L’anniversaire de la casse

Le bonheur d’incendier
(Photo AFP)

Samedi et dimanche, les gilets jaunes ont célébré le premier anniversaire de leur mouvement, en essayant de lui donner la plus grande résonance, c’est-à-dire la violence dans laquelle quelques blacks blocs les ont ont joyeusement accompagnés.

LE MICRO-TROTTOIR a encore fait des merveilles, les gilets jaunes ayant répété qu’ils ne lâcheraient rien. Mais sans dire vraiment pour faire quoi, étant entendu que, s’ils ne sont pas toujours responsables des dégradations qu’ils ont causées à Paris, place de l’Italie notamment, et en province, ils savent pertinemment que, sans casse, personne ne fait attention à eux. C’est le propre d’un mouvement qui persiste au-delà de la patience des non-manifestants et des victimes directes des démolitions de ne pas savoir s’arrêter. Souvent, les gilets jaunes disent s’inspirer de mai 1968, en oubliant que, au terme de la révolution estudiantine, une contre-manifestation de droite et pro-gouvernementale a stoppé net leur romantisme destructeur.

Extrême droite, extrême gauche, même combat.

Qui sont les gilets jaunes ? Selon un  sondage, un tiers se revendiquerait du Rassemblement national, un tiers de la France insoumise et un tiers se déclare hors partis. Ce qui signifie que deux tiers des gilets jaunes s’inspirent de deux mouvements extrémistes dont les credo sont diamétralement opposés mais qui ne seraient peut-être pas hostiles à une convergence, non pas des luttes, mais des deux mouvements. On les imagine déjà gouverner ensemble et s’attaquer à l’euro et à l’Europe, se quereller sur l’immigration, mais dépenser sans compter en faveur des déshérités. Laissez-moi penser que des gens dont la seule expression est la violence et la haine n’ont rien à voir avec la gauche et tout à voir avec l’extrême droite, y compris les black blocs qui rêvent d’un changement de société assez profond pour que nous vivions tous sous un régime totalitaire. Rassurez-vous, peu de commentateurs émérites partagent mon point de vue, soucieux qu’ils sont depuis un an de justifier les pires exactions commises par les gilets jaunes.

Le cycle manifestation-répression.

Je continuerai à dire que les gilets représentent un danger d’autant plus grand qu’ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils feraient s’ils détenaient ne fût-ce qu’une parcelle de pouvoir et qu’ils seront manipulés par les partis politiques qui les soutiennent aujourd’hui, pour demain se réclamer d’eux et engager des mesures arbitraires. Oui, c’est vrai, le 5 décembre prochain risque d’être, avec la grève générale reconductible, le parallèle du mouvement de 1995 et d’affaiblir sensiblement l’économie du pays. Mais ce peut être aussi l’occasion de crever l’abcès car la population ne peut pas rester soumise au chantage des soi-disant révolutionnaires. Bien entendu, les gilets ignorent les actes des black blocs et se refusent à endosser la moindre responsabilité dans la destruction des centres-villes. C’est trop facile. De la même façon, ils entendent faire payer au pouvoir les blessures, parfois terribles, que leur a infligées la répression.  Si quelqu’un osait dire, au bout d’un an d’exactions : « Pas de manifestation, pas de victimes », il serait aussitôt qualifié de monstre par la gauche bien-pensante. : et le droit de manifester, alors ? En tout cas, je ne vois pas très bien ce que le président de la République et son gouvernement pourraient faire d’autre que de repousser brutalement des « manifestants » voués à la destruction des vitrines alentour. Il y a aussi une colère, une inquiétude, un ras-le-bol chez tous ceux qui veulent continuer à travailler, mais dont l’instrument de travail est systématiquement endommagé ou incendié par des gens qui croient que tout le monde est riche, à part eux bien sûr, et que les commerçants sont forcément des exploiteurs du peuple. Comme disait mon professeur d’histoire, si vous pensez que les commerçants ne servent à rien, allez acheter votre thé en Chine.

C’est l’enflure qui compte.

Il faut également dénoncer une attitude qui consiste à croire que le gouvernement n’a rien fait pour les gilets jaunes depuis un an, ce qui est faux, car ses efforts financiers sont considérables et lui valent d’ailleurs les critiques de la droite, de la Cour des comptes et de la Commission de Bruxelles. Ce n’est pas se livrer à un raccourci que de rappeler que ce sont les commerces dévastés qui paient les impôts avec lesquels l’État finance les largesses qu’il prodigue aux moins nantis et que les gilets jaunes détruisent de cette manière les moyens susceptibles de les satisfaire. Mais la logique n’a rien à voir avec tout ça. C’est l’enflure qui compte, c’est la dramatisation, le faux héroïsme qui consiste à tenir un rond-point au lieu de faire des heures supplémentaires exonérées d’impôt et d’arrondir ses fins de mois, c’est la technique du « retiens-moi ou je fais un malheur ». Le malheur est accompli. Un mouvement dont la haine sous-jacente est totalement pure (comme on le dit d’une drogue pure) détruit le tissu social que l’on dit malmené par les inégalités. Il l’est encore plus par la guerre civile, le désordre, et les fanfaronnades de Tartarin.

RICHARD LISCIA

 

 

 

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7 réponses à L’anniversaire de la casse

  1. D.S. dit :

    A propos des micro trottoirs : est-ce qu’un de nos lecteurs, psychologue ou psychiatre, pourrait enfin m’expliquer la signification profonde des discours entendus à la télévision hier ? Ces manifestants pensent-ils réellement ce qu’ils disent? Les « vrais fous », c’est eux ou moi ? Heureusement que dans la « vraie vie », je m’aperçois que je ne suis pas le seul à penser autrement. Autre remarque: la recherche du sensationnel est elle la seule motivation des journalistes concernés? Se rendent-ils compte à quel point ils attisent le mouvement ? Et ne se sentent-ils pas un peu responsables de cette histoire sans fin ?

