assiste donc à une sorte de course de vitesse, entre une macronie décidée à changer le pays en profondeur et une opposition désordonnée qui attend, non sans une perversité délétère, que le pouvoir se casse la figure.
La bonne attitude, c’est évidemment de se montrer invulnérable aux flèches et saillies censées affaiblir le gouvernement. Il demeure qu’il ne peut pas imposer de tels changements sans une meilleure adhésion de l’opinion et que l’exercice d’hier soir doit être complété par des dispositions, nouvelles et concrètes, en faveur des foyers modestes.
Un exemple : M. Macron déclare que la baisse de cinq euros de l’aide au logement sera compensée par la suppression par étapes de la taxe d’habitation. La réaction des intéressés, c’est qu’ils perdent cinq euros tout de suite, mais paieront moins de taxe d’habitation beaucoup plus tard. Le président a un argument massue : logement, 40 milliards de budget annuel, 4 millions de ménages mal logés. C’est bien la preuve que notre politique dans ce domaine a fait faillite, car, de toute évidence, les prix des loyers sont calculés en incluant l’aide de l’État. M. Macron ajoute que le seul moyen de donner un bon appartement ou une maison à tout le monde, c’est de construire. L’espoir qu’il veut insuffler est donc plutôt lointain.

Les incertitudes de l’assurance-chômage.

Quand on se souvient des grands plans annoncés autrefois en faveur du logement, la maison à 100000 euros, promise par Jean-Louis Borloo, les cinq milliards de budget proposés par Nicolas Sarkozy, on constate que les effets d’annonce ont toujours été plus nombreux que les actes concrets. L’erreur, sans doute, aura été de s’en prendre au montant des APL (aide personnalisée au logement) sans les englober dans la vaste réforme qui ne sera mise au point que l’année prochaine. À quoi il faut ajouter les incertitudes sur l’assurance chômage que le président de la République n’a pas levées. Il ne croit pas que, si les salariés décident de démissionner et touchent néanmoins le chômage, il se produira un effet d’aubaine. Il annonce des conditions qui empêcheront les paresseux d’être payés à ne rien faire. Peut-être ne pouvait-il pas entrer dans les détails en 75 minutes. Il faudra, là aussi, attendre le contenu de la réforme.
On n’écoutait pas M. Macron sans se poser des questions sur le financement des mesures qu’il va prendre et sans se demander de quelle manière il financera diverses dépenses tout en maintenant le budget dans une marge de déficit de plus en plus étroite. En revanche, l’esprit de la réforme était là. Ce n’est pas seulement la manière de travailler qui est remise en question, c’est la forme de l’emploi, les qualifications qu’il faut acquérir pour l’obtenir, la mobilité qui va être nécessaire pour passer d’un poste de travail à un autre. Ce n’est pas le chômage qui est fatal, c’est la machine à tuer des emplois qui a été mise en place par le laxisme financier des précédents gouvernements. Enfin, ce n’est pas le verbiage partisan qui compte, c’est de constater que ce gouvernement est engagé dans une réforme dont on peut discuter tous les aspects mais qui reste, aujourd’hui, notre seule chance de redresser durablement un pays très affaibli. Le président et le gouvernement que nous avons en ce moment ne conviennent pas à tout le monde, c’est le moins que l’on puisse dire. Pourtant, non seulement ils travaillent, mais ils ont une légitimité indiscutable. On ne refait pas le monde, ni même la France, en cinq mois.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Macron imperturbable

  1. CAMPAZZI dit :

    Il a du travail ….

  2. Serpin dit :

    365 fromages c’est trop. Il faut reformer cette réalité. Lorsque la France fabriquera 10 fromages, ça ira beaucoup mieux.Un bon régime communiste ce sera le bonheur. Pauvre France !

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