Féminisme : la fête gâchée

Marlène Schiappa
(Photo AFP)

Dimanche était la Journée des femmes qui, en ces temps de Metoo, était censée glorifier la cause féminine. À 20 heures, après de larges manifestations dans toute la France rassemblant des milliers de femmes et d’hommes, a eu lieu, place des Fêtes, dans le XIXè arrondissement de Paris, une manifestation « non mixte », réservée aux femmes et aux transsexuelles. Elle a donné lieu à des provocations et à une sévère répression.

LES interpellations n’ont été suivies d’aucune garde à vue, mais les leaders des mouvements féministes, Anne-Cécile Tailfer, présidente de la Fondation des femmes et Caroline de Haas, présidente du Collectif Nous toutes, ont mis en cause le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner et le préfet de police de Paris, Didier Lallement. L’incident est éminemment regrettable car le gouvernement a toujours défendu la cause féminine. La secrétaire d’État à l’Égalité entre hommes et femmes, Marlène Schiappa, a exprimé sa consternation. De toute évidence, les « gardiens de la paix » en France pêchent par absence de discernement : ils n’établissent pas la différence entre gilets jaunes ou black blocs d’une part, et femmes d’autre part. Les policiers qui ont témoigné font état de provocations et d’insultes proférées par les manifestantes du soir réunies dans cette étrange cérémonie mystique d’où les hommes étaient exclus. Ce n’était pas une raison pour les brutaliser. À la veille des élections municipales (15 et 22 mars), cet acte de répression, classique et routinier, en dit assez long sur une police qui ne sait plus à quel moment elle doit rétablir l’ordre et à quel moment elle doit se rappeler son rôle républicain.

Sur la présomption d’innocence.

En tout cas, le gouvernement, une fois de plus, est placé devant un dilemme inattendu qui aggrave son impopularité. Ce qui ne veut pas dire que le mouvement féministe, qui n’a jamais été aussi confiant en lui-même, ne contient pas des éléments parfois irréductibles et donc difficiles à gérer. Il y a une raison à son intransigeance : le fait que les revendications les plus légitimes des femmes, comme la parité des salaires et de la représentation dans les fonctions électives, ne soit toujours pas atteinte. Mais certaines polémiques, comme l’affaire Polanski, ont dressé les femmes contre des hommes, y compris des féministes, ce qui a créé un malaise. Ce n’est pas un hasard si un collectif d’avocates a publié en fin  de semaine dernière une tribune pour rappeler qu’il ne faut pas bafouer la présomption d’innocence. Comme chacun sait, Roman Polanski a obtenu le César du meilleur réalisateur pour son film « J’accuse », ce qui a entraîné le départ bruyant de l’actrice Adèle Haenel,  qui a crié :« C’est une honte ! ». Il est utile de savoir que Mme Haenel a mis en cause un metteur en scène qui l’aurait agressée pendant son adolescence et  fait l’objet de poursuites. Elle s’est donc exprimée au nom de toutes les femmes molestées ou violées.

Il demeure que M. Polanski, à ce jour, est poursuivi par la justice américaine pour des faits qui remontent à plus de 40 ans. Il n’a jamais été jugé, n’ayant pas remis les pieds sur le sol américain. De la même manière,  l’acteur et réalisateur Woody Allen publie un livre (déjà boycotté en France) pour se libérer des calomnies de son ancienne épouse, l’actrice Mia Farrow, qui affirme qu’il a violé sa fille quand elle était une enfant, fait qui n’a jamais été prouvé. En réalité, Mme Farrow ne pardonne pas à M. Allen d’avoir divorcé d’elle pour épouser une de leurs enfants adoptives quand celle-ci avait atteint la majorité. Plus grave encore : le fils de Mia Farrow  (et beau-fils d’Allen), devenu un journaliste de talent récompensé par un prix Pulitzer,, poursuit Woody Allen dans le cadre d’une campagne, ce qui place le réalisateur dans une position des plus inconfortables.

Le féminisme d’abord ?

