Blanquer en difficulté

Blanquer (au premier plan)
(Photo AFP)

En pleine rentrée des classes, Jean-Michel Blanquer, le grand réformateur des enseignements, depuis l’école maternelle jusqu’aux études supérieures, subit une brusque baisse de sa popularité, dont la cote aurait diminué de douze points.

BIEN ENTENDU, le ministre de l’Éducation,  a été jusqu’à présent adulé par les parents d’élèves, qui ont applaudi à la généralisation du doublement des maîtres dans les classes sensibles, mais se montrent moins enthousiasmés par la réforme du baccalauréat. Ils s’inquiètent, d’une manière générale, de ses mesures trop nombreuses à leur goût,  et commencent à se demander s’ils ont fait une bonne affaire avec ce ministre : il est vrai que les meilleurs choses ont une fin et que les syndicats ont bel et bien l’intention de manifester et faire grève au mois de septembre, avec, cette fois, la complicité des parents.

Le dossier le plus important.

Le ministre, qui a la confiance d’Emmanuel Macron, n’entend pas être mis en minorité dans une partie politique qui est, peut-être, la plus importante du quinquennat et il s’est empressé ces jours-ci d’accorder des entretiens à un peu tout le monde, avec un message d’une limpide clarté : la réforme, ce n’est pas un mauvais moment à passer, c’est, sur le métier, remettre constamment l’ouvrage et le jour où il devra laisser la place à son successeur, celui-ci doit poursuivre les chantiers ouverts par M. Blanquer, qui sont considérables. La maîtrise et la précision de ses vues, dans des dossiers particulièrement confus, lui a déjà permis d’arriver au point où il est et qui est remarquable. Mais on s’use au pouvoir plus vite qu’on ne le croit, surtout si on s’attaque à des citadelles tenues par de puissantes corporations. Or le ministre ne peut évidemment pas donner aux enseignants toutes les augmentations qu’ils réclament. Ce matin, sur France Info, il a fait remarquer qu’il avait accordé des hausses de salaires à une partie des professeurs et qu’il les avait tous augmentés de 300 euros par an.

Blanquer n’est pas un épouvantail.

Cependant, tandis que la CGT promet un mois de septembre agité, la CFDT semble être prête à reprendre le point de vue du président de la République sur la réforme des retraites qui serait plus appuyée sur la durée des cotisations que sur l’année de  départ. Il n’est pas impossible que la CFDT se rallie, après des négociations minutieuses, à certains avancées proposées par M. Blanquer en matière d’éducation dès lors qu’il a engrangé deux ou trois succès, par exemple le doublement des effectifs enseignants dans les classes dites sensibles, ou encore l’école pour tous à 3 ans, qui semble faire l’unanimité des parents. M. Blanquer n’est certainement pas l’épouvantail que certains syndicalistes veulent faire de lui.

Sa tâche n’étant pas terminée et les protestations des enseignants devant croître dans les semaines qui viennent, M. Blanquer pourrait rapidement passer d’une simple échauffourée à une crise plus durable et plus profonde. Dans ce cas il serait affecté par le remaniement ministériel auquel M. Macron a songé à plusieurs reprises, notamment au lendemain des élections européennes, n’étant pas désireux de changer une équipe qui, quoi qu’on en dise, fait plutôt bien son travail. M. Blanquer est l’un des ministres qui se sont faits le plus remarquer et il me semble qu’envisager son départ revient à aller plus vite que la musique. Ce qu’il peut craindre, c’est le président lui-même, qui souhaite être réélu en 2022, et a déjà démontré, par divers infléchissements de sa politique, qu’il n’est pas réformiste au point de sacrifier sa fonction à la réforme.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Blanquer en difficulté

  1. Michel de Guibert dit :

    « Le point de vue du président de la République sur la réforme des retraites qui serait plus appuyée sur l’année de départ que sur la durée des cotisations »
    Il me semble que c’est l’inverse.

    Réponse
    Oui, effectivement, j’ai écrit l’inverse de ce que je voulais dire, sans me rappeler que votre regard est impitoyable. Je corrige.
    R. L.

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