Harcèlement : traînée de poudre

Métro : le piège
(Photo AFP)

L’affaire Weinstein a déclenché une telle cascade de révélations faites par des femmes qui ont été ou sont harcelées par des hommes qu’il s’en est suivi une prise de conscience mondiale du problème et l’avènement d’une réorganisation des sociétés pour que soit mis un terme à l’épidémie.

DE WEINSTEIN à Sylvester Stallone en passant par Louis CK (un comédien américain), de DSK à Denis Baupin, de Kevin Spacey, qui aimait trop les adolescents, à l’ancien président des Jeunesses socialistes et à Tariq Ramadan, le nombre de cas de harcèlement sexuel ou même de viol (et de mises à l’index consécutives) est maintenant trop élevé pour qu’on n’y voie pas un phénomène social d’autant plus grave qu’il est très répandu. On en est réduit à poser des affichettes dans les ascenseurs pour rappeler aux hommes qu’ils doivent se tenir à l’écart des femmes. Ce qui est surprenant, c’est que l’éducation n’ait pas contenu les pulsions de mâles qui continuent à se croire tout permis, sans qu’ils semblent se rendre compte qu’ils ne voudraient pas que d’autres hommes exercent le même genre de conduite sur leurs épouses ou sur leurs filles.

La certitude de l’impunité.

La première grande raison de leur comportement, c’est bien sûr la certitude de l’impunité. Un geste déplacé ne peut être signalé que s’il est accompagné d’une preuve. Les femmes ne se promènent pas avec des caméras cachées. La plupart des viols sont suivis de menaces : ce sera ta parole contre la mienne et je suis plus crédible, plus puissant que toi. La troisième, c’est l’excédent de force physique que la nature a conféré aux mâles dès l’avènement de l’humanité. La quatrième, c’est un foisonnement de défauts complémentaires, le cynisme, l’égoïsme, le mépris des autres, l’absence de retenue, de ce contrôle de soi qui empêcherait les hommes de croire que tout espace clos est une alcôve. On savait que le viol est un crime répandu, on ignorait qu’il se pratiquait dans toutes les classes sociales. Plus un homme est riche, plus il a de pouvoir, plus il dispose sur une femme d’une autorité découlant de sa position hiérarchique, plus il est incité à croire que le corps d’une femme peut lui appartenir, ne fût-ce qu’un bref instant, au même titre qu’elle doit lui rendre des comptes sur le plan professionnel, ce pour quoi elle est payée, n’est-ce pas ?

L’injuste statut de la femme.

Le plus consternant, c’est le règne de la suspicion que créent les révélations. Les cas mentionnés sont si nombreux que l’on en vient à se demander qui, des chefs d’entreprise ou de service, des dirigeants politiques, des patrons qui animent des institutions comme l’hôpital, des élus bénéficiant d’un statut privilégié, sont des harceleurs, et combien ne le sont pas. Pendant que les hommes qui n’ont jamais rêvé de toucher ou même d’approcher une femme sans être sûrs de son consentement, ont honte pour les autres, en arrivent à penser que la relation entre les sexes devient très compliquée et hésitent à s’engager dans une entreprise de séduction. Une certaine bêtise et une totale irresponsabilité ont donc créé un malaise social qui s’ajoute aux autres et nous renvoie à la nuit des temps. Le statut de la femme est naturellement injuste, d’abord parce qu’elle est chargée de donner la vie, ce qui ne va pas sans effort et sans souffrance. Le sexe et la conception ont précédé la notion d’amour. Harceleurs et violeurs ne sont pas autre chose que des humanoïdes préhistoriques. Ils en sont restés au stade primitif de la reproduction.
Seule la société très élaborée, mise en place progressivement et imprégnée aujourd’hui du principe de liberté pour tous, et donc du droit de disposer de son corps, peut guérir ce sérieux travers hérité de la bestialité. Ne soyons pas trop optimistes : dans le monde où nous vivons, il y a tant de malfaçons à corriger que celle-ci ne sera pas éradiquée avant longtemps.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Harcèlement : traînée de poudre

  1. admin dit :

    LL dit :
    La « crise » est médiatique; mais le problème est éternel. Une jeune fille sur quatre, dit-on, victime de sevices sexuels. C’est bien qu’il y ait « malaise » et débat social sur le rôle et la relation entre sexes. Et peut-être que l’on commence par nos jeunes gens, pour qu’ils apprennent à mieux comprendre leurs pulsions naturelles mais aussi à les guider et à les temperer par la compassion et l’estime pour soi. Pour ça, il faut commencer par en parler.

  2. DUDUCHE dit :

    « Ne soyons pas trop optimistes » en effet : le pire est à venir…
    Beaucoup d’hommes ne savent, ni ne comprennent, comment fonctionne une femme. Ce n’est pas nouveau : autrefois le cinéma montrait comment toutes les femmes défaillaient, bien maintenues de force, lors d’un baiser forcé. Maintenant ce sont les flashs pornos qui, faisant irruption sur les écrans consultés par de jeunes enfants; font leur éducation sexuelle. Il faut un contre-pouvoir : celui de la séduction qui courtise la femme dans le respect de sa personnalité. Mais qui enseignera cela ? Molière?

  3. CHAMBOULEYRON JACQUES dit :

    .. ».sans qu’ils semblent se rendre compte qu’ils ne voudraient pas que d’autres hommes exercent le même genre de conduite sur leurs épouses ou sur leurs filles ».
    J’ai aimé votre article. Mais j’avoue que cette fin de phrase sent un peu Monsieur Le Pen . Vous savez d’abord la famille puis mon voisin puis la France… pas les étrangers . Mais vous avez raison: la plupart des hommes sont à soigner… à psychanalyser. Ce sera long. Très long. Les femmes sont courageuses !

    Réponse
    Votre comparaison avec Le Pen est inqualifiable et absurde. C’est comme si vous aimiez moins votre femme que votre voisine ou moins votre fille que celle du puisatier. Reposez-vous avant d’écrire.

    R.L

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