Trump : échecs tous azimuts

Trump et Bolton
(Photo AFP)

Conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, 70 ans, a démissionné hier de son poste, ce qui confirme les déboires inquiétants de la diplomatie américaine.

JOHN BOLTON s’est constamment inscrit parmi les ultra-conservateurs et a déjà, à plusieurs reprises, représenté des présidents républicains, notamment aux Nations unies. Il était trumpiste en quelque sorte avant même que M. Trump eût envisagé de présenter sa candidature à la présidence. Avec l’élection de M. Trump, il a cru que son heure était enfin arrivée et qu’il allait appliquer des méthodes reflétant les moyens de la plus grande puissance militaire du monde. Ajoutez son caractère irascible à sa prédilection pour la manière forte et vous avez le modèle d’une politique uniquement appuyée sur les armes et la menace d’entrer en guerre.

Trois problèmes sans solution.

Donald Trump aurait aimé qu’une telle vision pût trouver une application dans les relations internationales. Mais, contrairement à Bolton, il ne souhaitait pas déclencher un ou plusieurs conflits dont le prix aurait été très élevé et les conséquences incalculables. Après plusieurs navettes de la diplomatie américaine entre la prise de risque et le dialogue, et des conflits internes au cours desquels le secrétaire d’État, Mike Pompeo, n’a jamais cessé de dénoncer l’influence sinistre de Bolton, M. Trump a enfin fait son choix et a demandé à Bolton de déguerpir, ce qui écarte, apparemment, la perspective d’une guerre avec l’Iran ou la Corée du Nord, mais ne règle aucun problème. Le départ de Bolton montre seulement aux Iraniens qu’une attaque américaine n’est pas pour demain, que, pour ce qui concerne la Corée du Nord, les États-Unis sont impuissants et que le piège afghan empêche l’évacuation du corps expéditionnaire américain.

L’impasse nord-coréenne.

Dans ces trois dossiers, l’échec du président américain est indéniable. La démission de Bolton était inscrite dès le mois dernier par l’assentiment donné par M. Trump au président Macron au sujet d’une visite en France du ministre iranien des Affaires étrangères, juste avant le sommet du G7 à Biarritz. Aujourd’hui l’Iran peut considérer que, avec le départ de Bolton, il a remporté une victoire, bien qu’il continue à produire de l’uranium enrichi capable de lui donner les moyens de construire une ou plusieurs bombes nucléaires. À Pyong Yang, Kim Jong-un  envoie encore des missiles au-dessus de la tête des Japonais, sans que M. Trump exprime la moindre colère. Kim entretient l’inquiétude mondiale, mais le président des États-Unis est à court de moyens de rétorsion. Il n’a cessé d’encenser Kim,  décrit comme un leader prodigieux, mais il n’a pas réussi à l’empêcher de perfectionner sa force nucléaire, pas plus que Kim n’a obtenu l’aide économique dont il rêvait.

Le piège afghan.

Cet état des lieux ne signifie pas pour autant que Trump soit affaibli au point de ne pas être réélu. C’est l’évolution de l’économie de son pays qui décidera de son sort. Mais son bilan diplomatique est désastreux : les points chauds du monde continuent à bouillonner, et il vient de mettre fin aux pourparlers avec les talibans, qui ne le conduisaient nulle part. Il aurait voulu annoncer le départ des 14 000 hommes de troupes américains stationnés en Afghanistan  et il est allé assez loin dans la négociation pour froisser le gouvernement afghan, qui le critique sévèrement. Le voilà contraint d’ajourner l’évacuation et de poursuivre une guerre particulièrement atroce à laquelle il veut mettre un terme pour « faire des économies » mais eût été utile pour lui donner ses galons d’homme de paix.

La complexité des crises iranienne, nord-coréenne, syrienne exige autre chose que des roulements de tambour et des propos tantôt injurieux tantôt louangeurs. Les négociateurs américains en étaient arrivés au point du protocole d’accord où, après la guerre, les talibans auraient protégé les soldats américains qui seraient restés sur place pour défendre le gouvernement de Kaboul. C’était soit prendre les talibans pour des enfants de chœur soit faire courir un risque effroyable aux militaires américains. Quant à la position dure que Washington a adoptée à l’égard de Téhéran, elle n’a pas conduit, en tout cas pas encore, à la révision du traité conclu en 2015 et les Iraniens progressent dans l’enrichissement de l’uranium sans que personne, en tout cas pas Trump, ne parle d’aller les vitrifier. Un seul homme tente inlassablement de ramener les Iraniens à la raison et c’est Macron.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Trump : échecs tous azimuts

  1. PERNOT dit :

    On se demande comment tournerait le monde sans Macron! Une telle affirmation affaiblit plus qu’elle ne renforce votre argumentation par ailleurs intéressante.
    Réponse
    Comme souvent, vous me reprochez une idée que je n’ai jamais exprimée. Ce qui vous intéresse, ce n’est pas le débat, c’est d’être désagréable, et gratuitement de surcroît.
    R.L.

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