Biden contre Trump

Joe Biden
(Photo AFP)

C’est officiel : Bernie Sanders ayant abandonné les primaires, l’ancien vice-président de Barack Obama, Joe Biden devient, à 77 ans, le rival de Donald Trump à la primaire de novembre prochain. La consécration de M. Biden se produit dans un contexte électoral bouleversé par la pandémie : des primaires ont été annulées et on ne sait pas très bien comment les conventions des deux partis, prévues pour le mois d’août, pourront être organisées.

À VAINCRE sans péril… ? La formule est quelque peu lapidaire dans la mesure où M. Biden est un monstre sacré de la politique qui ne se laisse guère impressionner par les provocations de Donald Trump. Il est vrai toutefois qu’il a commencé et poursuivi les primaires avec une nonchalance surprenante et que, avant que M. Sanders ait jeté l’éponge, il avait complètement disparu de la scène politique, peut-être à cause de l’épidémie. Sans doute a-t-il pensé, non sans raison, que la multiplication des discours n’était pas utile dans un pays tétanisé par le virus et que les primaires ayant précédé la mise sous cloche du pays avaient suffi, sous l’impact de ses victoires successives, à démontrer sa supériorité sur les autres candidats démocrates. Il faut dire qu’étant plus fort de ce qu’il n’est pas que de ce qu’il est, l’ancien vice-président de Barack Obama bénéficie du charisme du président précédent sans en avoir l’élégance. Contrairement à M. Sanders qui, deux fois, en 2016 et 2020, a sué sang et eau pour se faire une place au soleil, Joe Biden, 77 ans, laisse calmement venir à lui l’investiture du parti démocrate. Il part du bon pied. Sanders, intègre comme toujours, lui a promis son soutien qui sera donc aussi celui des minorités et des classes pauvres attendant désespérément de l’Amérique qu’elle les inclue dans le rêve américain. De ce point de vue, Sanders gauchira inévitablement le programme de Biden, mais il ne sera pas vice-président, Kamala Harris, 55 ans, la belle sénatrice de la Californie présentant plusieurs atouts auxquels Biden est sensible. Un choix qui, s’il se confirmait, renforcerait le « progressisme » du programme de Biden et, en somme, pourrait fort bien convenir à M. Sanders.

Cruel système social.

M. Biden a eu raison de jouer le jeu du centriste calme, éloigné de la clameur des primaires, comptant plus sur son curriculum vitæ que sur un art oratoire qui n’est pas son fort. Face à Trump, cependant, il va falloir qu’il s’exprime et qu’il dénonce la gestion du pays par  les républicains, tous autour unis autour d’un chef qu’ils vouaient aux gémonies il y a quatre ans. Jusqu’à présent, il s’est contenté de dire qu’un second mandat trumpiste serait insupportable pour le peuple américain. M. Biden est grandement aidé par l’épidémie que le président en exercice a gérée par le déni et le mensonge, avec des résultats catastrophiques en termes de décès et de cas graves, notamment dans l’État de New York. Mais cela fait des mois que les administrations décentralisées des États n’écoutent même plus la voix de Washington, préférant adopter des mesures locales dans nombre de domaines qui vont de l’environnement à la pandémie. L’approche infantile de Trump des crises inattendues a non seulement isolé les États-Unis, mais elle a soumis la fédération à des forces centrifuges qui font que désormais on ne vit pas de la même façon au nord et au sud, à l’ouest et à l’est. Enfin, Donald Trump s’est toujours targué d’avoir accru la prospérité américaine, un atout qu’il a perdu presque instantanément avec la mise au chômage de dix millions de travailleurs abandonnés à leur sort par le système social le plus cruel des pays industrialisés.

Autant en emporte le vent.

Certes le président en exercice ne pouvait pas prévoir un tel cataclysme et on peut se demander pourquoi il est resté populaire malgré les innombrables casseroles qu’il traîne. Bien qu’il ait encore le temps de rebondir ou d’être soutenu par les forces occultes qui ont lessivé Hillary Clinton en 2016, le virus pourrait bien lui donner le coup de grâce, d’abord parce qu’il a décrit parfaitement l’injustice du système de santé américain qui ne fonctionne que si on peut se l’offrir, ensuite parce qu’il est privé de son succès économique, soudain transformé en déroute. Le recul de l’économie américaine ne saurait être inscrit à son passif, même si gouverner, c’est prévoir. Mais l’électeur américain est versatile et, si Trump dispose d’un noyau de fervents partisans qui ne renonceront jamais à lui, le centre et la classe moyenne lui feront payer l’addition. Bref, dans ce domaine, il faut être plus Biden que Biden. Et donc laisser le vent emporter le président le moins compétent de l’histoire des États-Unis.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Biden contre Trump

  1. Michel de Guibert dit :

    Kamala Harris, 55 ans, la belle sénatrice de la Californie présentant plusieurs atouts auxquels Biden est sensible… ou plusieurs atours ? 🙂

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