Beaucoup d’intellectuels, par exemple Pascal Bruckner ou Bernard-Henri Lévy, parfois classés à droite, se sont dressés avec force contre ce nouveau politiquement correct, voué à placer le féminisme en haut de l’étagère pendant qu’attendraient d’autres dossiers pas moins importants. On se souvient que Frédéric Mitterrand, quand il était ministre de la Culture, avait dénoncé les accusations contre Roman Polanski, assigné à résidence dans sa maison suisse pendant que la justice helvétique se demandait si elle allait donner suite à une demande d’extradition des États-Unis. Les Suisses ont fini par libérer Polanski, mais il fut reproché à Frédéric Mitterrand une prise de position jugée trop précoce et faisant bon marché de l’impartialité judiciaire. Cependant, nombreux furent les commentateurs qui estimèrent alors qu’un procureur californien souhaitait se faire une notoriété internationale en passant les menottes à un grand réalisateur franco-polonais. Ce n’est pas la première fois ni la dernière que la présomption d’innocence ne contraint pas les médias à se taire, ni les réseaux sociaux à en rajouter des tonnes, mais l’affaire, ainsi observée depuis Sirius, n’a pas empêché le jury des Césars à reconnaître à cet octogénaire son immense talent. De même que les policiers du préfet Lallement confondent femmes et trublions, de même, beaucoup de femmes, renforcées dans leurs convictions par le développement croissant de leur mouvement, en arrivent à des extrêmes.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Féminisme : la fête gâchée

  1. Laurent Liscia dit :

    La répression est totalement consternante et témoigne d’une misogynie continue parmi les forces de l’ordre et dans notre société en général. Il suffit d’aller voir Facebook aujourd’hui pour y trouver des quolibets d’une nullité rare contre le féminisme, l’un des plus grands et merveilleux mouvements politiques des deux derniers siècles. Et si l’on pense que le féminisme n’est plus nécessaire, songeons à la défaite d’Hillary et ce qui est arrivé à la candidature d’Elizabeth Warren. Sans compter les pays ou l’islam est au pouvoir.
    Quant au problème du politiquement correct introduit par « me too », il tient aux accusations qui détruisent des carrières sans procès formel. C’est également inacceptable. Mais la virulence du « me too » vient peut-être de la lenteur et de l’inefficacité d’un système judiciaire ou les viols sont trop rarement punis et la sincérité des victimes trop souvent remise en question.

  2. mathieu dit :

    C’est profondément regrettable, mais il est évident, à la vision – toujours partielle et peut-être partiale – des images, que nos forces de l’ordre, plus que « contenir » les excès, préfèrent le « contact » direct, prompts à répondre à l’insulte verbale par la matraque et l’immobilisation virile plutôt que par un cordon de protection statique et une riposte proportionnée. Trop d’images depuis un an, attestent le défouloir généralisé, l’exutoire trop facile à l’envie d’en découdre, des deux parties d’ailleurs. Mais avouons que face à des femmes, non armées et peu protégées, l’alibi de l’autodéfense était assez peu crédible! Honte, au moins ce dimanche, à une corporation dont la mission est d’apaiser (les « Gardiens de la paix »)… et de maîtriser ses nerfs, et non de répondre aux provocations!

