Comment combattre les « séparés »

Macron hier
(Photo AFP)

On attendait d’Emmanuel Macron un grand discours refondateur de la laïcité. Il a préféré changer de sémantique. Au communautarisme, il oppose le « séparatisme ». Est-ce une révolution ? Non. Mais ce qu’il veut, c’est changer les mentalités pour mettre un terme à la radicalisation, ou tout au moins la rendre inopérante.

LE PRÉSIDENT a raison sur un point : on ne rétablira pas la paix et la sérénité dans la société française en désignant l’adversaire et en s’opposant non pas aux seuls salafistes, mais en accusant une religion. Il ne faut pas, en effet, désespérer ces millions de musulmans qui, loin de vouloir créer une société hermétique, sorte d’enclave dans le pays, souhaitent participer, comme les hommes et les femmes des autres religions, au mouvement de la communauté nationale. Ce serait rejeter des personnes de bonne volonté qui nous prouvent tous les jours, par de brillants exemples, qu’elles aussi sont capables de trouver une place au soleil. M. Macron n’est pas dupe de la conduite de nombre de ses interlocuteurs musulmans qui, souvent, occupent des fonctions dirigeantes et s’en servent pour influencer leurs coreligionnaires dans le sens d’une obéissance absolue à la loi religieuse, au détriment des us et coutumes républicains. Ceux-là tendent à minimiser la radicalisation qu’ils entretiennent eux-mêmes et ne méritent pas de figurer parmi les référents du gouvernement. Il demeure que, si le chef de l’État s’était présenté à eux pour exiger qu’ils se conforment illico aux règles républicaines, sa force de persuasion aurait été nulle.

De la stigmatisation à la laïcité.

Contrairement à ce qui dit l’opposition, le choix du vocabulaire de M. Macron n’est pas neutre et, si la même opposition craignait qu’il s’engage dans une période d’accommodements avec le ciel musulman, ils peuvent maintenant se réjouir. Le gouvernement a empêché la construction de 27 mosquées en 2019, écarté ou expulsé des imams, surveille, comme le lait sur le feu, les foyers  d’incendie. Mais, en bon stratège, il ne veut pas que les dirigeants du culte musulman, quelle que soit chacune de leurs tendances personnelles, deviennent en général des hommes tentés par le « séparatisme ». Non seulement, il ne suffit pas de combattre une radicalité dangereuse, mais il faut associer à la lutte l’ensemble des musulmans. Ce que, parfois, ils n’ont pas compris eux-mêmes. Pour une raison simple : ils se sentent stigmatisés. Par manque de moyens, ils ne peuvent pas quitter les quartiers où ils sont à la fois les victimes de la pauvreté et les proies du djihadisme. Dans leur attitude, port du voile, retour des moins pratiquants à la prière et à la mosquée, rejet, conscient ou non, de la laïcité, il y quelquefois une conviction, mais souvent la peur des « grands frères » et des maîtres à penser dans des territoires qui échappent au contrôle républicain, donc à la police et aux institutions.

Paramètres singuliers.

Nous aurions tort de blâmer les victimes du chantage. À plusieurs reprises, nous leur avons demandé d’apporter leur contribution à la dénonciation de la violence d’origine religieuse. Mais comment faire quand on est directement menacé parce que l’on veut être un citoyen français comme les autres ? Ce sont ces paramètres singuliers que le chef de l’État a inclus dans son discours. Non seulement il est de son devoir de rassurer des populations elles-même terrorisées par une violence qui n’est pas à sens unique et installée dans l’univers de la drogue, mais il doit les protéger contre la délinquance et le crime, au même titre qu’il est censé le faire pour tous ses concitoyens. Toujours plus de sécurité ? C’est un principe qui nous vaudrait des milliers de djihadistes supplémentaires. La première chose à faire consiste à rappeler aux musulmans qu’ils sont des Français part entière. La deuxième, bien plus difficile à appliquer, c’est de les protéger du poison pseudo-religieux. Ce qui n’empêche pas la fermeté, celle que réclament nos concitoyens à cor et à cri. L’opposition se plaint de l’approche, douce et feutrée, de M. Macron. Mais, dans tous les appels à une riposte violente, il y a les ingrédients d’une guerre civile.

