Macron donne des gages

Macron séduit les maires
(Photo AFP)

Le président de la République a achevé hier de se réconcilier avec les maires de France auxquels il a promis une compensation à l’euro près des suppressions d’impôts locaux.

LE RAPPROCHEMENT entre l’exécutif et les maires a été préparé de longue date. Il a été amorcé par le « grand débat » organisé par le pouvoir pour faire un contre-feu à la crise des gilets jaunes. Quelques mois de bonnes paroles, mais aussi d’injections de fonds pour la vie locale ont permis hier, de consacrer une amitié considérée naguère comme improbable. Le président de l’AMF, Association des maires de France, n’est autre que François Baroin, défenseur acharné des maires et des municipalités, qui, à la veille de la grande rencontre à Paris du président avec les élus locaux, a rappelé combien ses homologues respectaient la Ve République, ses institutions, son président. On l’avait connu plus rebelle, mais entretemps, c’est Macron qui a changé et qui a rendu un peu d’espoir aux maires.

Mea culpa.

Encore faut-il que, accablé par les sollicitations en tout genre, à commencer par celles des gilets jaunes et maintenant des hôpitaux sur lesquels le gouvernement va devoir déverser beaucoup d’argent, M. Macron, dont le budget pour 2020 a été bouclé à l’Assemblée et passe au Sénat, trouve les fonds. Chaque jour qui passe crée pour lui un dilemme : s’il paie, il creuse le déficit au-delà de ce qui était prévu. S’il ne paie pas, il trahit sa promesse. Il paiera, c’est sûr, et il calmera probablement la grogne des personnels hospitaliers. Après, il va falloir chercher des économies ailleurs. Mais tout n’est pas aussi sombre que les apparences le laissent croire. M. Macron trouvera en M. Baroin un interlocuteur très compréhensif dès lors qu’il accepte de voler au secours des mairies. Le président de l’AMF tient à souligner que son différend avec le gouvernement ne vient pas seulement d’un manque d’argent mais aussi d’une incompréhension entre les élites des grandes villes et le peuple de province. Je ne sais pas à quel point ce reproche, si répandu, au point de devenir une vérité première, est justifié. La protection des provinciaux est en tout cas devenue une valeur républicaine depuis que M. Macron a fait son mea culpa devant les maires.

Macron n’a pas encore perdu.

L’extrême gauche et l’extrême droite, qui n’ont cessé de s’associer aux revendications des maires au nom de la décentralisation et des petites gens, voient dans le plan annoncé par Édouard Philippe pour l’hôpital un recul majeur de M. Macron. Elles se réjouissent moins du répit ainsi apporté aux provinces que de ce qu’ils considèrent comme la première brèche dans la sacro-sainte recherche des équilibres fondamentaux.  Leur opposition à la politique sociale de Macron est construite comme un casse-noisette : s’il cède dans un domaine, il cèdera ailleurs et deviendra très vulnérable lors des élections générales de 2022. S’il ne cède pas, il arrivera épuisé aux échéances électorales. Les uns et les autres se font beaucoup d’illusions. M. Macron, c’est-à-dire la République en marche, n’a pas encore perdu les élections municipales, pas plus qu’il n’a perdu la présidentielle.

Certes, de l’eau va couler sous les ponts et la présence de M. Baroin dans la course peut donner du tonus à la campagne des Républicains (LR), sauf qu’en y regardant de plus près, M. Baroin ressemble à M. Macron comme un clone : qu’a-t-il à proposer de différent qui le distinguerait du président actuel ?  La crise sociale, la mauvaise organisation de la campagne des municipales par LR, les sombres nuages venus d’ailleurs qui s’amoncellent sur notre économie rendent ce mandat particulièrement difficile. Et, sans vouloir se livrer ici à la moindre prédiction, on remarque que les problèmes dits insolubles de M. Macron ressemblent à ceux de M. Sarkozy et de M. Hollande, comme si les Français refusaient, sur le long terme, d’accorder leur confiance à un élu pour plus de cinq ans.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Macron donne des gages

  1. Laurent Liscia dit :

    Problèmes intraitables? Un ami se plaignait du « rabotage permanent » des acquis sociaux par « notre génie national »; les Français semblent ne pas comprendre (ou font semblant de ne pas comprendre?) que leur système social demeure bien supérieur à celui des États-Unis, et même du Canada. Mais peut-être sentiront-ils que Macron, pour sa part, est supérieur à Hollande et Sarko; et que les extrêmes n’ont pas une seule idée qui tienne la route. Mais c’est vrai qu’on peut toujours supprimer l’euro, instaurer une sixième semaine de congés payés et voir l’économie s’effondrer.

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