Terrorisme : pas de quartier

Me Dupond-Moretti
(Photo AFP)

Le frère de Mohamed Merah, assassin multiple tué lors d’un assaut du GIGN, a été condamné en appel à trente ans de réclusion criminelle pour complicité. Son avocat, Me Éric Dupond-Moretti, va se pourvoir en cassation.

POUR Éric Dupond-Moretti, ténor célèbre parmi les avocats, c’est un échec. Il poursuit sa plaidoirie dans les médias en soulignant qu’il n’existe aucune preuve de la complicité d’Abdelkader avec son monstre de frère, d’autant que la Cour d’appel a renversé le verdict précédent. Aussi talentueux qu’il soit, Me Dupond-Moretti se heurte à une falaise bien plus haute que lui. Abdelkader Merah, 36 ans, n’a jamais caché ses convictions salafistes, pas plus d’ailleurs que le reste de sa famille. Il se situe bel et bien dans cette nébuleuse où la haine de la France est le principe directeur. Ce que la Cour suggère, c’est le traitement que la société française réserve à toute personne qui a contribué, de près ou de loin, au développement du terrorisme en France. Il n’y avait d’ailleurs pas, dans l’affaire, de vindicte sociale, mais on a dénombré 300 parties civiles (et 117 tomes pour le dossier). C’est toute la France qui a jugé le cas, et pas seulement les jurés.

Pas de « loup solitaire ».

Quoi qu’il ait fait, Abdelkader ne pouvait ignorer ce que Mohamed tramait. Il ne l’a pas dénoncé, il ne s’est pas dit que des crimes particulièrement odieux allaient être commis, il a probablement pensé que son frère allait contribuer à la victoire de ses idées. Les Français ne peuvent pas extirper ces songes cruels et haineux des cerveaux de jeunes gens saisis par une passion destructrice, sauf à les prendre au berceau et à les éduquer. Ils ne peuvent pas abattre un suspect dans la rue. Ils ne peuvent pas se venger de crimes commis contre des militaires et des enfants. Mais ils peuvent appliquer à l’un de ceux qui ne s’identifient pas au système démocratique de notre pays la justice qu’ils ont mise en place et qui est égale pour tous, citoyens honnêtes et comploteurs à la petite semaine. Au cours des deux procès, la thèse du « loup solitaire » a volé en éclats. Mohamed Merah a bénéficié de soutiens multiples. Abdelkader n’était pas en dehors d’un circuit dans lequel toute la famille était largement engagée.

Un message au terroristes.

La défense d’Abdelkader est forcément consternée, mais le message national envoyé à tous ceux qui, battus à plate couture en Irak et en Syrie, voudraient venir en France pour y semer la mort et la destruction. Nous serons fidèles à nos lois, mais nous les appliquerons avec la plus grande fermeté. Ainsi la justice a-t-elle contribué au respect de la démocratie, avec le souci de combler toute faille dans notre bouclier : ceux qui, de nouveau, oseront prendre les armes contre notre société seront arrêtés, et sévèrement punis. Leur intérêt n’est donc pas de rechercher une prolongation de leur sinistre carrière, mais de renoncer à leur vocation, de réfléchir sur le sens même de leur conduite et de comprendre enfin, maintenant que leur rêve de califat sont réduits à néant, qu’ils ne trouveront aucune issue à leur parcours infernal s’ils ne changent pas d’avis.

La défense d’Abdelkader a certainement saisi le risque qu’il courait et qui est d’ordre politique. Elle s’est acharnée à repousser des éléments de preuves qui n’étaient pas vraiment des preuves formelles. Elle ne pouvait énoncer ce qui était, lors du procès, dans toutes les têtes, à savoir que toute forme de mansuétude à l’égard d’Abdelkader eût été une façon d’inviter chaque apprenti terroriste à venir en France faire un coup d’essai. Cet enjeu, les magistrats et les jurés l’ont parfaitement compris.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Terrorisme : pas de quartier

  1. admin dit :

    LL dit :
    Une fermeté bienvenue.

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