Buzyn candidate à Paris

Agnès Buzyn
(Photo AFP)

Nouveau coup de théâtre dans la campagne des municipales : après avoir refusé de remplacer Benjamin Griveaux, la ministre de la Santé et des Solidarités, Agnès Buzyn, a finalement accepté, dimanche après-midi, de se porter candidate de la République en marche à la mairie de Paris.

CETTE désignation inattendue, on la doit sans doute à la pression exercée par le chef de l’État sur celle qu’il faut bien appeler l’ancienne ministre. C’est en effet un choix éminemment politique qui peut satisfaire les marcheurs et leur chef mais qui ne fait pas l’affaire de Mme Buzyn, venue de la vie civile, extrêmement compétente en médecine, mais pas en politicailleries. Comme l’a démontré la démission de M. Griveaux, il n’y a que des coups à prendre dans cette campagne que les réseaux sociaux et la passion conquérante ont transformée en coupe-gorge. Les médecins qui suivent ce blog seront surpris de ce rebondissement car, en bonne logique, ils auront pensé que les fonctions de Mme Buzyn jusqu’à aujourd’hui étaient infiniment plus importantes que la mairie de Paris. Elle avait non seulement la charge, très lourde, de la sécurité sociale, de la santé (et, en ce moment, de la lutte contre le coronavirus) mais aussi l’explosif dossier des retraites. Obligée de compter sou à sou les aides financières à l’hôpital et à la médecine de ville, Mme Buzyn n’était pas particulièrement populaire dans le corps médical. Mais elle l’était certainement aux yeux des marcheurs qui, pour remplacer Griveaux, voulaient un ou une candidat (e) au moins aussi connu(e) que lui. C’est donc bien malgré elle, mais cela dénote aussi son sens du devoir, que l’ancienne ministre a fini par accepter.

Remonter la pente.

On saura assez vite si le choix de la REM aura été utile. Il implique déjà qu’aucun accord n’ayant été conclu avec Cédric Villani, dissident de la République en marche, la nouvelle candidate va devoir remonter aussi vite que possible une pente ardue. Or pas plus que Mme Buzyn n’aime la politique, elle ne connaît les problèmes spécifiques de Paris. Déjà, les commentaires sarcastiques pleuvent : elle « abandonne » la santé des Français, elle ne sait rien de la vie dans la capitale, sinon qu’elle est elle-même parisienne, elle ne dispose ni des soutiens d’Anne Hidalgo ni du machiavélisme de Rachida Dati, elle est plus un drapeau, un symbole, une icône, qu’un général stimulé par le danger et la difficulté de l’offensive. Mais faut-il avoir bachoté pour devenir maire ? Le calcul fait par Emmanuel Macron est très significatif : Buzyn est la personne qui convient dans un processus électoral extraordinairement chahuté. Justement, elle ne fera pas de la petite politique ; altière et calme comme d’habitude, elle portera le programme de la REM avec tranquillité et dignité. Elle n’a pas les arêtes de son prédécesseur (arrogance, suffisance). Elle est en mesure de retrouver au moins une partie des suffrages qui sont passés de la REM à LR. Face à Hidalgo, elle est à la fois la petite nouvelle et un poids-lourd comparable à la candidate socialiste. Mieux que Bernard Griveaux, que Villani détestait, elle pourrait convaincre l’inébranlable dissident de rejoindre la REM au second tour.

Question de panache.

Ce qui est important pour les citoyens en général ne l’est pas nécessairement pour un parti. La République en marche et le macronisme ont reçu, ces temps derniers, de ces coups si terribles qu’on ne peut y survivre qu’en recourant à la surprise et au panache. Agnès Buzyn n’est pas la Parisienne idéale des Parisiens mais c’est sûrement le chapeau à plumes du chef de file. On sait déjà  que le Dr Olivier Véran, député de la REM, prend le portefeuille de Mme Buzyn, preuve que nul n’est irremplaçable. Ce tour de passe-passe souligne que la République a perdu assez de ses bons militants dans des affaires funestes pour se permettre d’en perdre dans l’espoir de gagner une bataille. La campagne des municipales rappelle aussi qu’elles représentent un enjeu important, peut-être aussi important que les législatives ; qu’elles soulèvent en tout cas des passions énormes (et maintenant des coups de Jarnac insoupçonnés) ;  que, fait complètement inédit, ce sont trois femmes, Anne Hidalgo, Rachida Dati et désormais Agnès Buzyn qui vont se battre pour la mairie de la capitale. Il n’y aura que les ronchons et les grognards pour s’en plaindre. En vérité, s’ils critiquent la décision de Mme Buzyn, c’est parce qu’ils la craignent.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Buzyn candidate à Paris

  1. LEFEVRE dit :

    Je suis navrée pour Agnès Buzyn,elle n’a pas eu le choix, c’était une personne qui aimait son ministère, c’est une personne humaine, je ne la connais pas personnellement, mais contrairement à tous ces ministres, elle est intègre, encore une fois l’intervention du président qui lui impose de mener les municipales, (ce n’est pas son truc), ce personnage ne respecte rien ni personne, il l’envoie à l’abattoir, elle ne mérite pas cela.
    Madame, je vous ai fait parvenir un courrier en date du 30 janvier en RAR, je n’ai pas eu de réponse, je ne crois pas en avoir de la part de votre remplaçant, il aura beaucoup à faire avec les ordres que l’on va lui donner, sinon ce sera la porte.(il faut pas rêver)

    Madame Buzin , je vous souhaite bon courage et un belle réussite vous le méritez contrairement à certaines mauvaises personnes.

    Réponse
    Si vous croyez que M. Macron oblige les gens à se porter candidat, vous faites peu de cas du libre-arbitre de Mme Buzyn.
    R. L.

  2. Michel de Guibert dit :

    Madame Buzyn, c’est aussi cette ministre de la Santé qui a déclaré le plus sérieusement du monde à propos de la PMA : « Un père ce peut être une femme, évidemment […] ou une grand-mère »

  3. Jean dit :

    Beaucoup de blabla pour pas grand chose. Comme d’autres avant elle, Mme Buzy n’a eu de cesse d’afficher son dédain pour les personnels hospitaliers. Maintenant, à Paris, elle va prendre une râclée. On peut passer à autre chose.
    Réponse
    On verra bien.
    R.L.

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