La République en danger

Le Pen en tête des européennes
(Photo AFP)

Les gilets jaunes hésitent : vont-ils, demain, saccager Paris pour la neuvième fois ou se contenter de ravager la ville de Bourges ? Ou les deux à la fois ? Ils n’ont aucune raison de renoncer à l’accumulation de leurs méfaits puisque 52 % des Français, selon un sondage, continuent  à les soutenir, tandis qu’une étude du Cevipof souligne la crise de confiance qui oppose une large partie de la population aux institutions.

LE MOUVEMENT des gilets, qui trouve des traductions jusqu’au Canada,  est donc soutenu par assez de nos concitoyens pour devenir la première force politique du pays. Cependant, dès lors qu’il refuse d’entrer dans le système électoral, qu’il craint les chefs et les empêche de s’affirmer, qu’il est lui-même divisé en milliers de tendances et de courants, il est incapable de s’organiser pour prendre le pouvoir. En revanche, il est en mesure de paralyser le pays et de rendre la position de l’exécutif et de sa majorité de plus en plus précaire. Emmanuel Macron semblait avoir écarté un phénomène qui a fait florès en Europe centrale, qui a mis Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, qui a installé à Rome une coalition néo-fascistes et populistes, qui, bien sûr, a jeté le Royaume-Uni dans la crise irrémédiable du Brexit. D’une certaine manière, Macron a incarné le dégagisme et sans doute n’a-t-il été élu que sur un malentendu. Dès lors que les gilets jaunes réclament l’adoption de nouvelles institutions, dès lors qu’ils entendent revendiquer plutôt que dialoguer avec le pouvoir, dès lors qu’ils s’estiment victimes d’un système dirigé par des privilégiés, le moyen de calmer la crise n’existe pas.

Une majorité anti-système.

Si, à sa manière, Macron a été une sorte de populiste éclairé qui a réussi à conquérir le pouvoir, c’est à son tour, selon les gilets, de s’en aller. Leur mise en cause de tout ce qui fonde la République fait que le chaos est seul capable de les satisfaire. Et si le soutien qu’ils reçoivent d’une majorité de leurs concitoyens reste puissant, cela signifie que la moitié au moins du peuple est séduite par la perspective d’une révolution immédiate qui balayerait le pouvoir en place et la majorité, changerait de régime (croient-ils aux vertus de la République ?) et créerait un processus compliqué de remise en ordre, avec une Assemblée constituante qui rédigerait une nouvelle constitution. Il serait certes difficile, dans cette hypothèse, de faire naître un système où l’exécutif serait chaque jour contrôlé et contrecarré par le peuple, où l’autorité n’existerait plus et où la communication serait assurée par tous les citoyens, au mépris de la vérité. Je ne vois pas de quelles armes ceux qui ne souhaitent pas la révolution disposent encore pour se battre contre une telle régression institutionnelle, morale, économique et sociale,  mais personne ne peut nier une vérité accablante : il existe une majorité en France pour annihiler le système et le remplacer par un autre. Je ne suis pas non plus certain que le président et le Premier ministre aient l’étoffe nécessaire, ou tout au moins un plan d’action, pour renverser le courant qui les menace.

Pour une coalition des démocrates.

Pour autant que la société française puisse y parvenir dans un état encore ferme, les élections européennes peuvent apparaître aux yeux du pouvoir comme une occasion de se refaire une santé. Certes, le Rassemblement national arrive en tête dans tous les sondages et il est aisé de me dire que c’est déjà partie perdue. Mais la République en marche est seconde derrière le RN et distance tous les autres partis. Qu’on me permette de poser la question :  les écologistes, les socialistes, l’UDI et LR ont-ils la moindre chance d’emporter les élections européennes de mai ? La réponse est non. Dans ces conditions, qu’attendent-ils pour s’unir autour de la majorité actuelle pour faire barrage au RN et à la France insoumise ? Car quel est l’enjeu ? Est-il de chasser Macron et d’entrer dans une crise interminable qui affaiblira durablement la France, ou plutôt d’assurer la stabilité politique en France, celle-là même que les institutions de la Ve ne parviennent plus à protéger ? Qu’est-ce qui empêche ces partis de négocier dès aujourd’hui avec le président pour prévoir un remaniement gouvernemental, après les européennes de mai, qui leur permettrait d’appliquer une partie de leurs idées ? J’ai été toujours surpris par des élections européennes qui suscitent tant de vocations anti-européennes. J’ai toujours pensé que, pour les européennes, seuls des candidats favorables à l’Union devraient se présenter. Cette année, en France, le danger n’est même plus populiste. Ma crainte du chaos n’est pas excessive. Si les gilets représentent un courant majoritaire, il faut créer celui qui ne veut pas de ce courant.