  3. Anwen dit :

    Le féminisme bien compris (commentaire un peu long-merci de votre compréhension) :
    L’époque à laquelle nous sommes arrivés est, de l’avis de tous ceux qui comprennent la signification des événements, une ère de révision générale.
    On remet en discussion toutes les questions qui ont été agitées par l’esprit humain depuis les temps les plus reculés, avec l’espoir que, de cet examen, sortira la vérité sur laquelle on posera les bases d’un régime nouveau qui donnera à tous une vie meilleure.
    Or la base de toute réforme sociale, c’est la reconstitution de la vie morale, c’est à dire des mœurs.
    Pour rétablir les relations de l’homme et de la femme il faut, d’abord, remettre les deux sexes à leur place, les faire rentrer dans le rôle que la nature leur a assigné, respecter les facultés de chacun et assurer leur plein développement.
    Si les bonnes relations de l’homme et de la femme ont été rompues, c’est parce que chacun d’eux n’occupe pas sa vraie place dans la société, ne vit pas suivant ses facultés.
    La femme est un être avili, placé dans la vie sociale à un rang inférieur à celui que la nature lui a assigné. Son autorité est nulle, sa parole n’est pas écoutée, ses œuvres ne sont pas estimées à leur réelle valeur, tout ce qui vient d’elle est déprécié.
    Or, le féminisme doit avoir pour but, avant tout, de remettre la femme à la place qui lui est due, dans la vie sociale et dans la vie familiale.
    Pour y arriver il faut diriger l’opinion de façon à ce que justice lui soit rendue devant l’esprit public.
    Pour que les droits sacrés de la femme soient reconnus, il faut d’abord les formuler. Et pour cela il faut commencer par étudier les conditions qui déterminent la valeur réelle des êtres et leur assigne une place dans la hiérarchie humaine.
    Ce n’est pas avec des formules vaines, répétées au hasard, avec des mots vides de sens qu’on résoudra cette grave question. Ce n’est pas non plus par vanité de sexe que la femme doit parler d’elle (ainsi que les hommes l’en accusent, supposant qu’elle se met, comme eux sur le terrain de l’intérêt personnel), c’est dans un esprit de suprême justice que la femme, laissant de côté toute modestie imposée et trop facilement acceptée doit étudier les conditions qui différencient les deux sexes, au point de vue anatomique, physiologique, psychologique et moral.
    C’est à elle qu’incombe la tâche de faire connaître la valeur de l’être humain qu’elle représente et l’étendue des facultés dont elle est douée.
    Tant qu’elle n’entrera pas résolument dans cette voie, définissant elle-même les différences qui existent entre les deux sexes, l’ignorance qui règne en ces questions perpétuera les conflits, prolongera les luttes.
    Le grand devoir de la femme est de sortir de sa passivité docile, de faire acte d’indépendance intellectuelle en commençant par étudier sa réelle nature. Elle serait coupable si elle continuait à accepter les enseignements et les conclusions humiliantes des hommes qui l’infériorisent et à s’incliner devant eux comme devant des maîtres.
    C’est à cette condition seulement qu’elle saura diriger sa vie, faire l’éducation morale de ses enfants, jouer un rôle utile dans la société.
    Mais cette science acquise lui impose de grands devoirs, car alors elle comprend que son intervention est nécessaire pour éclairer les autres.
    Quand la femme saura quelle est sa propre valeur, c’est elle qui rétablira « LE RESPECT DE LA FEMME » et en imposera, à l’homme, le devoir.
    Pour se faire respecter, il faut, avant tout, se respecter soi-même.
    Cet auto-respect, c’est la dignité, sentiment qui consiste à se mettre soi-même à sa vraie place afin que les autres reconnaissent notre valeur.
    Et comme la valeur intellectuelle et morale de la femme, généralisée, doit s’étendre à tout le sexe féminin, il faut que les femmes les plus éclairées, les premières initiées à cette science nouvelle, fassent respecter les autres femmes ignorantes des lois psychiques de leur féminité afin que les hommes comprennent enfin les devoirs qu’ils ont à remplir vis-à-vis de l’autre sexe, c’est aux Femmes de leur dicter l’attitude qu’ils ont à prendre envers Elles.
    La femme est l’éducatrice de l’homme, et son premier devoir, pour remplir cette mission, c’est de diriger l’opinion, qui est la reine du monde, de manière à rétablir « le respect » qui disparaît de toutes les nations où la femme ne sait pas se mettre elle-même à sa vraie place.
    C’est l’opinion qui règne dans le milieu ambiant qui fait le respect ou l’irrespect. Elle est mal dirigée presque partout. C’est pour cela qu’on a pu dire : « L’opinion, c’est l’erreur du plus grand nombre. » Pourquoi les femmes qui sont le nombre, et même le plus grand nombre, ne réagissent-elles pas, chacune dans sa sphère, contre tout ce qui avilit la femme : les affiches indécentes, la littérature scandaleuse, les publications pornographiques, le cinéma pernicieux, les propos malveillants tenus sur chacune pour diviser le féminisme?