RICHARD LISCIA

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7 réponses à Comment combattre les « séparés »

  1. Lazzarotto dit :

    Je trouve votre approche ainsi que celle du président Macron assez lucide et juste et j’espère qu’elle apaisera notre beau pays…

  2. PICOT dit :

    De bonnes intentions et des justes paroles, mais pour l’heure seulement des discours. Ne pas s’attaquer aux frères musulmans (interdits dans plusieurs pays) et vouloir s’appuyer sur le CFCM ne sont pas des bons signes. Mais bon, attendons les actes.

  3. Sphynge dit :

    Nous sommes dans la république française, nous avons l’expérience de religions ramenées à leur juste place (la religion chrétienne et la religion juive). L’instrument a été la loi de 1905. Elle doit s’appliquer à l’islam avec la même rigueur qu’elle s’applique aux deux autres. La moindre dérogation à cet impératif accroîtra encore l’islamisation de la France par les différents moyens qu’utilisent les musulmans réfractaires et qui, de l’avis des experts, aboutira nécessairement à une guerre civile ou, à défaut, à la soumission. L’application de la loi non modifiée satisfera tous les citoyens appelés à vivre dans la république française. Les autres devront en être exclus. Les demi-mesures de M. Macron ne résoudront jamais ce problème urgent. Seul un pouvoir fort en serait capable. De plus se serait l’occasion d’illustrer un des principes fondamentaux de la république : l’égalité entre les citoyens.

    Réponse
    L’attitude à la fois ferme et modérée de Macron est la meilleure. Vous devriez l’approuver dès lors qu’il ne propose rien d’autre que d’appliquer la loi de 1905.
    R. L.

  4. jean dit :

    « Séparatisme » n’est pas le bon mot. On se sépare de quelque chose ou de quelqu’un. Il y a des séparatistes catalans, corses, et d’autres. Ici, il ne s’agit pas de séparatisme. C’est même tout le contraire. Il s’agit de phagocyter tout ce qui peut l’être dans la société, les institutions, la culture avec un but ultime. Imposer l’islam dans notre pays. Les circonvolutions du langage présidentiel ne règleront rien. Bien au contraire. Et puis plus généralement, voltairien dans l’âme, j’en ai un peu marre de la place prise par la religion dans le débat public.

    Réponse
    Le mot séparatisme a l’avantage de remplacer le mot islamisme qui peut laisser penser que c’est l’ensemble de l’islam qui est en cause alors que la plupart des musulmans ne méritent nullement d’être classés ou perçus en tant que djihadistes.
    R. L.

    • Jean dit :

      « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » Albert Camus

      Réponse
      Considérer quelques millions de Français musulmans comme des terroristes, c’est ajouter au malheur du monde. Je crois être du côté de Camus bien plus que vous.
      R. L.

      • Jean dit :

        Vous ne savez rien de moi, ni de ce que je ressens par rapport à Albert Camus. Je n’ai jamais dit, ni considéré que tous les musulmans étaient des terroristes. Ces derniers sont une minorité, nous sommes tous d’accord. Je dis juste que l’islamisme radical cherche à infiltrer la société à des fins de conquête et qu’il importe d’y résister. Inutile donc d’être agressif ou à tout le moins hautain à mon endroit. Ou alors votre blog n’est plus un espace d’échange possible mais juste « la vérité ».
        Réponse
        Si le dialogue vous est insupportable, essayez de ne pas me provoquer. Effectivement je ne sais rien de vous, ni vous de moi.
        R.L.

  5. mathieu dit :

    Tous les musulmans ne sont pas dans « des quartiers…victimes de la pauvreté et proie du djihadisme ». Je connais quelque confrère, intégré et praticien salarié depuis 25 ans, qui, révolté par le non-rapatriement familial dans notre pays, de tous ses frères-sœurs- cousin(e)s de Syrie, a décidé, sur le tard, de durcir sa « religiosité », et de « voiler » ses épouse et fille aînée. Tous les musulmans sincères et non terroristes ne sont pas victimes de leur carcan social.

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