La preuve par l’Australie

Morrison face au sinistre
(Photo AFP)

Si les eurosceptiques récusent toute argumentation en faveur du réchauffement climatique, l’horreur des incendies en Australie, qui ont détruit la végétation sur une surface égale à celle de la France et des milliers de maisons, devrait les convaincre de prendre enfin leurs responsabilités.

PREMIER ministre d’Australie, Scott Morrison traverse une mauvaise phase. Pas seulement parce que son pays est ravagé par les flammes, ce qui détruit non seulement des humains mais l’ensemble de la biodiversité, il a,  comme les Trump et les Bolsonaro, toujours récusé la thèse du réchauffement climatique. Contraint pas des événements à aller montrer sa commisération à ses concitoyens, il a été accueilli par des injures. En effet, il existe à son passif une dénégation totale de l’effet de serre. On lui a alors demandé comment il expliquait que les incendies de brousse avaient acquis, sur le territoire australien, une forme monstrueuse qui dépasse tout ce qu’a inventé la science fiction.

Le nucléaire en débat.

Bien entendu, le sort de M. Morrison, fort peu connu en dehors des cénacles politiques australiens, n’a aucune importance. En revanche, nous sommes tous concernés par des phénomènes produits par l’effet de serre et renforcés par les dégâts (destructions, fumées irrespirables, terribles extermination des animaux, et en particulier des gentils koalas) causés par le phénomène. Concernés et avertis : il n’y a pas de zone géographique qui soit à l’abri du réchauffement et de ses conséquences ; incendies durables et ravageurs, inondations répétées et dévastatrices, pertes en végétation qui ne peuvent être réparées qu’en un demi-siècle. Le feu et l’eau alternent leurs assauts : aujourd’hui l’Australie, hier la Californie, qui a elle aussi terriblement souffert de la sècheresse mais a eu de la pluie l’an dernier, avec une formation encourageante des neiges de la sierra, dans les Rocheuses, soit une réserve d’eau pour plus tard. Un répit : nous savons tous que la température moyenne de la planète continue d’augmenter et ce d’autant plus que la dernière conférence mondiale pour l’environnement a été un échec. L’humanité ne parvient pas à prendre la mesure de ce que nous réserve ce siècle. Les cris d’alarme lancés par les experts tombent dans l’oreille de sourds. Nous continuons à produire  et à vendre des automobiles de plus en plus grosses, le charbon reste une source importante d’énergie, on débat sur le nucléaire parce qu’il ne libère pas de CO2 mais aussi parce qu’il crée des déchets indestructibles.

Sortons de la politique.

Soyons sérieux. Je ne sais pas si Greta Thunberg a la solution, mais ses appels devraient au moins être entendus par ceux qui prennent les décisions. Je note simplement que l’extrême tension internationale n’est guère propice à la lutte contre le réchauffement de la planète. Le terrorisme, les guerres qui couvent, les ambitions des ploutocrates et des potentats nous empêchent de nous concentrer collectivement sur la menace sans précédent qui pèse sur la nature. Les crises politiques, plus nombreuses que jamais à travers le monde, nous éloignent d’un enjeu infiniment supérieur à nos préoccupations courantes. Les relations internationales sont empoisonnées par un nationalisme d’autant plus stupide que le réchauffement ne s’arrête à aucune frontière et que ce qui arrive à l’Australie peut arriver n’importe où, sous la même forme ou sous une autre forme. Enfin, l’humanité, qui a créé tant de merveilles, semble hermétique  à un danger qu’elle comprend mal ou pas du tout : quelle relation entre un sac de plastique et l’empoisonnement lent des océans, source de la vie ?

Il est surprenant que le succès des réseaux sociaux et de toutes les formes médiatiques de la perversité ne s’étende pas à la préoccupation climatique, que nous restions en général apathiques devant un risque mortel, que nous ne parvenions pas à imaginer ce que sera la vie dans quelques années sur une planète unique pour le moment, qui porte l’humanité, mais va lui rendre la vie impossible. L’écologie n’est pas une religion, c’est une donnée dont l’approche ne peut être que scientifique. Elle s’adresse à chaque individu. Chacun doit essayer de respecter les règles qui la gouvernent pour que la fièvre planétaire, enfin, cesse de monter.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à La preuve par l’Australie

  1. R.CHARPENTIER dit :

    Une petite précision: les feux ont détruit une surface égale à celle des Pays-Bas (3735000 ha) ou de la Belgique (3050000 ha) mais pas celle de la France (55000000 ha). C’est le nombre d’animaux en tous genres possiblement tués (≈ 500000000) qui vous a peut-être emporté.
    Cordialement

