Le président de la République a fait de la première journée de rentrée, hier, le symbole de son catéchisme libéral. Il a à la fois annoncé la poursuite des réformes, même les plus douloureuses, et des choix budgétaires destinés à habituer les Français à une réduction des prestations sociales.
CETTE ENTREPRISE colossale n’ira pas sans renforcer l’hostilité populaire contre la plupart de ses décisions. Un seul exemple : quand le gouvernement envisage une nouvelle réduction des aides au logement (sous la forme, bien sûr, d’une révision générale) et des emplois aidés, il sait qu’il se heurtera au mur du conservatisme social. Or la seule diminution de cinq euros par mois des APL a déclenché une fronde des bénéficiaires (très nombreux) et des élus. Dans le cas des emplois aidés, dont le travers principal est qu’ils ne sont pas souvent relayés par des embauches fermes, mille exemples de catastrophe personnelle ont été présentés par la presse. En promettant de poursuivre sur cette voie, le pouvoir semble faire le choix de l’impopularité.
Une réforme en danger.
D’une façon générale, personne n’est dupe : les réformes ne peuvent être engagées, puis appliquées, sans aggraver le mécontentement exprimé dans tous les sondages d’opinion. A quoi il faut ajouter que la création d’un service national universel ne peut apparaître, aux yeux des plus purs macronistes, comme une urgente nécessité. On aurait pu, pour mieux approfondir ce qui compte, envisager de la reporter ou de l’oublier. La réforme de la constitution s’annonce compliquée. La droite, majoritaire au Sénat, n’exprime aucun enthousiasme et l’introduction d’une « dose de proportionnelle » est dangereuse pour l’avenir tant elle fait la part belle aux populistes. Le gouvernement reste aussi dans le flou au sujet de la réduction du nombre de fonctionnaires, dont le contingent, quoi qu’en pense la gauche, est pléthorique et disproportionné.
Le plus surprenant est que le pouvoir n’entend pas, en dépit de l’étendue de ses réformes, renoncer à présenter, d’ici à la fin du quinquennat, des budgets visant à l’équilibre, alors qu’il a juré de supprimer la taxe d’habitation pour tous sans savoir vraiment comment il va la financer. Si dans la grogne des Français, l’ingrédient principal est le discours gauchisant ou gauchiste, dans le scepticisme des analystes, il y a le fait que les comptes ne sont pas ronds. Il eût été préférable que le président ou le Premier ministre nous disent comment il vont résoudre la quadrature du cercle.
La trajectoire infaillible.
Le chef de l’Etat ne risquait pas de revenir au travail avec la mine sombre des mauvais jours. Les apparences sont sauves quand on exprime le plus intense des optimismes. Cependant, tout se passe comme si l’impopularité du président ne lui faisait ni chaud ni froid, comme si les sondages n’avaient sur lui aucune influence et comme s’il se nourrissait d’adversité. Macron, c’est le mathématicien qui a tracé une trajectoire et continue à croire, au nom de l’exactitude scientifique, qu’elle va le conduire au succès juste avant la fin de son quinquennat. Il ne fait aucun doute que les résultats des réformes ne seront visibles que dans plusieurs mois, peut-être même dans deux ans. C’est tout de même exiger du peuple une patience qui ne l’a jamais habité. En réalité, il y a bien un argument, mais substantiel, pour soutenir l’action du gouvernement : l’absence d’alternative politique. Mais aussi les actes déjà accomplis et dont l’inspiration nous a épargné le sort de l’Italie, par exemple. Ce qu’il faut souhaiter n’est pas son échec, mais sa réussite et dans cette réussite, l’adhésion d’une majorité de Français (et pas seulement la majorité parlementaire) est indispensable.
RICHARD LISCIA
Merci pour cet excellent éditorial.
Il vaut mieux agir dans le bon sens et pour le bien commun que chercher la popularité par une politique démagogique.
Quel bon sens ? Détruire progressivement les droits sociaux qui sont eux des biens communs!Voilà ou est la politique démagogique au profit du libéralisme et pour les plus riches !
Je ne faisais pas l’apologie du libéralisme, je me bornais à dire que la mission du chef de l’Etat et du gouvernement n’étaient pas de chercher la popularité par une politique démagogique, mais d’œuvrer dans le sens du bien commun.
M. Ostré, je n’ai jamais compris la logique des discours de gauche. Mais j’adhère pleinement à la logique de Macron. Macron est donc à droite et j’y suis donc aussi. Je n’ai voté qu’une seule fois pour un politique de gauche. C’était Lionel Jospin. Et celui-ci n’a pas été élu, car il avait dit: « Mon projet n’est pas un projet socialiste. » Quant à l’impopularité découlant de décisions justes, les bons médecins en prennent le risque tous les jours, en refusant traitements et arrêts de travail injustifiés.
« Un pouvoir qui n’a plus de mœurs fait des lois » (Soljenitsyne).
Quand allons nous élire un « bon paysan » madré et plein de bon sens, les pieds sur terre, bon gestionnaire (chômage, dettes) à l’écoute des Français, travailleur, sans esbroufe, modeste, avec un projet non technocratique ambitieux mobilisateur et fédérateur pour tous ?
Réponse
Soljenitsyne parlait du régime communiste.
R.L.
Justement, nous n’en sommes pas loin !
Nous avons de moins en moins de liberté de circuler et même de polluer (à quoi cela sert au niveau de la superficie de la France quand on connait la pollution de l’Asie : toutes les capitales ( Pékin, Bangkok, Phnom-Penh, Hanoï, sont totalement polluées sans compter les Américains et même nos voisins Allemands !
De plus en plus de lois contraignantes que seuls les avocats lisent et interprètent pour leur plus grand bien. De plus en plus d’inégalités devant l’impôt (CSG, taxe d’habitation, taxe foncière).
En 1984 certains parlaient de « cette manie de nos hommes politiques d’emmerder les français, de les priver de leurs libertés les plus élémentaires » et cela ne fait qu’empirer.
Réponse
Quel rapport ?
R.L.
Notre vie de tous les jours !
On n’est pas libéral quand on porte les prélèvements obligatoires à 57% du PIB, qu’on ne fait pas grand chose pour rendre nos entreprises compétitives, et qu’on a un commerce extérieur déficitaire de 70 milliards d’euros en année pleine. Il faut produire de la richesse et réduire les déficits avant de penser à augmenter le pouvoir d’achat. A force de prendre le problème à l’envers, la France s’enfonce. Et Macron continue dans les mêmes erreurs. Il est condamné à échouer.
La démonstration de M. Daniel Houlle me laisse pantois . Je crois qu’il s’agit là d’affirmations oiseuses tirées du dernier flash d’une radio locale, vu sa puissance simplificatrice. Réfléchissons donc dans le silence.