L’Italie se ressaisit

Conte, l’homme qui monte
(Photo AFP)

Chef de la Ligue, Matteo Salvini, fort des 34 % de suffrages que son parti a remportés aux élections européennes, a demandé des élections anticipées. Le mouvement Cinq étoiles et le parti du centre-gauche, Parti démocrate (PD), ont mis fin à sa démarche en se coalisant.

IL N’Y A RIEN, dans le mariage 5 Stelle-PD, qui relève de la raison. Mais, à y voir de plus près, il n’y avait rien non plus qui favorisât il y a onze mois un rapprochement entre le parti de Beppe Grillo et celui de Matteo Salvini., Le seul fait nouveau, c’est la volonté du président de la République, Sergio Mattarella de ne pas céder aux manigances de Salvini et, surtout, de ne pas précipiter l’Italie dans l’une de ces crises politiques à répétition dans lesquelles elles s’est spécialisée. Salvini, l’homme qui ne se sépare plus de son chapelet, domine la scène politique italienne car il n’est pas loin, dans une consultation électorale, d’obtenir assez de suffrages pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des députés. C’est Giuseppe Conte, ex-président du Conseil, qui l’a envoyé aux pelotes, d’abord en le critiquant sévèrement et en dénonçant ses manœuvres pour conquérir le pouvoir, ensuite en montant une coalition avec Cinq étoiles.

Une Italie instable.

La combinaison qui a été trouvée n’est pas plus rassurante, au sujet de la la stabilité politique de l’Italie, que la précédente. Par nature, Cinq étoiles est un mouvement populiste, très hostile aux institutions actuelles qui n’a fait un bout de chemin avec la Ligue qu’à contrecœur. Mais la coalition de rechange ne brille pas davantage par sa cohérence. Là où Cinq étoiles n’a qu’un désir, celui de bousculer les institutions, le PD ne songe qu’aux réformes. Pour avoir une idée approximative de la situation, la nouvelle coalition ressemble à une alliance entre La République en marche et la France insoumise. Elle est donc très vulnérable, notamment aux assauts d’une extrême droite complètement décomplexée et triomphaliste. Matteo Salvini a d’ailleurs dit qu’il  avait le temps et que celui-ci jouait en sa faveur.

Salvini perd une manche.

Mais au moins le président Mattarella a-t-il été en mesure de rappeler aux Italiens qu’ils vivent en République et qu’avant de retourner aux urnes, il existe des solutions moins calamiteuses. On ne voit pas très bien sur quoi les deux partis du nouveau binôme peuvent s’entendre, mais ils ont fait savoir qu’il y a en Italie une urgence économiques et qu’ils entendent s’attaquer en priorité à l’arrêt de la croissance. Le chef de l’État, dernier garant du juste fonctionnement des institutions, a démontré que l’appétit d’ogre de Salvini ne suffisait pas à envoyer tout un peuple aux urnes et, même s’il affiche une totale sérénité, il vient de perdre une manche.

La métamorphose de Conte.

Cependant,  il n’a pas dit son dernier mot, non seulement parce qu’il est soutenu par 35 à 40 % de l’électorat, mais parce que, sur le fond, de gros dossiers opposent Cinq étoiles au parti démocrate, à commencer par la ligne de TGV Lyon-Milan que Cinq étoiles rejette énergiquement pour des raisons liées à l’écologie. Dans leur parcours, les deux partis ne manqueront pas de rencontrer des sujets susceptibles de les opposer et leur fragile coalition risque d’exploser. En tout cas, Giuseppe Conte a été reconduit dans ses fonctions de président du Conseil. Il a démontré, par sa capacité à ne pas perdre son sang-froid, par les vives critiques qu’il a adressées à Salvini et par son refus de céder aux pressions de la Ligue, qu’il devient un homme d’État avec lequel il faut compter. L’Italie a besoin de nouveaux talents politiques et elle vient d’en découvrir un. Ce qui ne veut pas dire que, dans quelques mois, elle ne sera pas plongée dans une nouvelle crise. Endettée au-delà du raisonnable, incapable de résorber son chômage (12 %), envahie par un espoir morbide, celui de s’en sortir grâce à un saltimbanque néo-mussolinien, l’Italie est encore en danger.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à L’Italie se ressaisit

  1. Michel de Guibert dit :

    La combinaison qui a été trouvée… en italien cela se dit « combinazione »…

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