LR : Calmels limogée

Il y a dix mois, quand tout allait bien
(Photo AFP)

Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a limogé Virginie Calmels, numéro deux du parti, et l’a remplacée par Jean Léonetti, maire d’Antibes, et président du conseil national, vice-président délégué des Républicains. M. Léonetti est considéré comme un centriste de droite.

LA DÉCISION de M. Wauquiez était probablement inévitable. Depuis quelques semaines, Virginie Calmels, une juppéiste, multipliait les déclarations contre la démarche politique de son patron. Il l’avait recrutée, en quelque sorte, pour assurer le rassemblement des tendances au sein de LR. L’incompatibilité entre leurs idées et, surtout, l’expression publique de leurs différends, ont rendu le divorce inéluctable. Bien que Mme Calmels ne soit venue à la politique que depuis quatre ou cinq ans, elle ne pouvait ignorer que les attaques qu’elle lançait contre M. Wauquiez, et plus particulièrement sa critique du tract de LR, « Pour que la France reste la France », qu’elle a récusé après l’avoir signé, n’auraient pas de conséquence directe sur sa position au sein du parti, où les plus durs, comme Nadine Morano, ne supportaient plus cette contestation permanente.

Se taire ou partir.

De sorte que, si l’on peut voir dans son limogeage la méthode forte de M. Wauquiez, celui-ci n’avait guère le choix. Serait-il resté silencieux que l’on aurait incessamment glosé sur les divisions du parti. Cependant, le message est clair : ceux qui s’identifient à la ligne Juppé chez LR doivent se taire ou partir. M. Léonetti, qui remplace Mme Calmels, n’est pas connu comme un droitier qui ferait des câlins au Front national. Mais il est plus discret qu’elle et peut-être défendra-t-il mieux ses idées dans le secret des conversations internes du parti. Ce qui n’a pas empêché Alain Juppé, maire de Bordeaux, de déclarer que Virginie Calmels « a des convictions et du courage ». On peut toutefois se demander si elle dirige sa récente carrière politique avec la maîtrise nécessaire. Quand elle a rejoint M. Wauquiez, sa démarche a fait l’effet d’un coup de tonnerre, car le fossé est si grand entre l’actuel président LR et l’aile centriste du parti qu’on a attribué son geste à l’opportunisme, sans rapport aucun avec les idées qu’elle défendait. Elle a ensuite tenté de faire entendre sa voix : c’est un entretien avec « le Parisien » (de dimanche) qui a mis le feu aux poudres. Laurent Wauquiez, y disait-elle, « démontre, depuis son élection (à la tête du parti), qu’il est là uniquement pour défendre sa propre ligne. Ce n’est pas parce qu’Emmanuel Macron penche vers nos idées qu’on doit se déporter plus vers la droite. Je ne veux pas d’un parti qui se rétrécit ».

Un projet secret ?

Comme le dit un élu LR, ce discours valait démission. Mais ni la guérilla verbale qu’elle a menée contre le patron de LR, ni son départ forcé n’arrangent vraiment les affaires du parti. La suspicion, dans l’opinion, que M. Wauquiez est brutal, va croître. Mme Calmels paie cher son attitude, mais le parti ne sort pas grandi de l’épreuve. La violence des commentaires exprimés par la garde rapprochée de M. Wauquiez montre, une fois de plus, qu’une minorité agissante chez LR progresse sur une ligne qui ne permet pas le rassemblement capable de faire pièce à la République en marche. Le premier test  sera les élections européennes où LR risque de faire un score confirmant qu’il est en perte de vitesse. Mais il n’est pas impossible que Mme Calmels qui, elle non plus, n’en est pas à une provocation près, ait pour ambition, en se sacrifiant pour une cause encore obscure, de montrer que le leadership du parti n’est pas entre de bonnes mains. Au conseil national qui se réunit le 30 juin dans les Alpes-Maritimes, Valérie Pécresse, autre opposante de poids à Laurent Wauquiez, présentera ses idées pour les élections européennes. Elle n’est pas la seule à contester la ligne de M. Wauquiez. Avec d’autres, comme Xavier Bertrand ou Christian Estrosi, elle pourrait tenter de mettre le chef du parti en minorité.

Car, pour les Républicains hostiles à M. Wauquiez, il n’existe qu’un choix : ou bien ils parviennent à remettre LR sur les rails du rassemblement le plus large, ou bien ils n’auront plus, aux européennes, qu’à rallier la République en marche, avec tous ceux des centristes, UDI et autres, qui iront à ce scrutin pour défendre la construction européenne, pas pour la démolir.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à LR : Calmels limogée

  1. Scalex dit :

    D’accord pour la dernière suggestion. Les opposants à Laurent Wauquiez ont tout intérêt à rejoindre En Marche pour les européennes. Il sera toujours temps de faire renaitre un grand parti LR plus tard, quand le contexte aura changé. Il n’y a aucune logique à ce que la répartition des partis politiques soit figée au cours du temps. Et si Wauquiez préfère s’isoler, laissons le faire…

  2. PICOT François dit :

    Tous ces gens n’ont aucune importance. Un vrai personnage politique a pour mission de s’intéresser à son pays et à ses concitoyens. Y en a-t-il quelques uns dans ce vaste cercle ? Sûrement, mais, si c’est le cas, ils sont vite obligés de rentrer dans le rang et deviennent, comme les autres, des insignifiants, où sont éliminés. Aucun véritable homme politique en vue : c’est le désert.

  3. mathieu dit :

    Le grand parti de rassemblement gaulliste, majoritaire dans le pays (à droite et au centre en tous cas) depuis…1958, est mort (ou marginalisé) le 6 mars dernier, après le rassemblement du Trocadéro de Fillon et le retrait définitif de Juppé de son destin national, et après les basses manœuvres de sabordage de Sarkozy.
    Macron s’est installé dans le fauteuil laissé vide et applique, ligne par ligne, en changeant à peine la couleur du stylo, le programme, libéral et régalien, promis par la droite, qui est maintenant le boxeur sonné, acculé dans un coin de ring, réduit à donner des coups qui ne portent pas contre un adversaire qui lui a volé toutes ses recettes !
    La martingale sera dure à trouver, autant que le leader charismatique qui appliquera le dégagisme…à la Macronie !

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