Canicule sans recours

Une eau si précieuse
(Photo AFP)

Que la canicule de cet été soit liée ou non au réchauffement climatique, il demeure que la France n’y est pas préparée, ni par ses infrastructures, ni par les comportements individuels, ni par une stratégie.

LES PROBLÈMES liés à la chaleur rappellent ceux de l’amiante : on a reconstruit, au nom de la santé publique, des immeubles et des universités. Maintenant, on veut mettre un terme aux « passoires » énergétiques, ce qui signifie qu’il faut rebâtir les maisons et appartements mal protégés contre le froid et la chaleur. Cela ne semblait pas possible jusqu’à cet été meurtrier. Dans l’immédiat, nous ne disposons d’aucun recours, sinon la patience, qui devrait être récompensée dès demain. Nous nous précipitons sur les climatiseurs, ils représentent en réalité des instruments au service de l’effet de serre ; le goudron des routes commence à fondre ; les voyages en voiture deviennent dangereux : la température  augmente la pression des pneus et risque de les faire éclater. La SNCF « recommande » aux voyageurs de différer leur départ : les rails et les caténaires se déforment, les trains roulent plus lentement, la durée des trajets augmente.

Une crise permanente.

Les experts soulignent l’ironie des Français qui constatent que, quand il neige, on ne circule plus et que quand il fait chaud, on ne circule pas davantage. Cette remarque est liée à ce qu’il y a d’exceptionnel dans la canicule actuelle. Mais l’exception se transforme en effet permanent : il y aura désormais plus d’inondations en hiver, plus de sècheresse tout le temps et des chaleurs de plus en plus intenses. On n’empêchera pas les foyers d’acheter des climatiseurs ou tout au moins des ventilateurs. Les vacanciers partiront  au printemps ou à l’automne plutôt qu’en été. Les calendriers scolaires devront changer, l’économie devra s’adapter, les infrastructures remaniées, avec une main d’œuvre de moins en moins capable de travailler sous le soleil. Le Tour de France cycliste deviendra une épreuve inhumaine et il faudra changer de saison. Et tout cela se fera sous le sceau des économies d’énergie.

Bataille contre la nature.

Il n’est pas certain que les Français auront toute la détermination requise, surtout si, au lendemain de la canicule, ils risquent de l’oublier. Il y a une prise de conscience des enjeux du réchauffement climatique au niveau du gouvernement. Encore faut-il qu’il ait assez de pouvoir de persuasion pour convaincre ses administrés de la nécessité d’adapter leur conduite à une situation tout à fait nouvelle, sans que cet effort offre un peu de réconfort. Je me souviens, non sans nostalgie, de ce que l’on m’enseignait quand j’étais enfant, à savoir que la France est un pays au climat « tempéré ». Ce n’est plus le cas. Le Sud remonte vers le Nord. La mer et l’océan envahissent les côtes. Les gens ne bénéficient plus de cette répartition divine des éléments qui nous permettait d’avoir de l’eau, du vent, des cultures, des façons de vivre à la fois en abondance et là où l’on en avait besoin. Maintenant, c’est trop d’eau ou pas du tout, des tempêtes ou pas de vent, une bataille contre la nature plutôt qu’une communion.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Canicule sans recours

  1. Richard guidez dit :

    Nous pouvons être inquiets de l’extension de la mécanisation et de la démographie également. Nous allons approcher les 9 milliards d’habitants sur notre planète et malgré notre génie inventif il est logique de s’inquiéter pour les générations à venir pour nourrir tour ce monde. D’autre part, un exemple : notre mécanisation à outrance. Plus de 40 000 avions partent ou arrivent par jour en Europe seulement ! La richesse d’un pays se mesure à son parc automobile qui va croissant et qu’on cherche à faire croître malgré les interdits multipliés (stationnement, ralentisseurs ,etc…). Enfin nos océans se couvrent de « géants des mers » avec, en plus du commerce maritime, une croissance exponentielle des paquebots de croisière, véritables villes flottantes. Que conclure ? Je l’ignore.

  2. Michel BOIVERT dit :

    Si il y a 70ans le remembrement de notre espace agricole n’avait pas détruit boqueteaux haies et arbres fruitiers qui parsemaient nos prés et permettaient aux animaux de se mettre à l’abri de la pluie ou du soleil, tout cela afin de mécaniser l’agriculture et de créer des espaces cultivables sans fin,(avec la complicité des politiques et de leur inconscience de l’époque) il est probable que l’évolution du climat aurait pu être ralentie…

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