Tous écolos !

Macron et Philippe
(Photo AFP)

Le programme de la République en marche (REM), enfin publié mercredi, indique que la passion pour la protection de l’environnement a envahi la plupart des partis politiques qui en font leur priorité avec l’espoir de se rendre plus populaires.

LA REM, en tout cas, se présente comme le premier parti écologique de France, en prévoyant une dépense de 1 000 milliards en cinq ans pour « développer les énergies et les transports propres, rénover les logements et accompagner les travailleurs des secteurs en transition ». C’est, bien sûr, une forme de surenchère destinée à effacer les critiques lancées à une campagne de la majorité qui a mal démarré. Mais c’est aussi un engagement qui soulève principalement, comme d’autres mesures en vigueur ou annoncées, la question du financement (1 000 milliards, bigre !) et du comportement d’un exécutif qui, depuis quelques semaines, ne se contente plus de concevoir des plans limités par la fin du mandat d’Emmanuel Macron, mais va bien au-delà, en l’occurrence jusqu’en 2024.

Le gouvernement a souffert de la démission de Nicolas Hulot et ne s’est pas montré enthousiaste, jusqu’à présent, à l’idée d’adopter des décisions draconiennes en matière d’environnement. Il espère maintenant prendre des suffrages à EELV  et à la gauche écolo. Mais rien ne dit que les électeurs, dans leur majorité, partagent cette volonté de combattre la pollution. Ce qui est vrai en revanche, c’est que Yannick Jadot, tête de liste d’EELV, fait une campagne convaincante et met l’accent sur l’environnement avec une hargne qui n’épargne guère la REM, objet de toutes les attaques de tous les partis.

Tout dépend de l’Allemagne.

Que fait-il penser du programme de la REM ? Il ne se limite pas, bien entendu, à l’écologie. On y trouve la taxation des grandes entreprises de l’économie numérique, la mise en œuvre d’un Smic européen, le concept d’armée européenne capable d’intervenir au nom de l’Union et non pour le compte d’une seul pays, un plan pour l’immigration avec l’harmonisation des dispositifs, l’élargissement du programme Érasmus, l’un des succès les plus brillants de l’UE, le renforcement de la capacité législative du Parlement de Strasbourg, un « Pacte Simone Veil » pour augmenter les droits des femmes et les amener à la parité totale avec les hommes. On ne pourra donc pas dire que le président de la République a mis le scrutin européen au service de ses seules ambitions, même si l’indéniable surenchère sur l’environnement cache mal les préoccupations politiciennes. Toutefois, cette liste de décisions peut n’être qu’un vœu pieux si l’Allemagne ultra-prudente d’Angela Merkel refuse de reprendre à son compte les idées de la France.

Un schisme.

La campagne en France va prendre de l’ampleur dans les jours qui viennent, avec l’engagement certain du Premier ministre et probable du président. Les adversaires de la majorité le savent qui, eux, intensifieront leur campagne, mais de la manière négative qui ne rend pas compte de l’importance essentielle de la construction européenne, c’est-à-dire en critiquant sans cesse la REM et Macron, mais sans apporter eux-mêmes des programmes plus convaincants que celui de la majorité.

Ce rendez-vous électoral a montré un schisme, entre ceux qui font campagne pour que leurs élus éventuels contribuent à l’affaiblissement de l’Union et ceux qui veulent la renforcer, en sachant pertinemment que beaucoup des problèmes sociaux et économiques qui nous tiennent en haleine ne trouvent leur solution qu’au niveau européen. La percée du Rassemblement national, capable d’arriver en tête du scrutin, comme il l’a fait en 2014, aurait dû logiquement créer en France une forme d’agrégation de toutes les forces pro-européennes. Il n’en a rien été. On compte 33 listes françaises, de sorte que les élections européennes sont chez nous un moyen de voter pour toutes sortes de bizarreries charriées par des « partis » minuscules qui, souvent, recueilleront seulement un ou deux pour cent des suffrages et n’obtiendront donc pas le remboursement par l’État de leurs frais de campagne.

La REM bouscule le jeu.

Heureusement, la REM, dans son programme, tente d’exposer des ambitions communautaires en harmonie avec son action sociale et politique au niveau national, mais spécifiquement européennes.  Pour de tels efforts, la REM souhaite une récompense électorale et tente désespérément de prendre l’avantage sur Marine Le Pen. Mais même si elle arrive derrière le RN, elle aura confirmé qu’elle s’est substituée à la fois à la droite classique et à une social-démocratie agonisante, ce qui, compte tenu des tempêtes qui ont jalonné la première moitié du mandat de M. Macron, peut être considéré comme un exploit. Le président serait inquiet de ne pas retrouver,  dans les sondages sur les élections européennes, le niveau de 24 % qui lui a permis de vaincre Marine Le Pen au second tour en 2017. Mais il n’en est pas loin et le tumulte de la campagne peut lui rendre les deux points qui lui manquent, de même qu’il risque de l’affaiblir davantage.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Tous écolos !

  1. Michel de Guibert dit :

    La question n’est pas d’être « pour » ou « contre » l’Europe, mais de savoir quelle Europe on veut construire.

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