  2. PICOT dit :

    Aussi longtemps que le pouvoir d’achat continuera à baisser, c’est à dire, en pratique, ne plus pouvoir vivre correctement en raison de revenus trop bas par rapport à une fiscalité délirante, les mouvements de protestation, gilets jaunes ou autres, continueront. Des violents parmi les gilets jaunes ? Sûrement, et alors ? Tous ne sont pas ainsi, ne parlons même pas des blacks blocs qui se greffent sur le mouvement, et il y a aussi de tels crétins chez les policiers. Observons ce qui se passe de façon plus générale : sont dans la rue, par dessus le marché, pratiquement tout l’hôpital public, les pompiers, les policiers (qui protestent également), les agriculteurs, les retraités etc.. Les enseignants se suicident ainsi que les policiers, les infirmières, les médecins, les agriculteurs. La révolte gronde, et elle gronde partout, y compris dans les autres pays, contre un pouvoir corrompu et qui gouverne contre nous malgré ce qu’il essaye de nous faire croire. Les gilets jaunes ne sont qu’un signe parmi d’autres de la dégradation de la situation en France. Inutile de se focaliser sur eux seuls.

    Réponse
    Mensonges : infirmières, médecins, enseignants ne se suicident pas. Vous parlez comme Trump en mentionnant des « faits alternatifs », c’est-à-dire au moyen de fausses informations. La révolte gronde? Vous en serez la première victime. Le pouvoir d’achat ne baisse pas, il a augmenté de 2 % cette année. Mentez, diffamez, il en restera quelque chose. Votre prétendue sympathie pour les GJ n’existe pas. Votre approbation de la violence satisfait votre haine pour Macron. Et votre haine obère votre pensée.
    R.L.

    • D.S. dit :

      Réponse à Picot: expliquez-nous pour quoi ces gens comptent plus sur la société que sur eux mêmes pour améliorer leur sort. On n’est pourtant jamais mieux servi que par soi même.

  3. PICOT dit :

    Les médecins ne se suicident pas ? Vous plaisantez ou quoi? Taux de suicides chez les médecins en France en 2018 14,4 % (taux dans la population générale 5,4%), pratiquement autant que les agriculteurs, ce ne sont pas les sources qui manquent, et dites nous aussi que les agriculteurs ne se suicident pas pendant que vous y êtes. Ma sympathie, comme vous dites, va à tous ceux dont le pouvoir d’achat baisse depuis des décennies et particulièrement à ceux qui ne peuvent plus boucler leur fin de mois, même s’ils ont un salaire. Venez voir au Secours populaire et aux Restos du coeur, entre autres associations, la population de ceux qui ne s’en sortent plus augmenter à toute allure. Vous serez édifié. Bizarre avec, comme vous le prétendez, un pouvoir d’achat qui augmenterait de 2 %. Pour qui, donc?

    Réponse
    Vous allez me faire pleurer. Je suis content de savoir que, pour votre part, vous n’êtes pas suicidaire. Les 2 % sont pour les gilets jaunes, pas pour moi. Je ne serai jamais édifié, je serai toujours trompé par ce que vous écrivez. Je ne suis en rien obligé de subir votre harcèlement; encore une fois, je ne demande à personne de me lire. Vous feriez mieux de vous abonner à une feuille d’extrême droite.
    R.L.

    • dmoutel dit :

      Picot parle de façon passionnelle certes, mais le cataloguer
      d’extrémiste ne fait en rien avancer le débat. Les maires de
      France ne sont heureusement pas autistes et connaissent bien
      la réalité inquiétante de l’état de la France actuelle et ce ne sont pas à priori
      tous des extrémistes, certains maires soutiennent même Macron.
      Quant aux suicides chez les médecins, en tant que secrétaire général d’un
      Conseil de l’ordre départemental, je peux vous affirmer que c’est hélas une réalité.

      Réponse
      Il y a des journalistes qui se suicident, et des conducteurs d’autobus et des maréchaux-ferrants. S’il y a une vague de suicides professionnels chez les médecins, prouvez-le avec des chiffres. M. Picot est un extrémiste atrabilaire qui déteste Macron de façon irrationnelle, ce qui ne fait pas une base de discussion. Quant aux maires, il me semble qu’ils se sont rapprochés de Macron et que, si vous-même aviez un peu d’objectivité, vous le constateriez. Encore une fois, tout ce qui est excessif est insignifiant. La haine pour un homme est un excellent moyen pour affaiblir le pays. Je m’y oppose, est-ce désormais assez clair pour vous ? Je rappelle, une fois de plus, une notion simple : je suis libre, nous sommes en démocratie et le harcèlement dont je fais l’objet de la part de M. Picot et de vous-même est une atteinte à ma liberté. De sorte que je ne vais pas passer mon temps à répondre à X ou Y. La meilleure façon de ne pas participer à cette campagne de mensonges et de contre-vérités, c’est encore de ne pas les publier. Si vous êtes à l’aise avec M. Picot, écrivez-lui directement. Vous ferez la paire.
      R. L.

  4. dominique dit :

    Picot , lénine , staline : même combat ! Combien de morts ?

  5. admin dit :

    Pour tous ceux qui liraient encore cette page. On compte 9 000 suicides dans la population française chaque année, dont 45 médecins. C’est assez dire qu’il ne faut pas se laisser manipuler par les réseaux sociaux, mais surtout par M. Picot qui parle de 14,4 % de taux de suicides chez les médecins. Si c’est vrai, cela voudrait dire que le nombre de médecins français s’élèverait à une centaine.
    R.L.

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