Des Champs(-Élysée) au Champ (de Mars)

Le feu sur les Champs
(Photo AFP)

Les célébrations du 14-Juillet ont été ternies par  une nouvelle manifestation des gilets jaunes, accompagnées de violences, et par des déprédations induites par la victoire de l’Algérie en demi-finale de la Coupe africaine de football.  Au Champ de Mars,  le soir, la foule a écouté Mozart et Gounod.

LA MUSIQUE adoucit les mœurs, mais pas celle des casseurs. En arrivant au défilé, Emmanuel Macron a été sifflé, nouvelle injure faite aux institutions et à ceux qui ont voté pour le président. Au jaune des gilets s’est mêlé le noir des black blocs, double couleur de la fameuse collection de romans policiers. Quelques ténors des gilets jaunes ont été interpellés, ils vont porter plainte pour abus de pouvoir, jugeant que leur mise en garde à vue était inconstitutionnelle. Après quoi, les commentaires, comme d’habitude, furent unanimes :  la violence vient de ce que les institutions ne permettent pas aux mécontents de s’exprimer. Peu importe que, par ailleurs, ils fussent aussi peu nombreux qu’agressifs et qu’ils ne représentent que leurs très petites personnes. Ils considèrent leur droit de cité comme celui de tout démolir. Les commentateurs, toujours les mêmes, ne sont pas surpris: si les Champs-Élysée restent invariablement le lieu géométrique de toutes les violences, si l’Arc de Triomphe, naguère, a été saccagé, si c’est là que l’on compte le plus grand nombre de blessés dans les deux camps, c’est parce que cette avenue restée mythique a un caractère sacré. De sorte que gilets jaunes et black blocs n’ont qu’une idée fixe : la désacraliser.

L’image du pays.

Le rapprochement avec le concert annuel de l’orchestre national de Paris est possible car, le même jour, le pays a donné de lui-même l’image la  pire, puis la meilleure.  Les gilets jaunes savent qu’ils ne l’emporteront pas contre le pouvoir alors que leur mouvement ne cesse de s’étioler. La violence, dont, officiellement, ils se désolidarisent, fait désormais partie intégrante de leur stratégie. Dès lors qu’ils ne sont qu’une poignée, ils tripleront leurs actes de violences. Il faut que les téléspectateurs aient en tête l’image des incendies sur les Champs. Il faut qu’ils voient le désordre permanent qu’ils sont, eux, capables de produire. Bref, un nihiliste ne lâche jamais prise. C’est autant de sacrifices pour une police et une gendarmerie épuisées. Je ne vois pas comment on pourrait juguler cette crise sans utiliser tous les moyens de droit dont la justice dispose. Il ne s’agit pas seulement de s’opposer à la casse. Il faut aussi prévenir et immobiliser ceux qui arrivent sur les lieux de rendez-vous pour défier les forces de l’ordre. Les Drouet et les Nicolle qui prétendent avoir la loi avec eux mentent effrontément : ils font l’objet d’une mesure qui interdit leur présence sur certains lieux.

Une ardente illusion.

Malheureusement, des gilets jaunes n’auront jamais l’idée de renoncer à une manifestation pour aller écouter des airs d’opéra au bas de la Tour Eiffel. Ils vivent d’une ardente illusion qui ne manque ni de morgue ni de foi en leur supériorité : ils feront tomber ce gouvernement, objectif tellement lointain et maximaliste qu’il empêche tout dialogue. Le Premier ministre ne va pas négocier avec eux  la chute du président de la République. Inutile de disserter sur un projet aussi démentiel. En revanche, que les arguments des gilets soient repris par des membres de la France insoumise, dont on attend au moins qu’ils réfléchissent quelquefois à la faisabilité de leurs idées, voilà qui en dit long sur l’avenir que les uns et les autres nous préparent. Il s’agit, décidément, d’une grande espérance qui remplacerait une crise sociale et politique par un chaos institutionnel et économique. Il y aurait une autre manière de gérer le pays, la gauche, la droite, LFI et le RN savent très bien ce qu’il faut faire. Entre l’exil des fortunes, la fiction d’un égalitarisme instantané, l’adoption d’un modèle marxiste ou, au contraire, le rejet de l’euro et de l’Europe, cet avenir que les uns et les autres nous proposent, avec la complicité d’une presse éperdue d’amour pour les manifestants et les casseurs professionnels, est tout simplement sinistre.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Des Champs(-Élysée) au Champ (de Mars)

  1. Picot dit :

    Des gilets jaunes ont été violents sur les Champs l’après midi du 14 Juillet?? Elle est bien bonne. Il n’y en avait pratiquement pas si l’on en croit ce que nous ont montré les chaînes de télévision. C’était sans doute des black blocks ou autres agités. Le gouvernement nous démontre qu’il a une trouille bleue des vrais gilets jaunes : les leader arrivent sur les Champs et hop, en garde à vue! Est ce bien légal? C’est parfaitement douteux. Quant aux Algériens qui manifestent, dont certains sont casqués ou cagoulés et en profitent pour voler et saccager, il faudrait savoir : ils sont Français ou Algériens? S’ils aiment tant l’Algérie qu’attendent ils pour y aller au lieu de faire de la casse ici. On peut vraiment se poser la question.

    Réponse
    Tolérance pour les gilets, intolérance pour les Algériens.
    R.L.

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