Des vies sauvées

Olivier Véran
(Photo AFP)

Selon une enquête  de l’École des hautes études en santé publique (EHSP), publiée hier par « le Monde », le confinement aurait permis de sauver 60 000 Français depuis qu’il été mis en vigueur au début du mois de mars. Si ce résultait était confirmé, il mettrait l’accent sur la prévention élevée qu’assure le confinement. Il montrerait aussi, alors que le pays entre dans une période de déconfinement progressif à partir du 11 mai, que l’abandon des restrictions sur la circulation des personnes risque d’avoir des conséquences négatives.

À MESURE qu’approche la date du 11 mai, l’incertitude et l’inquiétude du public ne cessent de croître, notamment pour ce qui concerne le retour des enfants à l’école, ainsi que les transports en commun dont il sera très difficile de réguler le flux des voyageurs et les recommandations relatives au port du masque et à la distanciation. C’est d’autant plus vrai que, pour nourrir un espoir, beaucoup de nos concitoyens comptent sur des paramètres positifs, comme l’arrivée de l’été qui ferait fuir le virus. Cette notion n’est nullement prouvée. Le COVID-19 est partout, y compris dans les pays chauds ou tropicaux, et aucun territoire n’est épargné, même si la circulation du virus est moins intense dans l’hémisphère austral. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, l’a répété ce matin : dans ses calculs, le gouvernement n’a pas inclus la chaleur de l’été et entend se concentrer uniquement sur les nouveaux cas de contamination, les transferts à l’hôpital pour les cas graves et le nombre de lits de réanimation encore occupés, qui diminue sensiblement depuis plusieurs jours.

À dose homéopathique.

Ce qui est signifie que le déconfinement sera un principe administré à un dose homéopathique. Ce ne sera pas le lendemain d’un jour férié, mais un système lent et prudent de libération des individus qui pourrait bien être interrompu si le virus fait de nouveau des dégâts, méthode qui a pris le nom de « stop and go ». Les pouvoirs publics tentent de concilier deux impératifs : celui de protéger les Français et celui de remettre en marche la machine économique car, comme l’ont expliqué plusieurs de nos dirigeants, l’énorme dette que nous accumulons en ce moment devra être un jour remboursée d’une manière ou d’une autre. Il n’est pas illusoire ou enfantin de croire que l’apparition de tests multiples et d’un vaccin permettra à la croissance de rebondir au delà des plus modestes espérances. Elle aura alors un double effet, d’abord en réduisant la crise sociale qui, dans nombre de cités pauvres, devient insupportable, ensuite en permettant de dégager des excédents budgétaires qui pourront être consacrés au remboursement partiel de la dette. Mais rien de tout cela ne se produira avant le début de 2021 (si tout va bien, c’est-à-dire si le virus recule ou disparaît) et d’ici là la route est longue.

Des économies pour demain.

La pandémie devrait en outre créer un autre paramètre positif. Elle a a accru l’épargne dans un pays où les gens ne dépensent que pour l’essentiel de leurs besoins. L’État, lui,  va beaucoup emprunter et beaucoup dépenser, mais les familles économisent déjà de l’argent, comme en témoignent les dépôts dans les livrets de famille, ceux des retraités notamment, qui certes sont loin de vivre dans le luxe mais mettent de l’argent de côté. Ce qui signifie qu’arrivera un moment où les Français dépenseront plus, augmentant ainsi la consommation intérieure, instrument de relance bien plus fiable que les exportations dans un pays comme le nôtre dont le commerce intérieur est structurellement déficitaire depuis la fin des Trente Glorieuses. Au total, une chose reste sûre : le déconfinement est une partie de poker dont l’enjeu n’est pas l’argent, mais la vie. Nous avons eu l’occasion d’expliquer pourquoi cette phase de lutte contre la pandémie devient nécessaire. Nous ne pouvions accepter le choix entre la vie et l’effondrement de l’économie. Nous essayons donc d’avoir la vie et une prospérité toute relative. Ce faisant, nous marchons sur une ligne de crête affreusement étroite bordée par deux abîmes.

RICHARD LISCIA

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5 réponses à Des vies sauvées

  1. RADIGUET DE BASTAIE dit :

    Dire que le confinement sauve des vies, c’est assez incompréhensible. On diminue une épidémie, en tout cas on la retarde. Dire plus que cela. Dans le même temps les conséquences économiques vont très rapidement être pires. Malheureusement. Je crains qu’on en conclut que le confinement aurait été utile si le virus avait été beaucoup plus agressif ou qu’un traitement sortirait rapidement. Sinon il nous faudra probablement assumer que nous ne pouvons gérer médicalement une telle pandémie sans mettre le monde à genou. Ou dans la tombe.

    Réponse
    Monsieur, vous avez le droit d’être sinistre, pas celui de ne pas écrire vos mots entièrement. Ce n’est pas une devinette mais un texte qui doit respecter le lecteur.
    R. L.

  2. Christian P. dit :

    Si vous vous rendiez compte des conséquences désastreuses du retard de décision de confinement à Mulhouse, vous comprendriez pourquoi ce confinement aurait pu y sauver des vies : retarder l’épidémie aurait probablement évité l’engorgement rapide et massif des services de réanimation.
    La difficulté va maintenant être le déconfinement…
    Réponse
    Je suppose que vous vous adressez au précédent lecteur.
    R. L.

  3. Laurent Liscia dit :

    Laurent Liscia dit :
    Le confinement sauvera d’autres humains.

  4. admin dit :

    Claude Liscia
    Le problème est que beaucoup de gens ont peur de sortir et pas seulement par peur du virus mais peut être d’un vague sentiment d’agoraphobie !
    ils se sont installés dans un certain confort où tous les jours sont pareils sans aucun programme défini.
    Je parle surtout des retraités de tous âges et des enfants.
    Les jeunes ont besoin de sortir pour essayer de s’en sortir mais une période difficile nous attend et tout cela a un dénominateur commun : l’incertitude.

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