RICHARD LISCIA

 

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18 réponses à La République en danger

  1. phban dit :

    Vous avez cent fois raison, seule une alliance des démocrates peut contrecarrer cette terrifiante course à l’abîme. Il faut que les partis « raisonnables » se ressaisissent et, s’appuyant sur une vision claire et positive du futur de l’Europe, proposent enfin un projet républicain pour sortir ce pays de la crise morale et économique qu’il traverse.

  2. admin dit :

    LL (USA) écrit :
    Je continue à être surpris par le manque de communication du gouvernement.

  3. Lefrançois dit :

    Oui, il est temps que la « majorité silencieuse » qui ne veut pas du foutoir généralisé, ni de l’insurrection chère à Mélenchon et Le Pen, se manifeste, et manifeste !
    Merci de relayer cet appel aux manifestations : pas nommément « anti-gilets jaunes », mais (très) fermement « pro-ordre républicains » et anti-incivilités.
    Confraternellement
    Dr Jérôme Lefrançois

  4. daniel M dit :

    Le problème, vu la tournure des évènements est de savoir si l’actuel chef de l’Etat et le gouvernement tiendront jusqu’aux européennes.

  5. Doumé dit :

    On voit mal les partis écologistes, socialistes, RDI et LR , que Macron a fortement contribué à faire régresser en 2017 , venir à son secours à l’occasion des européennes. Diviser les Français, fracture sociale, ce qui avait largement été reproché à Sarkozy voire à Hollande, cela existe toujours aujourd’hui, hélas.

  6. lomon marie-pierre dit :

    Si M. Macron se mettait deux mois dans la peau d’un smicard à temps partiel et travail posté, se levant à 4h du matin pour empocher 1 000 euros en fin de mois, il communiquerait plus efficacement qu’en parlant de notion d’effort perdue de vue. Il arrêterait de parler de ce qu’il ne connait pas et de prendre des décisions sans efficacité! c’est ça qui excite les gilets jaunes: l’autisme des institutions quant aux problèmes réels et quotidiens de ceux qui font vivre le pays, et sa compliance avec les voyous en col blanc…Benalla libre, Dettinger en tôle, selon que vous serez riche ou pauvre. Il ne peut y avoir qu’un accord, celui de la révolte, car trop de gens de trop d’horizons et vécus différents ne s’y retrouvent plus du tout.

    • D.S. dit :

      Ce que je vais dire est sûrement provocateur, mais j’ai fait de longues études en me disant que si je ne les faisais pas, je devrais me contenter de… 1 000 € par mois. Si demain, nous gagnons tous 5 000 € par mois, pourquoi se fatiguer ? Macron a donc raison, certains Français n’ont plus le goût de faire des efforts.

      • Michel de Guibert dit :

        Macron a raison de rappeler cette notion essentielle souvent oubliée qu’est le goût de l’effort, mais il a grand tort de le dire à la France qui travaille et qui vit difficilement.

    • Gilet anti-jaune dit :

      Ce cas de figure n’existe pas, désolée de vous le dire. Le travail posté, et de nuit, est rémunéré plus haut que le SMIC dans toutes les conventions collectives. De plus jusqu’à 1.2 SMIC mensuel vous touchez une prime d’activité d’environ 300 € par mois, donc 400 € depuis janvier. Ensuite, si vous avez des enfants, vous avez allocations standard + complément familial. Et si vous êtes locataire, une APL.
      Je prends l’exemple de ma femme de ménage : elle a trois enfants, son mari est dans le BTP donc gagne moins que le SMIC, elle est à 1 200 € de salaire par mois, et leurs prestations sociales toutes confondues représentent 1 400€ / mois. Donc plus que son salaire, et plus que le SMIC. Je ne dis pas que c’est trop, je dis que c’est suffisant. Et qu’il y en a marre de cette haine de ceux qui ont fait des études et réussissent à force de travail et d’épargne à vivre confortablement.

