Baroin, le retour

François Baroin
(Photo AFP)

Depuis quelques jours, on ne voit plus que François Baroin, ancien ministre de Chirac et président de l’Association des maires, sur les plateaux de télévision. Il fait une rentrée électorale et ne s’en cache pas vraiment. Il pourrait apparaître comme une alternative acceptable à Emmanuel Macron.

FRANÇOIS BAROIN est un modéré qui défend ses causes avec acharnement. Doté d’une belle prestance, il est jeune (48 ans), charmant (un autre gendre idéal) et relativement dynamique. Il vient de réintégrer les instances stratégiques des Républicains. De tous les candidats possibles de la droite, y compris Xavier Bertrand  (qui travaille dur pour le bien-être des habitants de sa région, les Hauts-de-France), et Valérie Pécresse (présidente de la région Île-de-France), c’est peut-être celui qui a le plus de charisme. Il a déclaré ce matin qu’il voulait desserrer l’étau entre Macron et Marine Le Pen. Son optimisme est le bienvenu mais se heurte à des difficultés considérables : avant d’aspirer à la magistrature suprême, il aura pour objectif de remonter la pente que LR a si vite descendue, avec les présidentielles et les européennes. Un succès aux municipales pourrait lui donner un bonus.

Paysage politique : un puzzle.

Les tout récents sondages sur les élections de 2022, d’ailleurs prématurés, donnent Emmanuel  Macron et Marine Le Pen au coude-à-coude, entre 27 et 29 % des suffrages, avec, loin derrière, Jean-Luc Mélenchon et le candidat LR, encore inconnu. M. Baroin a le temps de desserrer l’étau. Mais il lui faut œuvrer à la réunification d’un parti très divisé et, au-delà, énoncer un programme qui séduise une majorité. Deux tâches titanesques. On peut cependant faire confiance à un calme qui, jusqu’à présent, lui a interdit d’élever la voix, à une élégance dont il ne se départit jamais, et à ce sang-froid sans lequel on n’est pas un homme d’État. Son plus sérieux problème, c’est la convergence des idées qu’il peut avoir avec celles du macronisme. Jamais le paysage politique n’a autant ressemblé à un puzzle et jamais le pays n’a eu autant besoin d’unité. Ce que disent les sondages, en réalité, c’est que le Rassemblement national fera son meilleur score en 2020. Au second tour, Marine Le Pen obtiendrait 45 % des suffrages. C’est dire qu’elle a toutes les raisons de se présenter, car plus personne n’a honte de voter pour elle.

Le comeback de l’ancien monde.

La chance de M. Baroin, ce sont les municipales, car LR est déjà bien implanté et va à la conquête des mairies avec la foi du charbonnier, alors que la République en marche réinvente la cacophonie et risque de perdre des villes aussi importantes que Paris, Lyon et Marseille. La querelle dérisoire entre Benjamin Griveaux et Cédric Villani est le signe avant-coureur d’une défaite dans la capitale, alors que les Parisiens ont voté très majoritairement pour Macron en 2017. Même absurdité à Lyon où Gérard Collomb veut être réélu maire sans que Macron ait pu convaincre son concurrent, David Kimelfeld, de lâcher prise. Derrière le « nouveau monde », l’ancien revient au galop. Il ne s’agit plus des qualités personnelles ou de l’intérêt des programmes, il s’agit d’ego. Les cas de confusion au sujet des démarches de la République en marche sont nombreux. Ses élus ou militants ne recherchent pas la meilleure organisation, ne tentent même plus de s’entendre avec des alliés possibles partageant au moins une partie de leurs idées, ils se contentent d’assister à des matches de boxe, tandis que le président, pour sa part, s’abstient de protéger la cohésion du mouvement.

Mais il appartiendra à M. Baroin, s’il veut réussir, d’apparaître, comme ses prédécesseurs, comme le chef naturel des Républicains. Parmi eux, nombreux sont ceux qui le trouveront trop soft, trop mou, trop modéré. Son pire ennemi, c’est la démagogie. Si on en juge par le tempérament que l’on a eu maintes fois l’occasion d’observer, c’est un excellent homme, qui ne tombera jamais dans la vulgarité ou dans le mensonge. Malheureusement, nous sommes dans une phase historique où certaines qualités se transforment en défauts.

RICHARD LISCIA

PS-Pas de blog mardi. Je vous retrouve mercredi 6 novembre.

 

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7 réponses à Baroin, le retour

  1. PICOT dit :

    Mmmouis.. Etant donné que, sauf coup de théâtre, le plan est toujours le même : pour les prochaines présidentielles il faut absolument Le Pen contre Macron afin que celui ci passe, comme d’habitude, pour un rempart contre la soit disant extrême droite. Si Baroin pointe son nez il apparaitra comme un gêneur à pousser vers la sortie. Sauf s’il adopte totalement les idées de Macron; peu probable mais dans ce cas cela pourrait devenir intéressant.

