L’appel au suicide

Samedi à Paris
(Photo AFP)

La plus surprenante, la plus odieuse, la plus démente des initiatives prises à ce jour par les gilets jaunes, c’est l’appel au suicide des policiers, affiché par les manifestants samedi dernier, crié aux forces de l’ordre le même jour et réitéré dimanche avec des graffiti sur les murs d’une gendarmerie.

QU’EST-CE qui convaincra la gauche, les médias et tous ceux qui n’osent pas dénoncer le comportement des gilets jaunes qu’ils ne sont pas des besogneux désargentés mais des voyous de la pire espèce ? À quelle provocation devront-ils se livrer pour être mis au ban de la nation? Comment s’accrocher au principe du droit à manifester quand on observe ce qu’ils en font? Certes,  leur attitude scandaleuse résulte des coups qu’ils reçoivent, les lanceurs de balle qui les rendent borgnes, les sévices que leur font subir policiers et gendarmes. Mais, jamais, depuis qu’ils ont commencé leur mouvement en novembre dernier, ils n’ont tenté d’empêcher les actes de violence si aisément attribués aux black blocs, alors que des milliers d’images témoignent de leur propre engagement dans les déprédations infligées aux centres-villes. Jamais, non plus, ils n’ont accepté de prendre leur part de responsabilité dans ces incidents graves. Jamais ils n’ont cru au dialogue ou à la négociation. Jamais ils n’ont su présenter des revendications cohérentes que le gouvernement peut satisfaire. Jamais ils n’ont souhaité autre chose que la propagation de l’insurrection qu’ils ont lancée mais qui, de samedi en samedi, s’effiloche.

Pas d’issue politique.

On ne peut pas compter le nombre d’infractions à la loi qu’ils ont commises sans exiger qu’ils soient punis. On ne peut plus, au nom du droit à manifester, accepter le vandalisme, leur haine épaisse, leur désir affiché de voir morts ceux qui protègent la population. On ne croit pas davantage qu’il existe une issue politique à cette crise qui dure depuis cinq mois. L’ordre doit revenir en France aussitôt que possible, ce qui n’empêche pas le pouvoir d’annoncer ses mesures sociales et de satisfaire celles des doléances qui restent raisonnables. Mais il faut cesser de tout leur pardonner parce qu’ils seraient les damnés de la terre, ce qu’ils ne sont pas. Minoritaires, ils veulent imposer quand même les « idées » bouleversantes et innovantes qu’ils croient avoir découvertes dans leur génie collectif, sans se douter que de telles idées ont déjà été expérimentées et ont conduit à la faillite bon nombre de pays. Maintenant qu’ils en sont à souhaiter la mort des forces de l’ordre, sous le prétexte qu’il y a déjà beaucoup trop de policiers qui se suicident, il faut les réduire au silence.

Seul compte le vote.

Comment ? En refusant de tolérer une minute de plus leurs manifestations et le message nihiliste qu’elles contiennent. En leur rappelant qu’ils peuvent grimper aux rideaux, la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Le pouvoir en place ne leur accordera pas un changement de régime. Et même si 50 % de citoyens les soutiennent encore, ce qui est désolant, seul un scrutin national peut décider le passage à une autre République et à une autre Constitution. Les sociaux-démocrates, les centristes et la droite républicaine doivent procéder à leur examen de conscience : quand ils critiquent Macron et son gouvernement, est-ce une insurrection qu’ils souhaitent ? Est-ce une révolution ? Est-ce une VIe République qu’ils réclament ? Est-ce une transition ruineuse qui obligerait la France, pendant des mois, à changer de régime, et à prendre un retard économique qu’elle ne parviendrait peut-être pas à combler ? Ce que disent ces pancartes qui appellent au suicide des policiers n’est pas seulement le fruit véreux d’une imagination malade, c’est un message de mort. La mort des forces de l’ordre, mais  aussi la mort de l’ordre lui-même, la mort de l’espoir et la mort de la société.

RICHARD LISCIA

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6 réponses à L’appel au suicide

  1. D.S. dit :

    Je n’ai pas donné pour Notre-Dame et je suis heureux que nos milliardaires s’en soient chargés. Mais j’ai donné pour la cagnotte en faveur des forces de l’ordre. La folie des gilets jaunes va-t-elle finir pas s’arrêter?

  2. Lefrançois Jérôme dit :

    Tout à fait d’accord avec votre message de ce jour, et plus généralement avec ce que vous écrivez sur ce « mouvement des gilets jaunes » depuis ses débuts.
    L’incitation à la mort et au suicide de cette profession (policiers/gendarmes) est non seulement odieuse mais aussi tombe sous le coup de la loi; la justice, si elle est encore en place, doit passer de façon impitoyable.
    J’ai du mal à croire que 50 % des Français soutiennent encore ce mouvement; il y a urgence à comprendre qu’on n’en est plus à un mouvement de « profond ras-le-bol » (justifié à ses débuts) fiscal, on est arrivé à des actions insurrectionnelles, à une atmosphère extrêmement nauséabonde et dangereuse de guerre civile, où les jalousies et rancoeurs personnelles se libèrent, favorisées par une dynamique de groupe et de foule qui devient incontrôlée et incontrôlable. Les anarchistes et autres extrémistes de droite et de gauche surfent sur cette dynamique « populaire » dont le peuple est en train de perdre inconsciemment le contrôle.
    Il est plus que temps de rappeler les valeurs fondamentales qui font le ciment de la société, ce que cherchent à faire oublier les anarcho-extrémistes. Bien sûr les excès du capitalisme forcené dans lequel nous sommes tombés ont bien facilité toute cette agitation; il n’est d’ailleurs pas certain que les lobbies financiers internationaux ne se réjouissent pas de l’auto-destruction que la vieille France est en train de s’infliger (se poser la question « à qui profite le crime » permet de comprendre les bénéfices secondaires que le grand capitalisme mondial aurait à tirer de l’affaiblissement de la France et de la disparition de ses valeurs fondamentales; un fruit qui pourrit de l’intérieur sera prêt à tomber seul, à la merci des rapaces qui chercheront à recueillir ses restes).
    Merci, cher Richard Liscia, de contribuer si brillamment à nous rappeler quelles sont les (vraies) hiérarchies de valeur, et les priorités actuelles.
    Et il y a l’urgence écologique, car il en va de notre survie.
    C’est du foutoir actuel que pourrait arriver une guerre, d’abord civile dans notre pays, puis à nos frontières.
    Courage, continuez,

    Dr Jérôme Lefrançois

  3. Alan dit :

    Connaissant les souffrances qui peuvent mener au suicide, et les souffrances causées par un suicide, dire une chose pareille est d’une perversité inouïe.
    Comment les gilets jaunes osent-ils se plaindre encore, après de tels propos ?

  4. Chambouleyron dit :

    Je partage totalement votre indignation. Je m’afflige que la moitié des citoyens français approuve leurs exactions. Et les médias qui leur donnent plus d’importance que ne le mérite leur petit nombre sous le fallacieux prétexte que souvent les minorités agissantes gagnent sur une majorité déboussolée et empêtrée dans la boue des réseaux sociaux.

  5. Et si on cessait de les montrer à la télévision ? Le samedi c’est gilets jaunes non -stop !
    Une information a minima, sous forme de message écrit de quelques lignes suffirait, sans toutes ces images de violence et de vandalisme.

  6. admin dit :

    LL dit :
    Ils ont perdu la boule.

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