  7. Doriel Pebin dit :

    Tout à fait d’accord d’autant plus que deux mois après le début, il y a une transformation nette d’un mouvement contestataire issue de la « France périphérique » à une volonté insurrectionnelle favorisée en sous-main par les extrêmes (droite et gauche) qu’ils n’ont pas eu la majorité aux élections présidentielles (autrement dit le vrai « peuple » même si la prise en compte du vote blanc serait plus représentatif). Les gilets jaunes, Le Pen et Mélenchon n’ont donc objectivement aucune légitimité en tant que « monopole du peuple ». Devant ces mouvements/attitudes antidémocratiques, il est rationnellement attristant et incroyable que les authentiques républicains (démocrates, adepte du dialogue et de la culture de compromis/consensus, non violents, respectueux d’autrui) ne réagissent pas. Je ne peux pas croire qu’il y ait 50 % de néofascistes/populistes en France guidés par les trois émotions (peur, ressentiment et identitaire = un chef + un groupe) (Eva Illouz) qui les guident. Ce populisme émotionnel est-il vraiment soutenu par les sympathisants Républicains et du PS ? A force de taper sur Macron et le gouvernement, une majorité de Français oublie que c’est la France et donc eux qui paieront les pots cassés (la gueule de bois commence à arriver). En intentions de vote, les gilets jaunes atteignent péniblement 10 % (hors proportion de leur place médiatique) et ni Le Pen ni Mélenchon n’apparaissent comme une alternative. Le Pen a été clairement rejeté aux présidentielles récentes. Hors une coalition des démocrates, quelle solution pour notre avenir et celui de nos enfants et petits enfants ? Je veux rester optimiste et croire en un sursaut des vrais citoyens amoureux de la République, la colère n’est jamais bonne conseillère. Le tsunami néo-fascisant populiste aux élections européennes n’est pas du tout certain. Dans tous les pays d’EU, une large majorité ne veut pas la quitter (y compris les « illibéraux »). Pour cela, il faut arriver à concilier/rapprocher les intérêts de la France (Europe) périphérique et urbaine. Ce défi peut et doit être relever pour notre bien-être à tous. Continuez vos « coups de gueule », SVP.

  8. DUDUCHE dit :

    Combien, en réalité, de nos concitoyens partagent-ils l’opinion que vous défendez et à laquelle j’adhère totalement et sans réserve ?
    Combien sont prêts à prendre leur destin en main face à un quarteron de trublions enragés qui ne représentent au plus que 1 % de l’électorat? Il est grand temps que notre président joue un peu les De Gaulle et trouve le moyen de siffler la fin de la récréation.
    Merci de continuer à nous secouer, vous êtes un vrai lanceur d’alerte. Il faudrait qu’une presse à grand tirage vous ouvre ses colonnes.

    Réponse
    Je suis heureux d’écrire pour les médecins et je me méfie des audiences médiatiques. Quoi qu’il arrive, je continuerai à défendre les mêmes idées : république, démocratie, suffrage universel. Mais je crains de passer bientôt dans l’opposition.
    R. L.

  9. admin dit :

    André Grjebine, économiste dit :

