Le choix de Macron

Mme Royal candidate
(Photo AFP)

Entre un remaniement limité au remplacement de Nicolas Hulot par une femme ou un homme, et la nécessité d’un nouveau coup d’éclat pro-environnemental, Emmanuel Macron n’a pas vraiment le choix. M. Hulot étant « irremplaçable », le président de la République doit maintenant prouver par un signal fort qu’il poursuivra une politique écologique au moins aussi ambitieuse que la précédente.

C’EST LE SEUL moyen, pour lui, d’atténuer les conséquences négatives de la démission de M. Hulot, qui, prise dans le secret, a ajouté la surprise à l’inquiétude. Le départ de l’ex-ministre de la Transition écologique prolonge la série de déboires auxquels le gouvernement n’a pas échappé depuis le début de l’été, dans une atmosphère de tension croissante, soigneusement entretenue par les oppositions et qui, à quelques mois des élections européennes, a permis aux Républicains de sortir de leur silence relatif, de se transformer en chefs de file de la contestation et de ravir à la France insoumise son rôle de premier opposant. Tant il est vrai que des jugements tonitruants et stridents, prononcés de façon répétitive,  finissent par porter leurs fruits, même s’ils sont dictés par la démagogie.

L’environnement, une priorité pour les Français ?

A une majorité écrasante, selon un sondage Odoxa pour France Info et « le Figaro »,  les Français (84% des personnes interrogées) approuvent la démission de M. Hulot. Ce qui laisse penser qu’ils se satisfont du coup ainsi porté à l’exécutif sans guère se préoccuper de l’affaiblissement possible de son programme pour lutter contre le réchauffement climatique. Un autre sondage, celui de Harris Interactive montre d’ailleurs qu’ils ne sont que 61 % à considérer la lutte contre la pollution comme une priorité. C’est une des nombreuses contradictions que l’on trouve dans les enquêtes d’opinion : pour Hulot, le sort de la planète est le seul sujet ; pour n’importe quel gouvernement, le respect de l’environnement ne doit pas se faire au détriment de l’emploi ou du niveau de vie.

Il faut, pour ce travail, un homme ou une femme d’exception, capable, en outre de concilier le réalisme économique et social et les progrès dans l’assainissement de l’atmosphère. Une personne qui ait en même temps la foi et la ferveur de M. Hulot, mais assez de sens politique pour ne pas se heurter sans cesse au reste de l’exécutif. Franchement, pour ma part, je pense plus à un politique qu’à une personnalité de la vie civile. Quand on a été échaudé, il ne faut plus s’approcher de la bouilloire. Mais qui ? La multiplicité des candidatures, plus ou moins discrètement exprimées depuis hier, montre que les candidats pullulent, avec, à leur tête, l’éternelle Ségolène Royal qui a assez de légitimité pour briguer autre chose que son poste actuel d’ambassadrice dans les deux pôles. Elle n’a pas manqué d’exprimer son aspiration sans nuances, mais beaucoup d’autres noms circulent et en particulier ceux des écologistes Macron-compatibles.

Ce qu’il ne faut pas faire.

On nous a même proposé un canevas qui correspond exactement à ce qu’il ne faut pas faire : nommer François de Rugy, grand écologiste, actuellement président de l’Assemblée nationale, afin qu’il laisse ses fonctions à Richard Ferrand, chef de la majorité REM à l’Assemblée, censé, en vertu d’un accord fort bancal, remplacer M. de Rugy au terme de deux années et demi de mandat présidentiel (nous n’y sommes pas). Ce serait mettre l’écologie au service des petits calculs politiciens et là, on court à la catastrophe. Je ne vois vraiment que deux hommes capables de reprendre le flambeau de Hulot : Alain Juppé,  qui, du même coup, scellerait avec Macron un accord électoral pour les européennes ; et, si ce n’est pas possible, Jean-Louis Borloo qui, après l’échec de son rapport sur les cités, que Macron a mis dans un tiroir, serait heureux de reprendre du service pour une cause sacrée à laquelle il est déjà identifié.

RICHARD LISCIA

 

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8 réponses à Le choix de Macron

  1. Michel de Guibert dit :

    Le meilleur choix pour Macron serait en effet de nommer comme ministre de la transition écologique une personnalité insignifiante qui ne fera pas de vagues.

  2. Jacques Pernès dit :

    Concilier le réalisme économique et social et les progrès dans l’assainissement de l’atmosphère : est-ce réellement possible ?

  3. Chretien dit :

    Excellente analyse de la situation et de réflexions sur les potentiels successeurs ! Bravo.

  4. Didier AZAM dit :

    je suis entièrement d’accord avec les commentaires précédents… mais pour Macron , le « Et en même temps » est sa ligne de conduite, donc économie et écologie commencent par la même lettre enfin avec JL Borloo, les viticulteurs sont sauvés. Merci, RL de vos éditoriaux toujours franchement pro-Macron…. pas encore demandé un poste à l’Elysée ?

    Réponse
    Votre question, que vous trouvez sans doute drôle, est insultante, de la même manière que vous vous croyez obligé d’insulter Borloo. J’exprime des idées et je n’en attends aucun bénéfice. Mais, à mon avis, c’est trop difficile à comprendre pour votre cervelle d’oiseau.
    R.L.

    • Scalex dit :

      C’est justement pour leur objectivité que j’apprécie les éditoriaux de R.L. Mais à mon avis, les critiques de Macron ont une idée derrière la tête.

  5. ostré dit :

    On retrouve toujours ces antagonismes entre économie et écologie, croissance, consommation,
    lutte contre le chômage, dette.
    Il faut changer de raisonnement ou on en sortira pas
    Seule une décroissance raisonnée avec un Etat démocratique plus fort que les multinationales et les lobbies sera l’issue possible.

    Réponse
    Le choix de la décroissance est aussi celui d’un chômage aggravé.

    R.L.

    • ostré dit :

      Non la croissance toujours proclamée n’a jamais fait reculer le chômage et même l’a aggravé en remplaçant les hommes par des machines et en augmentant la productivité au profit des actionnaires.

      Réponse
      La croissance est de 4,2 % aux Etats-Unis et le plein emploi est pratiquement atteint. C’est pourtant le pays qui fait la part la plus belle aux actionnaires.
      R.L.

      • ostré dit :

        Les classes pauvres sont en nombre énorme aux USA sans aucune aide sociale l’exemple est mal choisi…seuls les plus riches en profitent.

        Réponse
        La France a un taux de chômage largement supérieur à celui de l’Europe. Pourquoi, sinon parce qu’elle a besoin d’une réforme structurelle ? L’exemple américain est parfaitement choisi. Je reviens des Etats-Unis où j’ai constaté une crise politique, mais pas économique ou sociale. Vos convictions vous aveuglent et vous conduisent à tenir bon même quand les chiffres vous démentent. Le taux de pauvreté aux Etats-Unis n’est pas supérieur à celui de la France : 14 %. Enfin, il est faux d’affirmer qu’il n’existe pas d’aide sociale en Amérique. Elle existe et elle coûte cher. Allez voir.
        R. L.

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