Le président de la République semble avoir accepté à contre-coeur de prononcer le discours de voeux de fin d’année aux Français. L’opinion a découvert avec surprise un texte « classique », comme si, en toute occasion, il devait surprendre son monde par des effets de style ou de manche. Il s’est adressé d’abord à tous les Français par le truchement de la télévision, comme il dirait, puis, de manière plus brève, par l’intermédiaire des réseaux sociaux pour mieux correspondre aux goûts des jeunes.
AVEC onze millions de téléspectateurs, il a réuni une large audience sans battre le moindre record. Ce qui montre que les artifices de communication ne sont pas indispensables et que seul compte le contenu du message. Le discours coïncidait avec l’adoption de la loi budgétaire pour 2018 qui, elle, témoigne de ce qui a été accompli au titre de la réforme et ce qui ne l’a pas été. Emmanuel Macron se déclare littéralement saisi par la grâce : il veut combattre les inégalités sociales par un vaste plan dont on imagine naïvement qu’il va coûter cher. Or le budget de cette année ne contient aucune disposition de ce genre alors que le principal reproche qui lui est adressé porte sur l’insuffisance de la réduction de la dépense publique, projet auquel M. Macron ne cesse, depuis qu’il est au pouvoir, d’exposer son ardent intérêt. Comment il va financer cet effort en faveur des Français au chômage où incapables de payer leurs dépenses les plus communes, voilà un mystère qui, à l’heure où l’on sait avec certitude qu’il n’existe aucun budget cette année pour venir en aide aux déshérités, va s’épaissir avec le temps.
Un plan pour 2019 ?
On ne sait trop quoi lui dire : soit qu »il ne peut pas dépenser un centime de plus, soit qu’il doit trouver par une hausse d’impôts de quoi financer la résorption des inégalités en France. Mais une hausse de la pression fiscale n’a pas la même vertu qu’une diminution de la dépense. La France est déjà surendettée, elle va emprunter encore 80 milliards d’euros sur les marchés cette année et, si les taux d »intérêt montent, comme c’est probable à moyen terme, le niveau des remboursements annuels de notre pays va atteindre des sommets. On ne voit vraiment pas comment une campagne contre les inégalités peut être décidée après que le budget a été verrouillé ; on ne voit pas par quel tour de prestidigitation le chef de l’Etat trouverait a posteriori une martingale pour payer cette nouvelle dépense, aussi justifiée qu’elle soit sur le plan humanitaire. Pour ma part, je crois qu’il s’agit d’un plan pour 2019 et pas pour cette année, ce que les faits devraient vérifier.
Un français élégant.
M. Macron a sans doute cru qu’il parviendrait à se débarrasser de l’étiquette de « président des riches », qui l’agace énormément, à la faveur de son discours de fin d’année. Mais, dès lors qu’il veut se distinguer de ses prédécesseurs, il ne peut rien annoncer qui ne soit solidement assis sur la substance des chiffres. Il s’est contenté de nous rappeler que la commisération fait partie de l’arsenal de ses instruments. On lui a reproché un texte qu’il a longuement travaillé mais qui serait trop long pour ce qu’il avait à dire et serait embrumé par cette phraséologie dont il a le secret. Rien ne l’oblige pourtant à s’exprimer comme le vulgum pecus et je ne comprends jamais cette manie qui consiste à exiger du chef de l’Etat un langage plus simple alors que, dans ses fonctions, il est le premier défenseur de la langue française. Dans le combat politique, on se trompe souvent de sujet. On attaque sur des bricoles, on ne distingue pas l’essentiel. Le néo-snobisme du « parler vrai » relève de cette volonté nationale de rechercher le plus bas dénominateur commun de la conversation pour tous. Les auditeurs du président devraient être plutôt fiers d’avoir placé au pouvoir un homme qui s’adresse à eux dans un français élégant, ce qui est la meilleure forme de respect et, surtout, n’a rien à voir avec l’essentiel du débat politique.
RICHARD LISCIA
PS-Bonne année à tous !
Même en pratiquant un français élégant , s’attaquer aux revenus des retraités n’est pas justifiable.
Les médecins retraités grincheux devraient reprendre du service à temps partiel : la profession manque de braves.
A partir d’un certain âge, cela devient difficile.. et il y a des limites : 72 ans à l’APHP !
Bravo, Liscia.