    Une nouvelle fois Richard Liscia nous propose une excellente analyse du mouvement des gilets jaunes et de ses conséquences. Ceci dit, je suis sceptique sur l’idée d’un « front commun » unissant les démocrates qui y sont opposés. Cela ne me paraît guère possible, ni même souhaitable. Un tel front aboutirait, en effet, à scinder la France en deux : d’un côté ceux qui protestent et revendiquent, de l’autre ceux qui réagissent en s’opposant à ceux qui ne font que s’opposer. La perspective d’un débat national me paraît également douteuse. La « démocratie directe » est d’un maniement dangereux. La politique d’un pays ne se définit pas sur des ronds-points, mais au Parlement. Dans le cas contraire, on risque de connaître une avalanche de revendications irréalistes et souvent incohérentes les unes avec les autres.
    On nous dira que le Parlement est trop déconsidéré et peut-être trop de parlementaires manquent-ils à la fois du courage et des compétences nécessaires pour être les constructeurs d’un tel débat. Peut-être.
    Il faut donc aujourd’hui se demander s’il est possible d’amener le Parlement à débattre des options qui se présentent au pays en sortant du politiquement correct inspiré par l’idéologie néo-libérale qui conduit la France et la plupart des autres pays occidentaux dans une répétition de la crise des années trente. Peut-on espérer qu’un nouveau Roosevelt ou un Mendès France apparaissent et proposent un nouveau « New Deal » ? Si non, la démocratie française paraît menacée, moins par les gilets jaunes eux-mêmes que par le délabrement de nos institutions politiques dont ils sont le lamentable indice…Le problème est que Macron a réduit encore, sinon donné le coup de grâce, aux corps intermédiaires, notamment aux syndicats et aux partis politiques traditionnels, déjà en perte de vitesse précédemment. Il est aujourd’hui victime d’un mouvement dont il a profité : « sortez les sortants ». Il n’en demeure pas moins que, quoi qu’on pense de ceux qui disposent aujourd’hui des leviers du pouvoir, dans toutes les enceintes, ils n’ont pas été imposés par un coup d’Etat, mais élus démocratiquement. Il leur incombe donc de se ressaisir, en prenant en mains le débat public, plutôt d’attendre que des projets viables tombent du ciel ou plus exactement des ronds-points. Il incombe également à l’ensemble des médias d’amener nos dirigeants à formuler des projets politiques viables en les acculant par des questions précises à sortir des rodomontades et des propos insignifiants pour formuler des projets politiques sérieux. Le malaise dont les gilets jaunes sont une expression parmi d’autres n’est-il pas avant tout celui d’une société qui n’est plus capable de réfléchir à son avenir, ni aux options politiques et économiques qui s’offrent à elle.
    La démocratie française sera bien mal partie si nous n’avons plus de choix qu’entre une idéologie néolibérale dont on peut observer chaque jour les dégâts en termes de déstructuration de la société et la démagogie populiste. Est-il concevable de proposer d’autres options aux Français ?

    André Grjebine, économiste

    • CAZEILS Francis dit :

      N’est-il pas évident que les Français en particulier, et toutes les sociétés occidentales (les nord-américains en premier), vivent au-dessus des moyens que peut nous donner notre planète ? Dans un mois, la France va bouchonner sur des centaines de km autoroutiers de Paris vers les stations de ski alpines et autres, tout en passant devant les gilets jaunes pour lesquels ils vont se permettre de klaxonner en riant jaune.
      Alors, j’ai une proposition concrète à faire (mais … je ne suis pas économiste : tant pis, c’est pour lancer la discussion) : pourquoi ne pas plafonner progressivement (en deux ans maximum par exemple) les rémunérations à environ 8 000 €/mois ? Cela concernera M. Carlos Ghosn, Mme Jouanneau, certains footballers, bref : beaucoup de hauts salaires … tout cela pour être redistribué vers les nécessités de la nation et, tout en recherchant des économies sur tous les fronts et en mettant concrètement en oeuvre notre transition énergétique (se tourner résolument vers les énergies renouvelables et vers une sobriété énergétique). Ne jamais oublier que nous avons de lourdes dettes vis-à-vis de nos enfants et petits enfants et vis-à-vis de notre planète.
      CAZEILS Francis, médecin généraliste retraité

  10. mathieu dit :