    Pourquoi permettent-elles que « l’opinion » soit la sanction de tous les mensonges, la force de toutes les erreurs, la ressource de tous les fourbes ?
    Nous ne savons pas ce qu’il y a de plus dangereux pour notre avenir moral : les hommes qui inventent les erreurs ou les femmes qui les propagent ?
    Il faut s’appliquer à changer l’opinion, à la diriger dans le sens de la vérité et de la justice, et tout le reste viendra sans efforts.
    Et il n’y a pas seulement à faire l’opinion dans la vie présente. Pour rétablir « le respect de la femme », il est nécessaire de remonter dans le passé, pour chercher dans l’histoire (ou à côté de l’histoire) comment elle a été avilie, quelles furent les phases de Cette évolution lente qui la firent descendre de la Déesse antique à la prostituée moderne.
    C’est toute l’évolution des passions de l’homme et des faiblesses de la femme.
    En fouillant dans le passé nous trouvons que la femme a été discréditée de générations en générations, par le mensonge :
    On a caché ses œuvres ;
    On les a attribuées aux hommes ;
    On a mis des noms masculins sur des personnalités féminines ;
    Des époques toutes entières ont été effacées de l’histoire pour cacher sa gloire ;
    On a calomnié les grandes femmes en leur faisant une légende avilissante. Et si des hommes consciencieux cherchent eux-mêmes à rectifier l’histoire et à leur rendre l’auréole de gloire qu’elles avaient méritée, des femmes ignorantes continuent à discréditer leur propre sexe en propageant les récits mensongers. Elles se font injustes elles-mêmes pour les femmes calomniées.
    Elles se montrent sévères pour celles qui veulent les réhabiliter, comme si elles craignaient de se faire complices des vices que des imposteurs ont attribués aux grandes femmes jalousées.
    Elles ne savent pas que c’est leur premier devoir de s’instruire afin de ne plus jamais permettre la flétrissure de leur sexe.
    Nous savons aujourd’hui que les grands mensonges historiques ont été inventés pour nous cacher l’ancienne puissance de la femme, sa position suprême dans la religion, son grand rôle dans la société, son droit maternel, base de la primitive famille.
    Dès qu’elle fut vaincue dans les héroïques luttes de sexes de l’antiquité, on s’appliqua à justifier la domination de l’homme en donnant au sexe mâle toutes les supériorités et en affectant de croire à l’incapacité de la femme.
    Ce système a prévalu, il règne encore. Nos savants modernes s’occupent surtout de la femme pour lui chercher des tares afin de la déclarer inférieure et de dérouter ainsi ceux qui cherchent à définir, par la science, sa véritable nature. Et dans cet ordre de choses nous voyons encore des femmes faibles s’unir aux hommes fourbes et propager leurs allégations intéressées, sans aucune vérification, avec la même foi aveugle de celles qui ont propagé les mensonges de l’histoire.
    Or nous devons avoir le respect de la vérité si nous voulons arriver au respect de la femme.
    Tant que le mensonge ne sera pas extirpé de la société, la justice n’y pénétrera pas.
    Ce travail est fait. Et c’est cette grande rectification de l’histoire, en remontant aux sources les plus anciennes et les plus sûres, en comparant les différentes altérations des textes qui est reproduite dans le lien ci-dessous. Il est une complète réhabilitation de la femme, en même temps qu’il fait connaître les luttes de sexes dans toutes leurs manifestations, leurs origines et leur évolution dans toutes les nations.
    L’humanité est arrivée à une phase de son évolution où de grandes choses vont se décider.
    Les hommes, actuellement, sont encore indécis sur le parti à prendre vis-à-vis de la femme.
    Il dépend des femmes de les amener à faire, avec elles, la brillante rénovation dont elles ont rêvé, et de conjurer la crise morale qui s’accentue de jour en jour, en marchant avec franchise et résolution dans le Bien, en ayant toutes les audaces contre le Mal. L’ère des concessions est passée, elles ont fait sombrer l’humanité dans la dégénérescence des peuples. Il faut maintenant, aux femmes, un effort de volonté pour remonter la pente descendue par leurs aïeules ; il faut qu’elles renoncent aux anciens systèmes qu’employaient les femmes faibles, qu’elles renoncent aux petites ruses, aux obliques détours, aux équivoques.
    Il n’est plus temps de tergiverser, il faut aller droit au but, sans hésitations et sans défaillances.
    Et ce but c’est : la vérité absolue et la justice intégrale.

    Réponse
    Il y a eu des femmes célèbres et glorifiées tout au long de l’histoire. Il y eu des sociétés matriarcales. Vous partez de prémices discutables. Quant au changement en cours, nous sommes d’accord.
    R.L.

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