Trump claque la porte

Trump : c’est comme ça
(Photo AFP)

Donald Trump a annoncé hier qu’il fermait les frontières des États-Unis aux ressortissants de l’espace Schengen pendant un mois. Il estime que les Européens sont le problème et que l’épidémie de coronavirus dans son pays résulte uniquement de l’arrivée de voyageurs venus de l’étranger.

VOILÀ qui satisfera Marine Le Pen dont tout le discours sur l’épidémie est fondé sur la fermeture des frontières françaises. La décision de Trump, qu’il a annoncée sans prendre la précaution d’informer les Européens au préalable, est à la fois inique et inutile. Trump laisse passer les citoyens américains revenus d’Europe et les étrangers résidant aux États-Unis et détenteurs d’une carte de séjour. On peut se demander si, l’épidémie se poursuivant, il ne va pas aussi interdire les nationaux américains. D’une part, il est impossible de rendre hermétique un pays aussi vaste que les États-Unis dont les côtes et les frontières ont des milliers de kilomètres. D’autre part, il n’y a pas besoin d’être un éminent infectiologue pour savoir que le Covid-19 passe les frontières par toutes sortes de vecteurs et pas seulement  par l’être humain. Trump se contente, après avoir dit que le coronavirus n’était pas dangereux, d’appliquer l’une des mesures isolationnistes dont il a le secret et qui lui sont chères.

Un prix élevé.

Il va lui en coûter une baisse, de toute façon attendue, du produit intérieur brut (PIB) de son pays. L’économie américaine, déjà largement ébranlée par la chute vertigineuse des marchés et par le ralentissement des échanges, supportera mal la baisse de son chiffres d’affaires touristique. Trump se situe dans une optique où tout ce qui est américain est bon et tout ce qui est étranger est mauvais. Mais, depuis qu’il est président, il n’a guère contribué à maintenir l’excellence du système de santé américain, auquel il a coupé les vivres. Non seulement la lutte contre ce qu’il faut bien appeler une pandémie exige une coordination mondiale des efforts médicaux, hospitaliers et de recherche, mais Trump met en danger la sécurité de ses concitoyens, surtout ceux qui n’ont pas une assurance maladie suffisante pour financer les tests de dépistage ou l’hospitalisation. Comme d’habitude, et avec son ignorance bornée, il expose les Américains à des risques supplémentaires. La fermeture des frontières consiste tout simplement à éloigner la recherche, l’intelligence scientifique et la bonne santé des Américains des contributions essentielles de l’étranger. Les milieux médicaux et leurs publications, parfois les plus brillantes du monde, n’hésiteront pas, j’en suis sûr, à condamner l’une des mesures de Trump les plus dangereuses.

Au moment où le parti démocrate est en train de trouver ses marques, la fermeture des frontières fera de Donald Trump sa première victime. Il est bien peu vraisemblable que le nombre de cas et de décès aux États-Unis diminue. L’opinion saura en tenir rigueur à un président qui, avec un mélange, d’ailleurs contradictoire, de cynisme et de bêtise crasse, joue avec la santé nationale. Le coronavirus n’est pas seulement un virus dévastateur. C’est le révélateur de toutes les raisons qui font que Trump n’a ni le calibre, ni les connaissances, ni l’intuition, ni l’autorité pour diriger son pays et que, dans cette grande parodie ubuesque qu’il joue de sa fonction, il souligne une nouvelle fois les arguments capables de convaincre ses électeurs de ne pas voter pour lui en novembre prochain.

RICHARD LISCIA

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7 réponses à Trump claque la porte

  1. Liberty8 dit :

    En fin de compte il risque d’être la victime collatérale du virus. Vous avez bien raison, il est d’une bêtise crasse et comme il ne prend aucune mesure de prévention, les Américains risquent de payer un lourd tribut aàses délires.

  2. dmoutel dit :

    Tout à fait d’accord avec votre analyse sur Trump. De façon parallèle, on peut également regretter
    l’apathie et le manque de cohésion et réalisme de l’Europe dans cette situation. A quand une vraie politique de santé européenne ?

