Retraites : la réforme est lancée

Delevoye avec Macron
(Photo AFP)

Dans le projet de réforme des retraites annoncé aujourd’hui par Jean-Paul Delevoye, qui en est le maître d’œuvre, il n’y a pas de grande surprise, seulement quelques nouveaux (et modestes) avantages, sans doute présentés pour faire passer la pilule que les syndicats et l’opinion refusent d’avaler.

LA STRUCTURE sur laquelle M. Delevoye travaille depuis 18 mois reste inchangée : on garde le système par répartition, dans le sens où les actifs paient pour les retraités, mais on passe aux points. Les 42 plans de retraite existant actuellement cèdent la place à un système unique, ce qui signifie qu’un euro cotisé donne les mêmes droits à tous, employés, cadres on indépendants, étant entendu que la différence entre les niveaux de retraite reflètera le nombre de points acquis. On conserve également l’âge de départ (62 ans) auquel Emmanuel Macron a juré de ne pas toucher. Mais partir à 62 ans ne permettra pas de toucher une pension à taux plein ; il y aura une décote pour les gens âgés de 62 ans et une surcote pour ceux qui travailleront plus longtemps, entre 62 et 67 ans. Ce qui revient, en quelque sorte, à prolonger les carrières : les salariés qui souhaitent obtenir une pension décente poursuivront leur activité professionnelle jusqu’au moment où ils auront acquis un nombre de points qui leur paraîtra suffisant.

Pension de réversion améliorée.

Un geste en faveur des veufs et veuves : ils toucheront 70 % de la pension totale du couple., alors que, dans le système actuel, un veuf ou une veuve n’ont droit qu’à 60 % du montant perçu par leur conjoint décédé et la pension de base fixée par la Caisse nationale d’assurance vieillesse n’entre pas dans le calcul de la réversion. Le montant de la pension sera augmenté de 5 % dès le premier enfant. M. Delevoye annonce un montant de retraite égal à 81 % du salaire net des paysans,  et 75 % de celui des artisans et commerçants. Tous ces avantages sont nouveaux et permettront d’aborder les négociations dans un climat un peu plus serein, même si les syndicats sont hostiles au principe même de la retraite par points et continuent à militer pour l’actuelle répartition. Il a fallu beaucoup de temps pour que M. Delevoye mène ses négociations et rédige son projet. Il en faudra plus pour qu’il l’impose aux partenaires sociaux et aux élus. Il faut comprendre que, dans la mesure où elle touche au portefeuille des gens, la réforme des retraites est politiquement explosive et que, contrairement au gouvernement, le Haut-Commissaire à la réforme des retraites n’a voulu brusquer personne. Il a même eu un différend sérieux avec Agnès Buzyn, ministre de la Santé et des Solidarités, qui a dit clairement, sans être rabrouée par le Premier ministre, que la pension par points ne suffisait pas à assurer l’équilibre du budget des retraites et qu’il faudrait bien travailler plus longtemps pour toucher le maximum auquel on a droit.

L’erreur de Mitterrand.

Tel que le projet a été annoncé aujourd’hui, Mme Buzyn avait donc raison. L’inspiration de la réforme est complètement rationnelle : nous restons un pays où demeure un taux de chômage massif et où le ratio actifs-inactifs ne cesse de se dégrader, le nombre de gens qui cotisent diminuant tandis qu’augmente le nombre de retraités. La non-prolongation des carrières n’a jamais été qu’un leurre et l’erreur initiale vient de François Mitterrand qui, en contradiction avec toutes les données dont il disposait, a décidé de ramener l’âge de départ à la retraite de 65 ans à 60 ans. Depuis, la France s’est réveillée de ce rêve et les gouvernements de droite ont progressivement augmenté l’âge de départ jusqu’à 62 ans. Ce qui est insuffisant : il suffit de voir ce qui se passe dans le reste de l’Europe où les carrières sont plus longues qu’en France.  L’autre problème est posé par les sommes considérables dont disposent  les caisses de retraite, notamment les caisses des cadre,s et qui, logiquement, vont être fondues dans une tire-lire universelle.  En réalité, au-delà du montant fixé par la Sécurité sociale, les cadres cotisent déjà à un système à points. Cet argent n’est pas celui de la Sécu, mais celui des caisses. Immense litige en perspective.

RICHARD LISCIA

PS- Quelques lecteurs ont été surpris de ne pas avoir accès à mon blog à partir de la page d’accueil du « Quotidien' »sur Internet. Cette page d’accueil fait l’objet d’une refonte et le problème sera réglé dans quelques jours. En attendant et jusqu’à mon départ en vacances le 28 juillet, nos aimables lecteurs peuvent avoir accès au blog soit en faisant leblogderichardliscia.fr soit, pour les abonnés, d’attendre la « Dernière heure » qui leur arrive en fin de soirée et où le dernier blog en date est annoncé. Il suffit de cliquer dessus pour pouvoir lire le texte.

R.L.

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Une réponse à Retraites : la réforme est lancée

  1. Picot dit :

    Mitterrand aurait fait une erreur ? Certainement pas. Ce renard de la politique savait très bien qu’il allait plomber les caisses de retraite. Tout comme pour les 35 heures il était surtout question de draguer des électeurs. Quant à la réforme des retraites en cours, nous avons des indices catastrophiques : augmentation du taux de la CSG, gel des pensions, il est fort peu probable que ce gouvernement, ayant commencé à démolir les retraités, fasse tout d’un coup un virage à 180 degrés. Ces gens ne nous veulent aucun bien, ils continueront à nous taxer au maximum en cravatant au passage les provisions des caisses les plus prévoyantes. Et toujours une question à laquelle ces « politiques » se gardent bien de répondre : qui donc va fixer la valeur du point de retraite ? C’est un point crucial. Qui ? Suivez mon regard.

    Réponse
    Le système ne sera pas mis en place avant plus de dix à quinze ans.M. Delevoye fait seulement des propositions. Le système, pour sa part, doit être changé, sinon il sera en faillite. Multiplier les fake news ne sert que votre propre cause, uniquement axée sur la détestation du pouvoir.
    R. L.

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