Sarkozy : le retour ?

Nicolas Sarkozy
(Photo AFP)

Nicolas Sarkozy publie un livre intitulé « Passions », aux Éditions de l’Observatoire, et dans lequel il raconte sa carrière, dresse quelques portraits d’hommes politiques, révèle des anecdotes et assure que, s’il reste le dévoué serviteur de la France, il ne reviendra pas en politique.

« LE POINT » publie une longue interview de l’ancien président et quelques extraits de son livre, déjà tiré à 200 000 exemplaires. Il n’expose pas un projet, évite de juger le présent, sans toutefois cacher ses sentiments à l’égard des personnalités avec lesquelles il a travaillé avant d’être président, puis après son élection. S’il y avait une arrière-pensée dans la publication de cet ouvrage, qui devrait avoir une suite, elle est profondément cachée. « Passions » mérite d’être lu pour ce qu’il révèle des comportements des politiques, hommes ou femmes, souvent grâce à des faits révélateurs et si, de temps en temps, M. Sarkozy fait son mea culpa, le tableau qu’il dresse de son caractère est en définitive favorable. Les journalistes du « Point » ne l’ont guère harcelé au sujet des « affaires » auxquelles il est mêlé et à propos desquelles il réaffirme son innocence. Il demeure que, si Nicolas Sarkozy publie un livre politique alors que son parti, les Républicains, traverse une crise sans précédent, on peut d’autant moins écarter l’hypothèse de son désir de revenir sur la scène que nombre de Républicains ont déjà dit qu’il était capable de réunifier le parti.

Un livre refuge.

Lucide, il voit combien la politique française a changé avec la crise de « dégagisme » qui secoue la France. Il dénonce la violence infernale des déclarations publiques. Il estime que l’on ne peut plus rien dire sans courir un risque. Il exprime donc la nostalgie d’une époque révolue et, en filigrane, la crainte qu’il ne puisse lui-même s’adapter à la surmédiatisation du pouvoir et de l’opposition. Cependant, sa démarche correspond bien à la tendance générale des hommes qui nous ont gouvernés, ne trouvent pas digne de leurs anciennes fonctions de participer à un débat, et se résolvent en définitive à publier leur point de vue sans courir le risque d’avoir à subir d’autres critiques que celles de la presse. Le livre apparaît donc comme le refuge, le recours qui permet de mettre un terme au silence en affirmant une vérité qui ne peut être qu’indirectement contestée. Je ne sais pas s’il faut croire aux distances que M. Sarkozy prétend prendre avec la vie politique, mais, assurément, « Passions » n’est là que pour améliorer sa cote de popularité. Il y a mille bonnes raisons pour que Nicolas Sarkozy ne cherche pas un nouveau mandat. Mais il y en a d’excellentes (et certes plus rares) pour qu’il tente l’aventure, à commencer par le désarroi des Républicains qui ne savent plus à quel saint se trouver et pourraient bien se souvenir que Dieu existe.

M. Sarkozy dit qu’il ne regrette rien et pense qu’il a fait une carrière inespérée. Il prend le soin d’expliquer ce qu’il doit au pays avant de mentionner ce que lui-même lui a apporté. On ne lui connaissait pas une telle humilité, ni même cette capacité à se réconcilier avec lui-même après avoir gouverné dans une tension extrême et vécu, d’une manière générale, dans état de nerfs proche de l’hystérie. Il est cependant plus crédible que François Hollande, lequel est clairement candidat par voie de littérature et souhaite refaire l’unité de la gauche. Mais Sarkozy n’en a pas fini avec la justice et c’est un handicap qu’il ne pourra pas surmonter avant 2022.

RICHARD LISCIA

 

 

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2 réponses à Sarkozy : le retour ?

  1. Picot dit :

    Responsable, comme les autres (Mitterrand, Chirac, Hollande, Macron) de l’état actuel de la France (trahison des Français en 2005, réintégration dans le commandement de l’OTAN, tripatouillage de la Constitution etc…) ce monsieur prétend aimer son pays ? On croit rêver ! Comme Hollande avec son bouquin M. Sarkozy s’administre une thérapeutique destinée à soigner son narcissisme quelque peu écorné. Tant mieux pour eux si leurs feuillets se vendent mais pour notre bien être que jamais ils ne reviennent en politique.
    Réponse
    Tout ce qui est excessif est insignifiant.
    R.L.

  2. D.S. dit :

    Sarkozy est particulièrement sincère quand il dresse des louanges à Macron. « Macron c’est moi, sans mes défauts ». Et il ne doit qu’à ses (grosses) erreurs d’avoir été battu par François Hollande.

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