Daech : qu’ils y restent

Civils évacués de Baghouz
(Photo AFP)

Un sondage Odoxa pour « le Figaro » et France Info montre que 67% des Français sont hostiles au rapatriement des djihadistes français pour qu’ils soient jugés en France et ne voient pas d’inconvénient à ce que la justice irakienne s’occupe de leur cas.

IL Y A quelques jours, le gouvernement avait laissé entendre qu’il envisageait de faire passer les djihadistes français devant notre justice. Il semble que le sondage Odoxa l’ait convaincu de n’en rien faire. Les questions posées dans les enquêtes d’opinion simplifient parfois les problèmes. Le vrai sujet ne porte pas que sur les terroristes eux-mêmes, dont aucun parti de droite ou de gauche ne souhaite le rapatriement, mais sur leurs épouses et surtout leurs enfants, qui doivent être considérés comme parfaitement innocents tant qu’ils ne sont pas parvenus à l’âge adulte. Le Premier ministre irakien est venu tout récemment à Paris et il a offert à la France de traduire les djihadistes devant une cour irakienne. Emmanuel Macron a saisi la balle au bond, estimant en effet que cette proposition lui ôtait une épine du pied.

Des mères non repenties.

Les reportages radiodiffusés ou télévisés qui ont été réalisés à Baghouz, à la frontière entre la Syrie et l’Irak, considérée comme le dernier bastion de Daech en Syrie, ont montré des mères qui ne faisaient pas vraiment amende honorable, ne se repentaient pas et pensaient qu’elles pouvaient rentrer en France avec leurs enfants sans avoir à répondre de leurs actes. Le délire qui les a conduits au Moyen Orient où elles n’ont jamais été que des bonnes à tout faire ne semble pas terminé. La plupart estiment qu’elles sont des victimes qui n’auraient même pas besoin d’expliquer ou de justifier leur engagement, le choix d’épouser des hommes voués à la destruction de notre pays, et donc celui de le trahir. Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, pense que le gouvernement n’a pas le droit de séparer les mères de leurs enfants sans le consentement maternel et se dit donc disposé à accueillir les enfants dont les mères accepteraient le transfert en France.

Bombes à retardement ?

A plusieurs reprises, cependant, des avocats ont souligné que les enfants étant innocents, ils bénéficient de tous les droits accordés par notre pays, d’autant qu’ils sont menacés par la famine et les maladies. La France, selon ces avocats qui ont lancé un appel à l’ONU, doit respecter les droits de l’homme. En outre, nombre d’entre eux font remarquer que la presse et la justice française ont présenté les enfants de djihadistes comme des « bombes à retardement », c’est-à-dire qu’ils sont déjà intoxiqués par la propagande de Daech et que, en grandissant, ils pourraient à leur tour se livrer à des actes terroristes sur le sol français. C’est dire que le problème posé par la défaite de l’État islamique est infiniment plus complexe qu’une question à laquelle on répond par oui ou par non. Il s’agit d’une affaire politique et non judiciaire.

Une plaie encore ouverte.

Visiblement, cette complexité encourage le gouvernement à interdire tout rapatriement, y compris celui des enfants, dont l’éducation est à refaire complètement, qui nécessitent un suivi vigilant et doivent trouver sur notre sol assez de confort et de bonheur pour ne pas imiter leurs parents. Les enfants, c’est évident, ne sont pas responsables des actes de leur père, contrairement aux mamans. On peut s’attendre à une vaste campagne des avocats en faveur des enfants. Il est logique qu’ils jouent leur rôle et défendent les droits de l’homme, pièce maîtresse de la démocratie. Ces enfants, nés de père et de mère français, doivent être considérés comme des citoyens français et méritent, comme tout enfant, d’échapper à un sort terrible. Malheureusement, l’opinion se complait dans des canevas simples. Les attentats en France et leurs cortèges de victimes ont laissé en France un traumatisme alimenté par l’aversion que les terroristes inspirent à toute société démocratique. Nous ne pouvons pas oublier le cynisme et surtout, la lâcheté des djihadistes qui ont assassiné froidement ou mutilé des civils incapables de riposter, au nom d’une cause imbécile qu’ils ont perdue. Cette plaie encore ouverte ne doit pas nous conduire non plus à refuser à des enfants les droits qui sont les leurs.

RICHARD LISCIA

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7 réponses à Daech : qu’ils y restent

  1. admin dit :

    LL dit :
    Sur ce point, je rejoins l’opinion française.

  2. Michel de Guibert dit :

    Merci pour cet article avec lequel je me sens en consonance.
    Les enfants ne sont pas responsables des crimes de leurs parents et doivent être protégés ; on fait des signalements de mauvais traitements à enfants pour moins que cela…

    • Chlh dit :

      Il y a quelques années, la politique bien pensante a supprimé les QHS (quartiers de haute sécurité, des prisons gardées). Nous nous retrouvons maintenant avec des passoires (28 colis sont projetés de l’extérieur pendant la promenade en moyenne à Nantes) qui deviennent des zones de recrutement.
      La France est en guerre a toujours jugé les traîtres sévèrement, qu’elle mette les moyens pour agir de même. C’est une honte de laisser les enfants (les nôtres, que ça plaise ou pas) dans des conditions d’enfermement, de dénutrition. Ils sont, eux, innocents.

  3. muller daniel dit :

    Le problème des enfants est qu’ils peuvent être des bombes à retardement (enfants soldats en Afrique) ayant subi un lavage de cerveau même tout jeunes, ce qui supposerait un nouveau lavage de cerveau, vaste entreprise !

  4. honore dit :

    Pourquoi ces mères, musulmanes, n’iraient-elles pas jusqu’au bout de leurs idées en demandant asile, ainsi que pour leurs enfants, futurs musulmans, dans des pays-amis également musulmans ?
    Ainsi pourraient-elles continuer à bénéficier des joies et privilèges que leur réserve la religion de leur choix !

    Réponse
    Les gouvernements de pays musulmans sont eux aussi les ennemis de Daech.
    R. L.

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