    Demander aux dirigeants des partis démocratiques classiques d’avaler leur chapeau et se ranger derrière celui…qui les a dégagés, et dont ils cherchent, à la 1ère occasion, à prendre la succession, c’est peut-être beaucoup demander! D’autant que lesdits partis analysent la situation en gardant la tête froide:
    – climat insurrectionnel? peut-être, mais avec 50 000 opposants actifs sur 66 millions de français,
    – la moitié d’entre eux sympathisants? c’es 1/3 de moins qu’il y a15 jours et leur engagement concret se limite à un gilet jaune sous le pare-brise et un coup de klaxon dans les ronds-points.
    – la paralysie du pays? à ce jour toute la France est au travail, il n’y a pas la mythique « convergence des luttes », et la révolution, à « temps partiel » n’a lieu que le samedi, n’empêchant pas de se ruer vers les soldes de janvier!
    Quant aux braves « gilets », eux qui ont servis comme Bonnets Rouges, Zadistes, Indignés et autres « Nuit Debout », ils trouveront bien une reconversion pour l’avenir, soyons confiants!
    S’agissant de nos gouvernants actuels, pilotes de réformes essentielles et courageuses, on ne peut que regretter – c’est facile après – que leur excès de confiance en leur « baraka », et leur jeunesse en politique leur aient suscité quelques faux-pas malencontreux, provocateurs et inutiles au « redressement »: les 80 km/h, « cadeau » de Philippe, la fameuse et funeste taxe qui a tout déclenché (et dont leur « conscience » écologique se moquait comme de leur dernier plein d’essence…qu’ils ne paient pas!), les sanctions aux retraités, entre autres…
    Alors que la réduction du train de vie de l’Etat aurait dû être une priorité (les nombreux Conseils, Commissions, Chambres et comités Théodule, fleurons inutiles de notre République, chambres de reclassement somptuaire de nos politiques en retraite)…financièrement anecdotique (encore que?), mais symboliquement essentielle: si l’on peut comprendre la rémunération « confortable » par les actionnaires d’un patron d’industrie, comment justifier que les contribuables engraissent à 15 000 € par mois les « hauts-fonctionnaires » sur des missions aussi « spéciales » qu’inutiles?
    Edouard Balladur, dans un autre siècle, à son arrivée à Matignon en 1993, avait symboliquement réduit les émoluments de tous les ministres, afin de les associer à l’effort national demandé à tous. Cela coûte peu, ça ne rapporte rien…sauf la sympathie des français! ça existait encore, une autre époque! Rappelons que la cote de popularité de Balladur est restée intacte ses deux ans de mandat.

    Réponse
    Ce n’est pas l’évocation de Balladur qui va régler le problème. Sous-estimer cette crise, c’est évidemment ne pas approuver un appel à l’unité nationale. Je crois que nous ne parlons pas de la même chose.
    R.L.

  11. mathieu dit :

    Rappelons que c’est Macron lui-même qui a renvoyé à leurs chères études un certain nombre de ténors de l' »ancien monde » des partis démocratiques (comme Manuel Valls et Ségolène), un peu comme Jacquet ou Deschamps constituant leur équipe de France de foot en dégageant les « notables » du ballon rond.
    Et puis tous ces naufragés du tsunami politique de 2017, le grand dégagisme, ont-ils intérêt à rejoindre une embarcation faisant eau de toutes parts? Pour l’heure les politiques « institutionnels » des partis modérés craignent plus leur disparition au sein d’un grand conglomérat démocrate…et macronien…que celle de la République et de la démocratie parlementaire, attendant plutôt une possible dissolution pour se « refaire un peu la cerise » (du moins l’espèrent-ils), seul moyen d’avoir une cartographie actualisée des aspirations du pays, entre populistes insurrectionnels et tenants d’une démocratie représentative et disciplinée.
    Mais pour l’instant, dans une France, redisons-le, au travail, chacun pense que ce n’est pas à 60 000 révoltés en gilet d’imposer les horloges et le calendrier politique au pays 18 mois après les élections… mais peut-être chacun a-t-il tort?

