Terrorisme carcéral

Belloubet sur la sellette
(Photo AFP)

A la prison de Condé-sur-Sarthe, dans un quartier de haute sécurité, un détenu dangereux, converti à l’islam, Michaël Chiolo, et sa femme ont grièvement blessé deux surveillants qui ont été hospitalisés. Au bout de dix heures de siège, la police a tué l’épouse et Chiolo a été arrêté.

CHIOLO bénéficiait d’un droit de visite de son épouse qui, semble-t-il, lui a apporté un couteau en céramique indétectable. C’est en ouvrant la porte du studio spécialement aménagé pour les rencontres entre époux que les surveillants ont été pris à partie. Le détenu a affirmé qu’il portait une ceinture à explosifs, ce qui devait être vérifié par divers moyens et explique que l’assaut n’a eu lieu qu’au bout de dix heures. L’événement est grave, non seulement à cause de son degré de violence, mais dans la mesure où il démontre l’insuffisance des moyens de prévention dans les prisons. Les syndicats de surveillants ont bloqué plusieurs prisons depuis ce matin, dont celle de Condé-sur-Sarthe.

Un profil inquiétant.

Condamné pour l’assassinat d’un ancien résistant,  radicalisé pendant ses séjours en prison, Chiolo avait déjà un profil assez inquiétant pour ne pas obtenir un droit de visite dans un appartement privé. C’est certainement son statut qui indignera le plus l’opinion. Mais une simple visite au parloir aurait permis à sa femme d’apporter le fameux couteau. Il était décidé à venger Chérif Cherkatt, l’homme qui a commis l’attentat de Strasbourg le 12 décembre dernier. Il ne méritait aucun privilège. Il s’ensuit une vague de protestations, dans les partis d’opposition d’abord, qui mettent sur la sellette la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, et un nouveau mouvement chez les surveillants, victimes de la surpopulation carcérale, débordés par leur tâche et privés des moyens matériels qui auraient trouvé l’arme.

Il s’agit en tout cas d’un crime terroriste commis en prison et qui, au moment où le pays débat de l’éventuel retour en France des djihadistes français de Syrie, inquiète tout particulièrement l’opinion et donne aux partis politiques une occasion de dénoncer le laxisme du gouvernement en matière de sécurité, publique et pénitentiaire. La réponse des pouvoirs publics est à la mesure de leur embarras, c’est-à-dire peu convaincante. La question ne porte pas sur l’arsenal des lois et règlements en vigueur dans les prisons. Elle concerne d’abord le rapport entre la dangerosité d’un individu et les avantages dont il peut bénéficier en prison. Mais elle a trait aussi au manque de places, au manque d’effectifs et à des moyens de surveillance réduits pour des raisons budgétaires.

Deux conceptions de la détention.

Les dispositions prises par le pouvoir pour améliorer les conditions de travail dans les prisons n’ont pas convaincu, de toute évidence, ceux qui en ont la tâche. La sécurité en France représente depuis longtemps une pomme de discorde. Chaque nouvelle affaire alimente des polémiques infinies où s’affrontent deux conceptions de la détention qui, pour les uns, doit se résumer à la privation de liberté et qui, pour les autres, doit être assortie de mesures susceptibles de rendre infernales les conditions carcérales et d’augmenter l’agitation dans le système pénitentiaire.

C’est le même clivage qui oppose les partisans de l’humanisme judiciaire et les jusqu’au-boutistes de la répression. Près de Grenoble, deux adolescents avaient sans doute volé un scooter et roulaient sans casques ni plaque d’immatriculation. Une voiture de police les a suivis. Ils ont tenté de doubler un bus sur la droite et ont été tués. Il ne s’agissait pas d’un rodéo. Les policiers ne se sont pas approchés du scooter, mais les associations, qui déplorent que deux enfants soient morts, estiment qu’il faut abolir la chasse des mineurs par les voitures de police.  L’accident a été suivi par trois jours d’émeutes et de casse dans les quartiers dits sensibles. Les deux adolescents, pourtant, étaient apparemment coupables de trois délits (vol, non-port du casque, plaque arrachée) au moment de l’accident. Bien entendu, leurs frasques ne méritaient pas la peine de mort et le rôle de la police devrait être de les mettre à l’abri de leurs propres infractions. Rien n’est aussi simple que ce que veulent nous dire ceux qui ont une opinion définitive sur n’importe quel sujet.

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Une réponse à Terrorisme carcéral

  1. honoré dit :

    Une fois de plus, par ces émeutes inadmissibles, l’habituelle solidarité musulmane s’est encore manifestée, car il me semble bien que ces deux chérubins étaient issus de ce milieu.

    Réponse
    Je vous laisse responsable de votre propos.
    R. L.

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