La polémique de trop

Benalla (à dr) et Macron
(Photo AFP)

Le 1er mai dernier, Alexandre Benalla, des services de sécurité de l’Élysée, a demandé et obtenu l’autorisation d’assister (de près) aux manifestations. Il a revêtu un casque de policier et a battu sévèrement un  manifestant.

EST-CE GRAVE, docteur ? C’est tragique. Car, inévitablement, une video des faits a été réalisée. Emmanuel Macron, alors en Australie, a été informé par ses services et il a ordonné une sanction. M. Benalla a été mis à pied pendant quinze jours, avec suspension de son salaire. « Le Monde » a révélé l’affaire hier et déclenché un incendie médiatique comme nous en avons tant connus, mais qui s’explique cette fois par la gravité de l’affaire. M. Benalla, en effet, a usurpé l’identité de policier. Il était censé observer la manifestation et non y prendre part. Il a ignoré son devoir de réserve. Il a agi avec une irresponsabilité totale en confondant deux métiers, celui qui est le sien et celui qui ne l’est pas. Son cas relève de la justice, alors qu’il a été considéré par ses supérieurs comme une faute professionnelle. Il est clair que l’Élysée a préféré étouffer l’affaire au lieu de s’en remettre à la justice. Ce faisant, les services de M. Macron ont ouvert la voie à l’une des ces polémiques empoisonnées dont le pouvoir est devenu l’adepte assidu.

Postures habituelles.

Les critiques et sarcasmes qui pleuvent sur le président de la République et son cabinet sont en phase avec les postures habituelles de l’opposition. Toutefois, on ne peut pas dire que le comportement du pouvoir en la matière a été transparent. L’Élysée devrait savoir qu’il n’existe plus de secret qui ne finisse, avec le temps, par être dévoilé. Or les conséquences d’une révélation sont infiniment plus douloureuses pour les praticiens de la cachotterie qu’une déclaration immédiate,  transparente et sans ambiguïté. Non seulement, les explications élyséennes arrivent trop tard, mais elles ne sont nullement convaincantes. Le porte-parole de M. Macron, Bruno Roger-Petit, a souligné ce matin que la sanction adoptée est la plus sévère dans l’histoire de l’Élysée, sans paraître se rendre compte que M. Benalla est un justiciable comme les autres et que son acte aurait dû être signalé à la justice, celle qui, justement, s’est saisie de l’affaire ce matin, de sorte que la méthode consistant à la régler en interne aura été doublement négative : elle ajoute à la culpabilité probable de M. Benalla le discrédit de ses supérieurs.

Une manoeuvre inutile et dangereuse.

D’où l’inévitable déluge d’attaques, toutes politiques, en provenance de la droite et de la gauche, et qui sont parfaitement fondées tant il est facile de dénoncer une manoeuvre à la fois inutile et dangereuse.  Les faits reprochés à M. Benalla n’ont, au regard des enjeux nationaux, aucune importance. Affecté, avec d’autres, à la sécurité du président, après l’avoir été pour d’autres partis, il n’était pas un proche du chef de l’État. Sa personnalité et son parcours ne nécessitaient pas que ses écarts fussent traités avec une prudence particulière. On s’étonne donc de ce que M. Macron n’ait pas confié le dossier à la justice et que personne, dans son entourage, ne l’ait incité à le faire.  En cachant la vérité, le pouvoir a pris un risque sans commune mesure avec l’enjeu. Il lui était facile de régler le problème sans prendre la terrible responsabilité d’agir à la place de la justice et de jeter la vérité aux oubliettes avec le vain espoir de la faire disparaître.

RICHARD LISCIA

 

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9 réponses à La polémique de trop

  1. DANTEC dit :

    « La polémique de trop » : tout est dit. On commence à douter du président.

  2. Scalex dit :

    Cet homme semble effectivement un peu trop zélé. C’est peut-être pour cela qu’il était apprécié. Je ne le soutiens pas, mais de là à en faire une affaire d’Etat…

  3. Didier dit :

    A priori, M. Benalla n’était pas affecté à la protection rapprochée du président, mais adjoint au cabinet de la présidence. Il n’était pas un proche du président, mais a été photographié aux côtés du président lors de ses vacances de ski, à titre privé donc, à la Mongie.
    Par ailleurs « Sa personnalité et son parcours ne nécessitaient pas que ses écarts fussent traités avec une prudence particulière. On s’étonne donc de ce que M. Macron n’ait pas confié le dossier à la justice et que personne ne l’ait incité à le faire » : Et bien, peut être qu’il y avait de bonnes raisons de ne pas le faire et que la personnalité et le parcours ne soient pas si simples qu’il y parait, peut être ce monsieur « sait -l des choses »….. Il y a sûrement une bonne raison d’avoir essayé « d’étouffer » l’affaire, non ?

    Réponse
    Sûrement ? Je vous suggère d’attendre les résultats des enquêtes concomitantes avant de lancer des hypothèses.
    R.L.

  4. 88coupdepoing dit :

    Qui est ce mystérieux M.Benalla ? Flic ou voyou ? Ah…chargé de mission,responsable de la sécurité du président de la République c’est-à-dire un proche collaborateur du président? Va comprendre,Charles. Qu’est-il allé faire dans cette galère, pendant son congé qui plus est? Peut-être que c’est compulsif chez ce M.Benalla, peut-être qu’il se fait du bien en tabassant de jeunes manifestants inoffensifs ? Peut-être que c’est la raison pour laquelle il est si apprécié de M.Kohler et de M. Macron ? On ne sait pas. Va comprendre Charles..

  5. PICOT François dit :

    C’est encore la France d’en haut qui se croit tout permis, y compris de se soustraire à la loi. La France des copains et des coquins. Rien de bien nouveau en somme.

  6. Yvon AERDEMAN dit :

    On confirme ici, s’il en était besoin, de l’absence de sens critique et de réflexion profonde du chef de l’Etat, et aussi de la soumission de son entourage qui n’ose pas se dédouaner des agissements aberrants de leur « chef ». Des godillots de tout poil.

  7. Stiers dit :

    Une fois de plus l’emballement médiatique est à l’oeuvre avec le même acharnement. Aucune distinction entre un fait qui pèse peu et le risque d’une guerre mondiale. Le mot nuance n’a pas cours en langage médiatique. C’est le tout ou rien.

  8. Lapalus dit :

    Les victimes ne portent pas plainte. La police témoin passif. Tentative de classer aux oubliettes ?
    Réponse
    Oubliettes ? Avec tout ce raffut ?
    R.L.

    .

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