    Réponse
    Il ne s’agit du tout de ce que vous tenez à mentionner de manière répétitive. Il ne s’agit pas de partis politiques, de combines, de regroupements et de d’alliances interchangeables. Il ne s’agit pas de Macron lui-même. Il ne s’agit pas d’un ou de plusieurs hommes politiques. Il ne s’agit pas de savoir si demain ce sera la droite ou la gauche.
    Il s’agit du pays. Sa stabilité est menacée par une révolte qui rend l’arrivée au pouvoir des extrêmes probable, possible, sinon certaine et contre quoi tous les démocrates devraient s’unir. Je veux bien que vous envoyiez sur le même sujet plusieurs commentaires, et vous êtes libre de ne voir dans les gilets jaunes qu’un mouvement sans importance qui n’affectera pas la suite des événements. Vous me permettrez néanmoins de croire le contraire, d’autant que les faits me donneront raison dans quelques semaines. J’espère que cette discussion est maintenant close. En tout cas, elle l’est pour moi, donc pour le blog.
    R.L.

    • D.S. dit :

      Dans l’ancien système, nous avions, soit la droite au pouvoir, et 50 % de mécontents à gauche, soit la gauche au pouvoir, et 50 % de mécontents à droite. L’arrivée de Macron me paraissait être une chance extraordinaire, car dans ce cas nous avions 25 % de mécontents à l’extrême droite et 25 % de mécontents à l’extrême gauche. Tout aurait donc du marcher pour le mieux. Mes illusions ont duré jusqu’à novembre et l’arrivée des gilets jaunes. Qui sont les gilets jaunes ? En grande partie des extrémistes qui s’exprimaient auparavant en votant Le Pen ou Mélenchon. Et ces deux candidats battus en 2017 ont confirmé ces jours-ci n’avoir que très peu de points communs. Une alliance entre les deux partis n’est donc pas du tout à l’ordre du jour.

      Réponse
      J’approuve à cent pour cent cette analyse.
      R. L.

  12. JMB dit :

    Avant l’élection présidentielle de 2002, Jospin, Premier ministre, eut cette phrase pertinente: “L’État ne peut pas tout”. Elle l’est plus que jamais aujourd’hui.
    Lors d’un débat sur le budget italien (28’ d’Arte), un économiste fit remarquer que 70 milliards d’euros d’investissements avaient quitté l’Italie au second semestre 2018. Un collègue déplora le poids du système financier dans l’élaboration de la politique d’un pays.L’Italie a modifié quelque peu sa copie et son budget a été approuvé au niveau européen. L’action des milieux financiers est peut-être plus importante que les remontrances de Bruxelles.

  13. Michel de Guibert dit :

    Plusieurs remarques contradictoires à propos des gilets jaunes qui me laissent perplexe :
    – Je vois des gens malheureux, en colère, parce qu’ils se sentent exclus d’une société qui a changé ; c’est particulièrement vrai en milieu rural ou dans les petites villes de province, laissées pour compte (la fracture territoriale dont parlait Christophe Guilluy)
    – Je vois aussi des « petits blancs » marginalisés qui n’acceptent pas la mondialisation, les immigrés, etc.
    – Je vois encore la haine et la violence se développer de façon inacceptable et irresponsable
    – Je vois des gens qui prennent en otage la population en bloquant les rond-points pour exprimer leur mécontentement
    – Je vois la frustration de ceux qui voudraient « avoir » comme les autres, l’envie et la jalousie d’un côté, le mépris de ceux qui « ont » de l’autre côté, les deux renvoyant comme en miroir l’image du consumérisme, de l’avoir toujours plus et de la frustration qu’elle engendre
    – Je vois l’incompréhension du gouvernement, ou du président qui font quelques gestes qui ne peuvent répondre au mal-être et qui s’étonnent de n’être pas remerciés
    – Je vois les autres partis exploiter la colère et le ressentiment sans aucun sens des responsabilités
    – Je vois ce mouvement composite des gilets jaunes poursuivre cette fuite en avant qui ne mène à rien et se durcir car le plus extrémiste a toujours le dessus sur le plus responsable
    – Je ne vois pas en revanche les plus malheureux, les plus pauvres, ceux qui sont au chômage, ceux qui sont sans domicile fixe, ceux qui sont demandeurs d’asile…
    – Je vois plus généralement ce peuple qui depuis deux cents ans cherche un père et qui depuis deux cents ans veut ensuite lui couper la tête
    Bref, je vois toute cela « en même temps »… et je demeure perplexe !

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