  3. Laurent Liscia dit :

    D’accord avec Liberty 8. J’apprends aujourd’hui qu’un dignitaire brésilien que Trump a rencontré, a contracté le COVID 19. Trump risque donc d’être victime directe de sa propre bêtise. Cela dit, cette porte fermée aux vols européens n’est que le prélude à une quarantaine générale aux US. Je prédis par exemple que tous les navires de croisière, sans excepter ceux qui sont sur le retour depuis des destinations hors Amérique, seront mis en quarantaine. La Californie vient d’interdire tous les rassemblements de plus de 50 personnes et du coup, les ligues sportives et les sociétés de spectacles ont décidé de suspendre leur saisons indéfiniment. Tout ça n’empêchera nullement les échanges numériques et l’information médicale continuera de circuler. En revanche, l’économie mondiale sera en berne pour les trois prochains mois, peut-être moins, peut-être plus – mais je crois que la quarantaine générale aura le même effet qu’en Chine: une réduction rapide du nombre des cas. Ce que personne ne sait, c’est quel effet tout ça aura sur les élections américaines. A commencer par les campagnes, qui ne pourront plus être « physiques ». Trump a refusé d’annuler ses propres rassemblements politiques – mais peut-être y sera-t-il contraint.

  4. Michel de Guibert dit :

    A quelles sortes de vecteurs du Covid-19 autres qu’inter-humains pensez-vous ?

    Réponse
    L’épidémie a commencé par l’ingestion d’un animal infecté.
    R.L.

    • Michel de Guibert dit :

      Rien n’est moins sûr !
      S’il y a des réservoirs animaux de coronavirus, et que l’épidémie a commencé à Wuhan auprès d’un marché de fruits de mer vendant aussi des animaux sauvages, il n’est nullement établi que c’est par ingestion d’un animal infecté que l’épidémie a commencé.
      Réponse
      On a même donné le nom de l’animal ! Je ne vois pas ce que vous attendez de moi.J’ai mentionné une hypothèse, pas une certitude. C’est bien de Wuhan qu’est partie l’épidémie, n’est-ce pas ? Elle fait des morts et malades, n’est-ce pas ? Si vous avez envie de croire qu’elle n’existe pas, c’est votre affaire.
      R.L.

      • Michel de Guibert dit :

        Ma remarque n’a rien à voir avec un déni de l’épidémie ni avec une contestation du lieu de départ !
        Je contestais uniquement votre affirmation : « il n’y a pas besoin d’être un éminent infectiologue pour savoir que le Covid-19 passe les frontières par toutes sortes de vecteurs et pas seulement par l’être humain ».
        Sur l’animal en cause, chauve-souris, pangolin, ou serpent, il demeure une incertitude.
        Sur le mode de contamination à partir de cet animal, plus encore d’incertitude !
        Et sur la transmission aujourd’hui, elle est inter-humaine et ne passe par d’autres vecteurs et encore moins par les marchandises comme l’a cru un moment Trump !
        Et le moyen de la combattre, c’est de respecter les gestes-barrière que nos autorités nous recommandent.

        Réponse
        Est-ce que j’ai écrit autre chose ? Je ne suis pas bête au point de ne pas savoir que la contamination est inter-humaine. Je ne suis pas bête au point de ne pas savoir qu’on soupçonne le pangolin au départ. Je ne suis pas bête au point de ne pas savoir que tout dépend de la discipline humaine. Je n’ai jamais écrit que le coronavirus se loge dans les marchandises. Donc, je juge totalement inutile et même un peu stupide de continuer cette discussion. Mes articles dans cet espace et dans le Quotidien du médecin ne sont pas inspirés par la médecine, il y a assez d’excellents médecins dans notre groupe pour en parler, mais par les conséquences économiques et sociales. Et maintenant, je vous suggère une pause car je ne veux pas consacrer mon temps à discuter exclusivement avec vous. Mettons cette très artificielle « contestation » en quarantaine.
        R.L.

  5. Sphynge dit :

    Le président Trump a annoncé cette décision, mais elle n’a pu être prise que sur les conseils des experts scientifiques les plus compétents qui soient ! M. Trump a évidemment des défauts mais pas celui d’être inintelligent. Ce serait même plutôt l’inverse. Sa présence à la tête des Usa en témoigne.
    Réponse
    Les experts scientifiques américains se sont uniquement plaints d’une population mal couverte par l’assurance maladie et qui doit payer jusqu’à 4000 dollars un simple test.
    R. L.

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