Climat, priorité No un

Greta Thunberg
(Photo AFP)

Tout concourt à faire du réchauffement climatique une urgente priorité : la nouvelle vague caniculaire, qui incite les Français à prendre au sérieux les avertissements et alertes lancés par les scientifiques ; la visite, demain à l’Assemblée, de l’égérie suédoise du climat, Greta Thunberg, qui n’a pourtant que seize ans, mais qui a rallié la jeunesse mondiale à ses préoccupations ;  les polémiques sur les accords CETA et Mercosur ; les coups de boutoir lancés par Nicolas Hulot contre la politique environnementale du gouvernement.

LE POINT le plus important, c’est cette chaleur sans précédent qui sévit en France. Elle affaiblit les citoyens et tue probablement des milliers de personnes âgées. Elle nous prend par surprise car nous ne sommes pas équipés pour lutter contre une canicule exceptionnelle. Elle pose surtout la question de l’avenir, qui deviendra insupportable pour tous ceux qui n’ont pas les moyens de fuir la chaleur, en allant à la montagne ou en prenant de longues vacances dans les pays nordiques. Et pourtant, il n’existe aucun consensus autour de la certitude du réchauffement climatique, alors que le manque d’eau en France devient criant et que la sècheresse tue nos récoltes. On ne peut pas dire qu’une majorité de pays rejoignent le mouvement anti-réchauffement ; on ne peut rien contre des chefs d’État comme Donald Trump, qui rejettent l’évidence ; et même en France, nombre d’élus de droite refusent d’assister au discours de Greta Thunberg demain à l’Assemblée, sous le prétexte  qu’à son âge elle ne peut rien leur apprendre.

La confusion du débat.

En réalité, ce n’est pas l’ascension d’une enfant portée au nues par la jeunesse qui pose problème dès lors que la cause qu’elle défend est juste. C’est la confusion dans laquelle se déroule le débat. S’il faut être aveugle et insensible pour croire que la planète n’est pas en train de changer, on se dispute sur la façon de lutter contre le fléau. D’aucuns sont tellement épouvantés qu’ils préfèrent ne pas y croire, et comme l’autruche, se mettent la tête dans le sable ; d’autres voient dans les efforts à fournir une tâche impossible à accomplir et une atteinte à leurs intérêts industriels et commerciaux ; si les États-Unis plongent dans le déni, l’Europe, elle, doit accorder ses 28 violons. De partout fusent des solutions, pendant que le CETA et le Mercosur sont présentés comme des accords qui, loin de contribuer à la dégradation du climat, auraient pour effet de l’améliorer. Qui croire, qui ne pas croire dans ce fatras d’avis contradictoires ?

L’urgence accroît la panique.

Pendant que nous nous querellons sur les solutions, la chaleur se répand comme une armée d’invasion imbattable. L’urgence, loin d’unir les peuples, accroît la panique. Il se produit un événement historique affolant, nous ne savons pas vraiment comment le combattre. Nous risquons, d’ici au milieu du siècle, d’assister impuissants à la dégénérescence de notre monde. Les plus vieux comptent les jours qui les séparent d’une disparition capable de leur éviter le pire ; leurs enfants font le même calcul mais pour prévoir l’inéluctable.

Suis-je alarmiste ? Peut-être. Mais en même temps comment échapper à la comparaison grotesque entre la futilité des postures politiques et la gravité de l’enjeu ? Pourquoi M. Hulot, au lieu de tirer à boulets rouges sur le gouvernement en place, n’apporte-t-il pas, avec tous ceux qui le soutiennent, sa contribution ? Quelle importance que la jeune Thunberg n’ait que 16 ans si, simultanément, elle exprime une vérité, ou tout au moins une opinion sur laquelle il serait utile de réfléchir ?

Dans le mélange des divers dénigrements exprimés contre le réchauffement climatique, le plus néfaste est le déni pur et simple de la réalité. Mais tous les autres créent des obstacles au consensus, aux décisions, aux mesures concrètes et financées qui feraient de la France sinon un pays complètement propre, un pays exemplaire, celui qui fait des progrès fondés sur les preuves. La bataille qui se déroule en ce moment n’est pas entre la jeunesse et les gens plus âgés; elle n’est pas entre une fraction des élus et Mlle Thunberg ; elle n’est pas entre Trump et nous. Elle est dans les millions de bonnes raisons trouvées ou inventées pour échapper à une épreuve de force entre la température et nous.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Climat, priorité No un

  1. BUYCK Daniel dit :

    Je ne suis pas climato-sceptique, la planète se réchauffe à grande vitesse, comme une machine à vapeur nourrie par l’activité humaine. Jusque là, je suis d’accord. Mais je doute fort que l’humanité soit capable de stopper la chaudière ou de renverser la vapeur. Et la France, qui joue « petits bras »(1 % des émissions mondiales de CO2), mais qui a l’ambition de sauver la planète, aura beau taxer ses habitants, ses usines et ses avions (ça, elle sait le faire), elle n’empêchera pas la catastrophe, mais y ajoutera une crise économique majeure.

  2. Sphynge dit :

    Au lieu de faire des manifestations, des grèves de l’école et des « conférences » qui ne font qu’entretenir un catastrophisme improductif, les enfants devraient travailler plus et mieux, dans leurs écoles, leurs collèges, leurs lycées, pour être, demain, des scientifiques, des ingénieurs, des techniciens hautement compétents, seuls capables de résoudre les problèmes posés par le réchauffement climatique. En supposant que les prévisions soient exactes (sachant de plus que les catastrophistes ne se fondent pas rigoureusement sur toutes les données scientifiques mais ne retiennent que les plus pessimistes). Il ne s’agit pas, ici, d’une course en avant, d’une croyance béate dans les progrès scientifiques mais dans la certitude que les attitudes réactionnaires (en particulier des écologistes) ont très peu de chance d’être appliquées. Quelle que soit l’agitation médiatique pour en convaincre les populations.
    Et puis, il convient de bien garder à l’esprit que la France ne participe que pour quelques millionièmes de degrés au réchauffement climatique présumé anthropique.

    Réponse
    Le climatoscepticisme nous tuera.
    R. L.

  3. admin dit :

    LL dit :
    Oui, un fatras de solutions – qui croire ? D’abord commencer par comprendre la crise. Ensuite, examiner les diverses solutions politiques et économiques.

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