  2. boileau gérard dit :

    Bien que la surface brûlée soit plus proche de celle de la Belgique, je partage vos remarques sur l’insensibilité et l’incapacité du plus grand nombre de nos dirigeants, soumis à la pression des lobbys du grand capitalisme et au complotisme antiscientifique. ce dernier point que nous avons laissé s’installer sera peut être déterminant en cas d’échec global.
    quotidiennement, nous avons un rôle pour analyser les effets des pollutions phyto sanitaires, des cocktails chimiques, des bruits, des excès climatiques , des aliments dangereux, des déchets toxiques sur l’ensemble des tranches de la population.
    Notre implication professionnelle pour informer et assister rejoint l’action de chaque citoyen motivé. Espérons que nos petites rivières solidaires forment des fleuves alimentant la prise de conscience des changements de mode de vie, nécessaire au passage de ce cap fatidique, pour le monde vivant dans le siècle à venir.
    Chaque année passée sans mettre en place les actions pertinentes nous rapprochera de crises violentes et très dommageables pour le plus grand nombre.
    Ouvrir les yeux, la bourse et le cœur, nous sera nécessaire pour y réussir.
    Gardons des conduites consuméristes irréfléchies et nous pourrions pleurer de rage et de confusion avant longtemps, si ce n’est pas déjà le cas.
    Certains nous traitent de Cassandre alors qu’il s’agit d’un appel au courage et à l’implication.
    aucune démarche de survivalisme ne permettra la réponse adéquate.
    la démarche collective est la seule qui puisse atteindre la puissance nécessaire à la réussite.
    C’est en cela que l’état, les responsables économiques, sociaux et politiques sont fondamentalement indispensables au succès. Peu nous montrent l’exemple pertinent.
    Les gens du peuple paraissent bien plus acteurs : le bon sens ?
    nous sommes au sein du peuple, des gens.Nous sommes utiles. L’extension de cette vaste crise climatique nous exposera individuellement et nous sollicitera professionnellement (inondations, sécheresse et incendies, intoxications et cancérologie induite, allergies, atteintes respiratoires, troubles psychiatriques résultants, traumatismes en lien avec les conflits, maladies des migrants, dénutrition, misère sociale, etc).
    Nous n’éviterons rien.
    Restons conscients, debout et impliqués ensemble, ou tirons un trait sur tout ce qui fut, au terme venu, en toute inconscience.

  3. Jérôme Lefrançois dit :

    Merci et bravo pour ce que vous écrivez ici.
    La seule véritable urgence actuelle est en effet la survie de l’espèce à moyen terme, et à court terme les conditions de vie de nos enfants et petits-enfants (par rapport aux plus âgés d’entre nous), et des générations de jeunes adultes déjà au travail actuellement,
    Le reste (les conneries de la CGT par exemple) est bien accessoire et une préoccupation d’habitants de pays privilégiés…
    L’urgence est donc écologique, sans considération politique, la survie de l’espèce n’étant pas plus de gauche que de droite; même si un certain nombre de privilégiés richissimes de cette planète s’imaginent qu’ils auront les moyens financiers de se préserver des diverses catastrophes écologiques….bien à tort. Les Australiens commencent à en faire l’expérience. Et plus près de nous, même les propriétaires d’un chalet à Megève (s’ils ne subissent pas le risque de submersion marine) auront à gérer les graves conséquences des grandes crises qui viendront à très court terme si les urgentes mesures écologiques ne sont pas appliquées de façon plus efficace que jusqu’à présent.
    Merci de continuer vos rappels à la lucidité,
    Bien à vous,
    Dr Jérôme Lefrançois

  4. Doriel Pebin dit :

    Merci pour ces commentaires éclairés et à visée humaniste et éthique. La génération des seniors actuelle est probablement la plus égoïste de toutes. Nous avons profité de 60 ans de paix et de la société de consommation pour une société de plus en plus individualiste et égocentrée (cf la crise des retraites : ne bougeons surtout rien, les autres paieront). En contre partie, que laissons nous ? Des dettes et un crise climatique à nos enfants et petits enfants, sans parler du recul des valeurs humanistes et démocratiques. Les tribunocrates paradent de plus en plus alors que le bateau coule (Trump, Johnson, Bolsonaro et consorts). Merci de continuer à rappeler les fondamentaux des siècles des lumières et de l’humanisme.

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