    Réponse
    Allez un peu plus loin dans l’analyse. Les idées de Macron et de Baroin se recoupent souvent. Si Baroin, était élu il ne changerait aux réformes déjà en place.
    R.L.

  2. dmoutel dit :

    Beaucoup de choses peuvent se passer d’ici 2022 , mais ce serait vraiment une excellente nouvelle
    que Baroin soit candidat et soit élu . Cela permettra à la France d’avancer enfin, alors que le mot marche n’existe aujourd’hui que dans le nom seulement du parti présidentiel. Beaucoup semblent avoir oublié que Macron a été le principal conseiller aux affaires économiques de Hollande puis ministre à Bercy et donc un peu responsable du dernier fiasco ; son quinquennat c’est plutôt:
    courage , fuyons, avec en plus une certaine condescendance. La France mérite mieux que ce duel déjà programmé avec Marine que les médias veulent nous vendre et qui arrangerait bien Macron .
    L’expérience et le sens des responsabilités de Baroin sont reconnus et son charisme est sûrement ce qui fait le plus défaut au locataire actuel de l’Élysée.

    Réponse
    Les médias ne veulent rien vendre. Il suffit de ne pas acheter. Le duel n’est pas programmé, il résulte des intentions de vote. Quant à votre jugement sur le courage de Macron, il reflète seulement votre malveillance. Macron a accompli des actes courageux. Votre seul acte courageux, c’est d’exprimer vos idées (programmées ?).
    R. L.

    • dmoutel dit :

      Un peu facile de voir de la malveillance dans les propos de quelqu’un avec qui on est en désaccord…. passons ! Les actes de courage politique de Macron, je les cherche encore.
      Bien cordialement à vous.
      Réponse
      Votre cordialité est relative.
      R.L.

  3. mathieu dit :

    Et puis l’avantage de Baroin, c’est qu’il est poly-compatible, miscible à tous les courants: chiraquien « loyaliste » anti-sarkozyste avant 2007, 1er co-listier de Sarkozy à la primaire 2017, premier ministrable de Fillon après la primaire, et même de l' »ennemi Juppé », pendant 48h lors du désastreux week-end du rassemblement Trocadéro..!
    Et surtout, comme vous le soulignez, il est trop, visiblement en tout cas, ennemi de la démagogie, risquant de rejoindre, dans cette noble catégorie, la longue liste des rendez-vous manqués avec l’histoire: Barre, Delors, Balladur, Rocard, Juppé, peut-être aussi Jospin…

    Réponse
    Bien vu.
    R.L.

  4. marco dit :

    M. Baroin n’a pas 48 mais 54 ans.
    Réponse
    Ce qui change tout !
    R. L.

  5. Sphynge dit :

    M. Baroin n’est pas l’homme de la situation ; il ne serait au mieux qu’un président gestionnaire comme M. Macron. A peu de choses près, Macron ou Baroin seraient blanc bonnet et bonnet blanc. Une fois les réformes économiques et sociétales faites par M. Macron, il conviendra d’en venir enfin au problème crucial de la société, c’est-à-dire la France et la République, autrement dit l’identité, l’immigration, l’islamisation. Cela imposerait d’importantes réformes de la souveraineté nationale, de l’éducation, de l’accueil raisonné d’une immigration choisie et du traitement de l’immigration non insérée dans la société française, de la répartition des richesses, de la justice, du rétablissement de l’ordre républicain, de réformes pour une union européenne acceptable, tout cela en premier lieu. Aujourd’hui, un candidat ouvert aux progrès mais antiprogressiste et antimondialiste, ayant enfin la force de réunir les électorats de la droite de LR, de DLF et du RN battrait M. Macron et aurait pour un temps, un soutien solide de l’électorat pour entreprendre ces réformes. Mais cet homme ou cette femme, de stature politique (et non technocrate et politicienne), reste à découvrir. Quelque chose comme fut la réunion De Gaulle (pour la politique), Pinay (pour l’économie). Des individus de ce calibre sont rares et tout autre ne répondrait pas à la dangereuse et précaire situation actuelle. Alors, en l’état actuel des choses, M. Macron serait réélu haut la main, quels que soient les sondages aujourd’hui.

    Réponse

    Il me semble au contraire que la solution que vous préconisez serait un désastre pour le pays. Pour commencer, Macron n’est pas un président gestionnaire, sinon il n’aurait pas à affronter constamment la colère populaire, devenue réflexe de Pavlov. Ensuite, il s’efforce, non sans acharnement, de changer la donne de l’immigration. Enfin, je ne vois pas comment un homme de la trempe de De Gaulle s’associerait avec Mme Le Pen. Le réalisme commandait de faire avec Macron et de voir s’il réussirait. Le peuple fait exactement le contraire, guidé qu’il est par les réseaux sociaux, machine à illusions. Je n’ai pas le culte de la personnalité. Je ne m’intéresse pas au sort personnel de Macron. Je continue à espérer que la France sera modernisée, même si au final le mandat de Macron n’est pas renouvelé.
    R. L.

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